lundi 23 octobre 2023

PYONGYANG 1071


Jacky Schwartzmann, pour moi, c'est un auteur des grands délires pas toujours dentelés, du bagout qui claque, de l'humour irrévérencieux. Ça ne prend pas toujours, mais l'expérience est grisante et requinquante et j'aime bien retrouver sa verve de temps à autre. 
Je ne l'imaginais toutefois pas dans un autre registre que le déjanté. Quelle ne fut donc ma surprise quand, repérant ce titre chez Violette, j'ai vu le nom de l'auteur associé à Pyongyang qui n'évoque pourtant rien de franchement loufoque ! Plus déroutant encore, Jacky Schwartzmann s'était (re)mis à la course pour pouvoir justement séjourner en Corée du Nord dans le cadre du marathon de Pongyang ouvert aux coureurs amateurs étrangers depuis 2014. 
Pourquoi ce désir insensé l'a-t-il animé ? Pourquoi cette envie irraisonnée chez ces autres individus venus du monde entier ?
C'est justement tout le processus de pensée l'ayant conduit à Pyongyang qui fait l'objet de ce récit dans lequel il raconte son immersion dans un pays fermé qui lui a ouvert ses portes... l'espace d'une course.

Pendant une bonne partie du livre, l'auteur y fait le récit de sa décision de se rendre à Pyongyang et des préparatifs. On n'embarque en Corée du Nord via la Chine que vers la moitié du livre, ce qui rend la sensation de court séjour encore plus bref. 

Quand j'avais repéré ce livre il y a trois ans, je n'avais pas vraiment connaissance de ce marathon et je n'imaginais pas qu'on pouvait "facilement" voyager en Corée du Nord dans le cadre d'un circuit organisé très encadré, aussi ce projet me semblait fou et j'étais avide de révélations de l'intérieur de ce pays en tant que touriste. 
Depuis (depuis cet été plus précisément, après avoir lu Rescapé du camp 14), j'ai vu pas mal de reportages relatant justement ces voyages organisés et ce marathon en Corée du Nord, aussi connaissais-je le programme quasi dans le détail et je n'ai pas eu de grandes surprises ou de révélations à la lecture de ce livre. Tout, une fois sur place, était exactement comme je l'avais vu au moins une dizaine de fois : les guides qui vous serrent de près, les interdictions diverses, l'impossibilité de côtoyer les Nords-Coréens et de s'immerger vraiment dans leur quotidien, les visites systématiques, orchestrées et bien ciblées, l'atmosphère oppressante, etc. 
Cet effet de non-surprise a un peu impacté ma réception de ce récit. Je pense que je l'aurais lu il y a trois ans ou avant visionnage des reportages, ce récit aurait eu plus d'effet sur moi. 

J'ai bien aimé tout de même la façon de l'auteur de raconter les choses avec son franc-parler-et-penser irrésistible, son humour et son cynisme, son grand sens de l'autodérision aussi...
... mais...
... ce qui m'a un peu agacée en revanche, c'est que j'avais l'impression qu'il y allait pour critiquer le pays, avec des jugements faciles type "qu'est-ce qu'ils attendent pour se révolter ?", limite, "purée, pays de m***, il ne fait vraiment pas bon y vivre". Il a fait son touriste français, quoi, à râler pour tout et critiquer tout. Alors certes, il critiquait les Kim et le régime en place, on est d'accord avec lui, rien d'enviable, rien de louable, et on pourrait se dire qu'il parle en connaissance de cause maintenant qu'il a été témoin sur place, mais quand même, par extension, il y avait aussi la critique des Nord-Coréens, des guides, d'un peu tout le reste, et je trouve ça peu correct et élégant, un peu facile en plus.

La fin m'a bien fait rire tout de même. Je trouve qu'il a réussi à conclure son récit dans son style trash marrant qui a bien fonctionné pour moi ici.

Également commenté par Je lis, je blogue.

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18 commentaires:

  1. Merci pour le lien ! Je ne connaissais pas l'auteur quand j'ai lu ce récit. C'est la perspective de voyager virtuellement en Corée du Nord qui m'a incitée à lire ce livre. Apparemment son registre habituel est très différent.

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    1. Il fait plutôt dans le polar divertissant un poil survolté à l'humour irrévérencieux et pas forcément raffiné. On adhère ou pas, en tout cas, on est loin de l'univers de Pyongyang, clairement.^^ Quoique côté franc-parler, humour et autodérision, tu as eu un bon aperçu tout de même.:)

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  2. Tu donnes moins envie que Jelisjeblogue (je te voyais déjà découvrir le pays après achat de chaussures et d'une tenue flashy ^_^)

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    1. Ahaha ! Les marathons, même pas en rêve, mais s'ils font un festival swing à Pyongyang, j'y vais !^^

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  3. Ah mince, j'allais noter parce que c'est difficile de trouver des titres évoquant la Corée du Nord de l'intérieur. J'ai lu le recueil de nouvelles "Le rire de 17 personnes" mais les textes en sont tellement formatés que l'on reste un peu sur sa faim (quoique cette dimension même des textes est très révélatrice).. je vais donc plutôt lorgner du côté de ce "Rescapé du camp 14"..

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    1. J'avais aussi repéré Le rire de 17 personnes il y a un moment, mais comme les nouvelles me laissent déjà sur ma faim la plupart du temps, je n'ose imaginer ma frustration ici.:) Sinon, je ne déconseille pas Pyongyang 1071, mais j'ai trouvé qu'on n'en apprenait pas plus qu'en visionnant les reportages sur la Corée du Nord qu'on peut trouver sur Youtube par exemple. Quant à Rescapé du camp 14, c'est plutôt la vie dans les camps de redressement qui y est exposée.

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  4. Tu m'as fait sourire avec le "touriste français" ;-) Il m'est déjà arrivé de ne plus parler qu'anglais ou néerlandais dans leur proximité...
    Pour mieux connaître ce pays depuis l'intérieur, il y a le roman de DB John, L'étoile du nord (je l'ai lu en vo), même s'il ressemble parfois à un gros film d'action américain.

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    1. Ahaha, le touriste français qui s'affiche m'insupporte ! Enfin, parisien, plus spécifiquement.^^ Sinon tu fais bien de me rappeler l'existence de L'étoile du nord. Je voulais le lire à sa parution, et puis le temps est passé, j'ai fini par l'oublier !

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  5. Oui bon pas sure de me lancer dans cette lecture pour le coup....

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    1. J'en attendais un peu plus, mais c'est un récit court, tu ne prends pas trop de risques si le sujet t'intéresse quand même.

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  6. Si c'est un auteur déjanté, je ne le lis pas. Et si, pour ce livre, il a changé de registre, alors, pourquoi pas?

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    1. Disons que là ce n'est pas un roman, mais l'humour survolté de l'auteur reste au rendez-vous.;)

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  7. Un peu moins d'humour dans ce livre-ci, peut-être parce qu'il est plus personnel.

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    1. C'est surtout Pyongyang qui ne prête pas vraiment à rire, mais l'auteur est resté fidèle à lui-même et parvient quand même à glisser beaucoup d'(auto)dérision dans ce récit.

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  8. Je ne connais rien sur ce marathon et n'en n'ai vu aucun reportage, donc ce récit pourrait me surprendre. Mais ce que tu en dis dans ton avant dernier paragraphe (critique systématique...) me donne un peu moins envie finalement !

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    1. C'est ma perception, je peux me tromper dans ses intentions. Si tu ne connais rien sur ce marathon, ça peut quand même valoir le détour.

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  9. Oh moi j'avais adoré ! Mais je ne suis pas difficile en ce qui concerne cet auteur, il me fait rire.

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    1. Je viens de me rendre compte, en lisant ton billet et le commentaire que j'y avais laissé, que c'est chez toi que j'avais repéré ce titre au départ ! Je corrige mon billet de suite !^^

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