DE L'ESPACE ET DU TEMPS

( UNDERSTANDING SPACE AND TIME )

traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Laurent Queyssi

2038, sur la planète Mars.

Suite à un virus militarisé qui a décimé une bonne partie de l'humanité, Renfrew pressent être le dernier homme sur Mars, et très vraisemblablement dans l'univers. Il survit dans sa base martienne délabrée, à peine fonctionnelle, sans loisirs, occupant son temps à un peu de maintenance inutile, se demandant à quoi bon, quand une sorte d'hologramme d'un chanteur au piano avec qui il a créé des liens (ou est-ce une illusion ?) l'encourage à lire (il y a un bon millier de livres dans cette base 🤩) pour se distraire ou apprendre, pour s'occuper, quoi. Bonne idée ! Renfrew se donne alors pour mission d'accumuler des connaissances à travers des ouvrages assez pointus. Alors moi, à sa place, je serais partie sur les romans divertissants. Mais OK. Apprendre, pourquoi pas après tout ? Cela dit, je serais partie sur des ouvrages philosophiques, pas sur l'histoire de la cosmologie et de la mécanique quantique et de la relativité générale, dans le but de comprendre l'univers et ses mécanismes fondamentaux... Qui ferait ça ? 😂

L'intrigue offrait des perspectives intéressantes. Ça se rapprochait assez de ces robinsonnades que j'aime beaucoup. Comment le dernier survivant de notre espèce ou un homme isolé du reste de l'humanité suite à un quelconque cataclysme s'organise pour ne pas sombrer dans l'animalité ou la dépression ? Quelles sont ses réflexions ? Ses actions ? Ses espoirs ? Côté organisation, l'intrigue ne se focalise pas trop là-dessus car l'endroit n'est pas très propice à s'organiser. 😅Juste, régulièrement, il recherche des signaux de communication venant de la Terre, au cas où il y aurait encore quelques survivants tout de même. Ce sur quoi se focalise l'intrigue, c'est surtout l'idée de "dernière créature intelligente de l'univers" qui, l'on va réaliser au fur et à mesure de l'intrigue, est prête à tout, jusqu'à payer le prix de la perte de son humanité (oui, oui - mais je n'en dirai pas plus^^) pour comprendre l'univers et sa vérité, accéder à la connaissance suprême, se mettre au service de la réflexion pure (tout un programme^^).

J'aurais dû me méfier en voyant le titre anglais. Je ne pensais pas m'embarquer pour un voyage autour de la compréhension de l'univers, de l'espace et du temps, et de la place de l'être humain au milieu de tout ça. Enfin, je pensais qu'on aborderait juste ce dernier point et que l'intrigue prendrait une tournure philosophique plus qu'une tournure scientifique pure et dure (on y parle trous noirs, bébés univers...). Heureusement, il y a des ponts entre les deux tout de même, et mieux encore, des revirements inattendus alors que l'imagination de l'auteur, Alastair Reynolds, s'emballe et nous surprend pour notre plus grand plaisir (le mien en tout cas).

Du sérieux donc, mais pas trop costaud (quoique, parfois...), avec des gros délires surprenants (Elton John dans l'espace avec une chanson très appropriée, "Rocket Man", attention spoiler l'intervention des Bienveillants..., pour ne citer que ceux-là). Parfois j'étais là, "hein ? mais n'importe quoi, c'est n'importe quoi !", tout en m'esclaffant tellement ça frisait l'absurde par moment, mais ça se tenait quand même au fur et à mesure et j'ai fini par vraiment apprécier cette sorte de vaste blague sérieuse. C'est une intrigue pleine de malice en fin de compte, sacrément tordue même par moment, mais on finit par y adhérer sans se poser de questions, d'autant plus qu'elle reste étonnamment cohérente jusqu'à la toute fin, et sans prise de tête comme je l'ai un peu craint au début.

J'ai adoré les réflexions suscitées autour du vivant, de l'humanité, de l'univers, de l'espace, et les parallèles qu'on pouvait faire avec notre réalité. Le tout est très accessible, avec des dialogues modernes, très oralisés, au milieu de théories et réflexions sur la vérité et la vie.

Sur Mars même, pas grand-chose de neuf au début par rapport à l'imaginaire véhiculé par d'autres oeuvres de fiction (je pense notamment à Seul sur Mars), en revanche, son évolution par la suite devient intéressante, mais je n'en dirai pas plus là encore.

C'est un roman vraiment très court, une novella en fait, autour de 80 pages si on décompte la postface de l'auteur et le catalogue de l'éditeur d'une vingtaine de pages, mais je n'ai pas trouvé le temps trop court, ni l'intrigue bâclée. 

C'est un auteur que je relirais bien volontiers pour être mieux fixée sur son univers. Je suis très tentée par son dernier paru, un roman plus consistant, La Maison des soleils, qui rencontre un vif succès auprès des amateurs de SF, mais aussi par Éversion lu par Sandrine récemment et qui rentre dans le thème du book trip en mer.

Également commenté par ta d loi du cine.

Lu dans le cadre du

L'auteur

Né en 1966 au Pays de Galles, Alastair Reynolds mène longtemps une double carrière, celle d'écrivain et d'astrophysicien au sein de l'Agence Spatiale Européenne, avant de se consacrer pleinement à l'écriture en 2004.