MALEVIL
Du post-apo signé Robert Merle (Merlou pour les intimes^^), j'avoue que cela m'intriguait depuis un moment, surtout que je n'en avais vu que des avis enthousiastes. Certes, je ne l'ai pour l'instant lu que dans des genres différents, avec La Mort est mon métier dont je garde un souvenir fasciné et sa truculente saga historique, Fortune de France. Il pouvait bien ajouter le post-apo à sa palette d'écrivain, aucun genre ne semblant lui résister. Le talent est toujours au rendez-vous, et à Malevil, plus que jamais !
Non franchement, il m'épate, il excelle dans toutes les catégories et c'était ici, une fois de plus, un vrai régal de le lire !
Malevil, c'est le château dans lequel le narrateur, Emmanuel Comte, et ses six compagnons se retrouvent seuls survivants à la suite d'une explosion qu'on suppose nucléaire et qui semble avoir ravagé la Terre entière. C'est aussi la base de départ de leurs efforts de reconstruction de la civilisation. Mais sont-ils vraiment les derniers survivants ? La réponse pourrait être autant porteuse d'espoir que d'ennuis...
Ce qui m'a frappée dès le départ et embarquée direct dans les pages sans que je ne m'en rende compte, c'est l'écriture, le style Merlou. C'est concis, c'est précis, et ça fait mouche à chaque fois. Ça me scie qu'on puisse exprimer les choses si clairement, avec une économie de mots. D'habitude, je ne suis pas fan du tout des descriptions physiques ou de paysages, mais avec Merlou, tout a sa place dans l'histoire, tout est toujours à-propos.
Ah ça, il aurait pu écrire l'annuaire, il m'aurait passionnée et captivée, j'en suis certaine !
J'ai adoré aussi comment il a fait évoluer son intrigue, sans précipitation mais sans lenteur, le rythme parfait en somme.
Toute la situation est décrite avec réalisme, on s'y croirait : l'explosion, la réaction des survivants, l'organisation mise en place petit à petit avec les moyens du bord pour assurer leur survie, la relation entre les personnages qui évolue aussi dans ce contexte. L'ambiance est à la fois tendue, inquiétante, touchante et quelque peu burlesque, voire franchement comique, ceci pour une bonne part grâce aux personnages, hauts en couleur. Un régal leurs dialogues et interactions ! Sur plusieurs passages, j'en avais les larmes aux yeux (hyène hilare, le retour).
Dans ce monde plutôt rustre plein de bon sens paysan, j'ai adoré aussi comment Merlou passait avec une facilité déconcertante d'un niveau de langage à l'autre. C'est juste brillant ! J'avais déjà été admirative de cet exploit dans Fortune de France, cette manière habile de jouer des contrastes entre les personnages, caractérisés très justement, sans facilités ni raccourcis.
Ce que j'ai trouvé admirable également dans ce roman, c'est que Merlou a exploité avec pertinence tous les ressorts de l'effondrement de la civilisation et a vraiment envisagé toutes sortes de situations et de possibilités dans un contexte post-apo, rendant ce roman riche en rebondissements terribles et palpitants que je n'attendais vraiment pas au tournant (avec, en bonus, un affreux personnage que Merlou a rendu si réaliste qu'il a réussi à me le faire haïr sauvagement !).
Dommage, dommage en revanche pour son traitement des personnages féminins. C'est quelque chose qui m'avait déjà chiffonnée dans Fortune de France, et que j'avais toutefois attribué à l'époque, au genre historique et au contexte paysan. À part la Menou, je n'aimais pas trop l'image que Robert Merle renvoyait des femmes en général. Comme l'a si justement résumé Stéphanie, une de mes co-lectrices, chez Merlou, on est la mère ou la putain en gros (cela lui a fait perdre plein de points chez Stéphanie qui ne lui a donc pas dédié de billet 😆).
C'est un roman qui suscite énormément de réflexions passionnantes, sur la nature humaine entre autres, et qui aborde de nombreux thèmes tels la politique, la religion, le monde rural, la place des femmes dans la société, à l'échelle d'une petite communauté certes, mais qui reflètent bien les travers de nos sociétés.
Je pourrais citer 1000 extraits, je n'ai pas arrêté de surligner des passages, mais je me suis arrêtée sur celui-ci :
"Peu nous importent un gros pif et un lourd menton si, derrière, il y a le feu de la vie. Nous aimons les gros gars carrés rieurs, blagueurs, un peu farauds." 😁
👽 Défi imaginaire 10/42 => catégorie 24 (un livre d'un auteur francophone)
Je l'ai lu après avoir vu le film (impressionnant à l'époque, je ne sais pas ce que j'en penserais aujourd'hui). C'est assez loin, mais je me souviens que c'était bien flippant, le genre était peu répandu. On ne parlait pas de dystopie. Quant aux personnages féminins, soupirs ... l'auteur est un reflet de son époque.
RépondreSupprimerJ'ignorais qu'il y avait eu un film ! Avec des acteurs de renom en plus. Je viens de voir quelques (rares) extraits, l'ambiance m'a l'air plus sombre et cauchemardesque que dans le livre.
SupprimerC'est vrai que le post-apo a été mis au goût du jour assez récemment finalement avec la vague de romans anglosaxons qui a déferlé sur la planète^^, même si le genre existait déjà avant. Le post-apo made in France reste par contre plus rare. Pas aussi foisonnant disons.
Je retrouve dans ta chronique tout ce que j'ai adoré chez Merlou :l'écriture et la construction brillantes, les personnages incroyablement justes et un humour salutaire. Merci pour ton billet si juste et fidele à l'esprit de notre LC parce que moi j'ai pas fini de m'insurger 🤣
RépondreSupprimerAhaha, oui, j'ai bien senti que tu ne saurais digérer cet affront.^^ C'était une chouette LC en tout cas. On aura bien ri !
SupprimerFigure toi qu'en tant que fan de l'auteur (j'ai sans doute tout lu ou presque) j'ai lu deux fois celui ci. Je replongerais presque... Mouais, les femmes...
RépondreSupprimerAh oui ? J'ignorais que tu étais fan de Merlou à ce point.^^ Je le relirais encore bien volontiers. J'adore vraiment son écriture. J'ai repéré un ou deux autres romans qui me tentaient bien, sans parler de la suite de Fortune de France...
SupprimerJ'étais presque convaincue, et puis voilà que tu parles du traitement des personnages féminins. C'est quelque chose que je ne supporte plus, et je vais donc passer mon tour.
RépondreSupprimerSi tu es particulièrement sensible sur ce point-là, effectivement, préserve-toi.^^ Mes co-lectrices et moi étions assez énervées pendant notre LC quand on tombait sur ces passages. C'était vraiment l'aspect décevant de l'histoire qui a un peu gâché notre plaisir de lecture.
SupprimerMisère, j'ai lu ça il y a .... ( et misère, je ne savais pas pour " Merlou " :)). Sans ton billet, je crois que je ne m'en serais pas souvenu. Hum ( il faut dire que " La mort est mon métier " m'avait bien secouée à l'époque ).
RépondreSupprimerMoi c'est La mort est mon métier que j'ai lu il y a un moment et qui mériterait certainement relecture.^^
SupprimerOups...dommage pour les femmes...lala je ne prefere pas m'y lancer....ouep....cela m'enerverait comme Stephanie...;)
RépondreSupprimerJ'avoue que c'était assez énervant et décevant de la part de Merlou cet aspect-là de l'histoire... Bon, j'ai adoré ce roman malgré tout.;)
SupprimerVoilà déjà plusieurs mois que je cherche à relire ce titre. Je me suis rendu compte que je ne l'avais pas dans ma bibliothèque personnelle. Je me suis tournée vers la bib' de la grande ville à côté de mon trou breton et tu sais quoi ? Il n'y a qu'un seul titre de Merlou ! "Week-end à Zuydcoote"... Même pas "La mort est mon métier"... mais dans quel pays suis-je tombée ? J'ai fait plusieurs Emmaus et quelques braderies de livres, en vain...
RépondreSupprimerAhaha, rassure-toi, dans la bib' proche de mon boulot à Paris, je suis souvent tombée des nues car ils n'avaient pas certains auteurs cultes dans leurs rayons. C'était le cas d'ailleurs pour Merlou, et j'ai dû finir par me résoudre à acheter Malevil plein pot tellement je voulais le lire.^^
Supprimerlol, la citation ne donne pas envie !!! mais j'ai lu ce roman ado et je trouvais effectivement qu'il y avait beaucoup de réflexions bien menées...
RépondreSupprimerAh ça, les descriptions dans Malevil ne font pas toujours fantasmer mais elles sont tellement bien exprimées et évocatrices.^^
SupprimerJe connais l'auteur, bien sûr, mais je ne pense pas l'avoir déjà lu. Impossible de les découvrir tous !
RépondreSupprimerPourtant la série Fortune de France me semble toute faite pour toi ! ;)
SupprimerUne lecture qui m'a marquée, et un livre que comme Sandrine, j'aimerais relire (mais il faudra d'abord que je le trouve aussi, j'aurais sans doute moins de mal, habitant près de Bordeaux !). J'ai beaucoup lu Merle, pendant mes années lycée, j'étais épatée par sa capacité à varier les genres et les thématiques (entre Un animal doué de raison, La mort est mon métier, Malevil et ses romans historiques, on couvre une très large palette !!). Et je récupère ton lien pour les lectures autour du handicap.
RépondreSupprimerOh je n'avais pas repéré Un animal doué de raison dans ses oeuvres ! Me voilà bien tentée aussi par ce titre.^^ Là encore, c'est très intrigant qu'il se soit aventuré dans ce genre de thématique où je ne l'aurais pas attendu. Franchement, il m'épate !
SupprimerBien vu pour Momo ! Tu as vraiment bonne mémoire.:)
Je me souviens surtout de Jacques Villeret dans le rôle, à vrai dire... et Brize l'a lu récemment, en y parlant de Momo (c'était donc facile de me souvenir..)
SupprimerJe comprends mieux.:)
SupprimerBen oui, tu donnes envie ! Depuis la lecture de La mort est mon métier, je me promets de continuer à lire ce fameux Merlou :)
RépondreSupprimerIl y a le choix dans ses nombreuses oeuvres. Il m'en reste à découvrir mais je peux confirmer que Malevil est une excellente pioche.;)
SupprimerFranchement, en arrivant sur ce billet, ça m'a fait bizarre de voir un livre folio avec un auteur français et une couverture bien à la française ! Bon dommage, c'est un pavé ! Mais un post apo pas plombant pourrait bien me plaire !
RépondreSupprimerAhaha, oui, je lis du 100% français de temps à autre, et quand c'est aussi bon, on en redemande ! Franchement, ça se dévore tout seul même si ça semble copieux. Je ne peux que t'inciter à le lire.
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