J'ai profité d'une LC Calvino dans le cadre d'un bookclub sur Instagram pour revenir vers cet auteur dont j'avais adoré Si par une nuit d'hiver un voyageur, un de mes incontournables de tous les temps.
Mon choix s'est porté sur Marcovaldo, simplement parce qu'il était disponible à la bibli, puis lors des échanges pendant nos lectures, plusieurs participants ayant choisi Palomar (ou Monsieur Palomar) ont manifesté un enthousiasme tel que je n'ai pas résisté à la curiosité. Il me fallait expérimenter aussi cette lecture visiblement jubilatoire. Coup de pot, il était à la bibli aussi !
Ces deux livres sont relativement courts et bâtis sur la même construction en fragments. Ce sont des sortes d'historiettes autour d'un même personnage qu'on peut picorer ou lire d'une traite. J'ai enchaîné les deux.
MARCOVALDO
ou LES SAISONS EN VILLE
traduit de l'italien par Martin Rueff
Marcovaldo est un ouvrier dont nous suivons les aventures dans la ville au gré des saisons. C'est un personnage plein de rêves éveillés et mu par un optimisme à toute épreuve. Malheureusement, quoi qu'il entreprenne, il va systématiquement au-devant d'une déception inévitable, ce qui inscrit ces histoires dans une veine drôle-amer. Les misères de son existence et ses échecs ne le découragent pourtant jamais. C'est un pauvre diable qu'on ne peut que prendre en sympathie, un héros candide des fables modernes.
L'écriture est savoureuse, le ton à l'ironie et non dénué de malice. Je me suis régalée dès les premières pages en ricanant pas mal (pauvre Marcovaldo) tellement le personnage est drôle malgré lui. Je visualisais d'ailleurs beaucoup Mr Bean.
À travers ce personnage, ces petits textes racontent avec fantaisie, humour et poésie la condition ouvrière et l'urbanisation, décrivant avec justesse notre rapport aux villes dans lesquelles la nature est "contrefaite, compromise avec la vie artificielle".
J'ai vraiment beaucoup aimé ces historiettes qui m'auront bien amusée tout le long, avec une petite préférence pour certaines, comme souvent dans les nouvelles.
Intègre le Défi lecture 2023 (31/40/100) => catégorie 84 (un livre où il y a une fratrie de plus de trois enfants (six ici)
MONSIEUR PALOMAR
traduit de l'italien par Christophe Mileschi
Palomar, lui, est aussi drôle malgré lui, mais dans un tout autre registre (ce qui ne m'a pas empêchée de visualiser Mr Bean là encore.😆 Il évoquait plutôt Sheldon de la série "Big Bang Theory" aux autres lecteurs). Ce qui le caractérise, c'est son obsession à vouloir avoir une lecture du monde la plus précise, la plus juste, dans ses détails les plus infimes. Il va se poser des questions du genre : "Est-ce le "pré" que nous voyons, ou voyons-nous une herbe, plus une herbe, plus une herbe... ?"
Il observe donc attentivement tout ce qui l'entoure dans un processus de pensées absolument vertigineux mais savoureux. Là encore, toutefois, alors qu'il s'affaire à tout bien analyser de façon à éviter le moindre faux-pas ou l'incident diplomatique, tout tombe inévitablement à plat !
Une phrase pour résumer ce personnage :
"Un homme se met en marche pour atteindre, pas à pas, la sagesse. Il n'est pas près d'y arriver." 😆
Un des passages les plus mémorables est celui de Palomar sur la plage alors qu'il croise une jeune femme se dorant au soleil seins nus. Vraiment excellent ce passage ! Et l'épisode des merles dont les échanges sont comparés à ceux entre Palomar et sa femme, excellent aussi !
Mais ce qui m'aura le plus épatée, c'est le talent de Calvino dans l'art de la description. Quelle justesse ! C'est précis et visuel sans que ça ne finisse par lasser (l'effet que me font les descriptions habituellement) (enfin ça, c'est ce que je disais au début 😅).
Si j'ai bien aimé l'esprit du livre et que le personnage et ses réflexions m'ont bien amusée au début et jusqu'à bien la moitié du livre, sur la longueur, je l'ai trouvé quand même bien prise de tête ce Palomar, et j'ai fini par le laisser à ses délires en lisant un peu en diagonale.
Si par une nuit d'hiver... lu, relu, un incontournable. J'ai prévu de lire Le villes invisibles en novembre, un challenge 'villes' chez inganmic et aleslire;
RépondreSupprimerBref! Je visualise bien mr Bean (merci d'avoir mis la musique en tête ^_^) et je note plutôt Marcovaldo, alors?
Marcovaldo vaut le détour, oui. C'est très fin sous couvert d'une grande simplicité et on s'amuse beaucoup.^^ J'avais failli choisir Les villes invisibles aussi, très recommandé sur le groupe, mais en le feuilletant, j'ai eu peur de me lasser sur la longueur. De très courts textes (3/4 de page) de descriptions de villes plus ou moins imaginaires, hmm... (enfin, c'est peut-être plus subtil que ça, mais c'est l'impression que j'ai eue).
SupprimerVoilà, trouvé, noté, tu as aimé ce Marcovaldo, sans doute que ton avis trottait à l'arrière de ma tête (j'ai pris aussi ce qui était dispo à la médiathèque)
SupprimerJe fonctionne aussi beaucoup au "dispo en bibli sinon tant pis".^^
SupprimerJ'avoue que je préfère Sheldon de "Big Bang Theory à Mr Bean. Plus sérieusement, il faudrait que je lise Italo Calvino. J'ai lu "Le Baron perché" quand j'étais collégienne (oui, c'est vieux), mais c'est tout. Je retiens Marcovaldo pour les Nouvelles.
RépondreSupprimerEn vrai, je n'ai jamais vu The Big Band Theory. C'était à une époque où je ne regardais plus trop la télé après des années de boulimie, d'où mes références limitées.^^
SupprimerExcellente idée Marcovaldo pour les Nouvelles ! J'y ai pensé quand tu as fait l'annonce de ton challenge car je venais de le lire.
Un auteur que je n'ai pas lu et ton avis n'est pas assez enthousiaste pour que je le note.
RépondreSupprimerAh Calvino vaut le détour tout de même. Son écriture est juste admirable et savoureuse. Je recommanderais tout de même plutôt Si par une nuit d'hiver un voyageur pour le découvrir.
Supprimeret bin un italien a connaitre.....didonc....
RépondreSupprimerMais oui, et un vrai plaisir de lecture.;)
SupprimerJ'ai moi aussi adoré "Si par une nuit.." et pourtant je n'ai pas relu l'auteur depuis, peut-être parce que c'est un titre si particulier qu'on imagine difficilement que tout soit du même niveau...
RépondreSupprimerJe comprends, mais il faut faire confiance à Calvino. Il a plus d'un tour dans son sac et ne manque pas de ressources.;) Pour moi, ces livres que j'ai lus ne sont pas du même niveau, mais on n'en est pas moins agréablement surpris.
SupprimerUn auteur que j'ai déjà vu passer, mais que je ne connais pas du tout...
RépondreSupprimerIl n'est jamais trop tard pour le découvrir.:)
Supprimerj'avais étudié Marcovaldo au collège (en troisième je crois) et j'avais beaucoup aimé. je n'ai jamais relu Calvino, alors que j'ai Le baron perché dans ma PAL.
RépondreSupprimerTrès sympathique aussi Le baron perché dans un tout autre genre ! De sa trilogie "Nos ancêtres", il me reste encore Le Vicomte pourfendu à lire.
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