( EXPÉRIENCE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE )
Repéré par hasard sur Goodreads, j'ai tout de suite été happée par la première phrase du résumé : "Why do we read literature and how do we judge it ?" C'était peu après ma lecture de Moby Dick de Herman Melville et je dois dire que cette question a immédiatement résonné en moi.😆 J'étais d'autant plus intéressée par le sujet que c'était C.S. Lewis, l'auteur, entre autres, du Monde de Narnia, qui se proposait de l'explorer ici.
Dans ce court essai, C.S. Lewis tente une expérience. Plutôt que de prendre le parti de juger un livre selon qu'il soit bon ou mauvais comme le fait traditionnellement la critique littéraire, définissant ainsi le bon ou le mauvais goût des lecteurs, il propose d'essayer plutôt de comprendre comment on lit les livres. Il prend ainsi comme point de départ la distinction entre les lecteurs, ou plus précisément, entre leurs différentes manières de lire, et théorise qu'il y a deux types de lecteurs, les "non-littéraires" et les "littéraires", en soulignant qu'il n'est nulle question ici de bon ou de mauvais goût, ni d'intelligence.
Une théorie que j'ai vécue comme une révélation ! Ce livre m'a enfin permis de comprendre pourquoi certains lecteurs aimaient ou préféraient ces best-sellers qui me semblaient pourtant mal écrits et n'avaient aucun intérêt pour de la littérature plus "qualitative" (à mon sens).
D'après lui, les gens (les "non-littéraires") qui aiment les livres dont on trouve le style mauvais ne voit même pas que le style est mauvais parce que cet aspect ne les intéresse absolument pas. Ce qui motive leur lecture, ce sont les événements dans l'histoire : qu'est-ce qui arrive à qui, quoi, comment. Point. Il faut que les images leur apparaissent immédiatement à l'esprit, donc moins il y a d'effets stylistiques, mieux c'est, sinon ça les parasite, et plus le style s'articule autour de clichés, plus ça leur parle, car ce sont des images qui résonnent déjà en eux. Tout s'explique !
L'autre catégorie de lecteurs (les "littéraires") est certainement plus sensible à la qualité des textes, à la façon dont ils résonnent en eux, tout comme certains seraient plus sensibles à la structure ou aux composantes d'une pièce musicale au-delà de la simple mélodie. De même pour la peinture ou d'autres formes d'art. Ce sont des comparaisons qu'il fait et ça m'a permis de mieux me représenter les différences de perception quand cela se rapportait au livre. C'était absolument passionnant de conscientiser tout ça ! J'ai trouvé très cohérent tout ce que C.S. Lewis exposait, même si parfois, il poussait un peu le curseur.
Bien sûr, il y a aussi des nuances entre ces deux façons un peu schématiques d'appréhender la lecture, mais je ne m'attarderai pas là-dessus.
Autre conséquence de son raisonnement : si un livre a été trouvé bon (par un "littéraire" tout de même, faut pas déconner^^), et qu'on l'a soi-même trouvé mauvais, c'est simplement qu'on n'a pas su le lire comme l'autre ni détecter ce qui pouvait en faire un bon livre. Ça ne peut en aucun cas remettre en cause ses goûts ou son jugement. En somme, ça rejoint mon idée des goûts et des couleurs qui ne se discutent pas. Ça paraît une évidence, mais c'est vrai qu'on a souvent tendance à être convaincu que notre façon de lire et d'appréhender un texte est forcément la meilleure. Ce qui est normal puisque c'est ce qui nous convient.^^
Bref, c'est un essai que j'ai trouvé passionnant et riche en réflexions. Je n'ai pas suivi l'auteur dans tout ce qu'il disait, surtout quand il faisait un peu des généralités, mais certaines idées et façons de voir les choses m'ont vraiment plu et éclairée.
J'en viens aux bémols : j'ai trouvé dommage qu'il se base sur des classiques purs et durs, quelque peu rébarbatifs et trop sérieux (des livres de l'Antiquité, du Moyen-Âge...) pour illustrer son propos. Ce livre a été écrit en 1961. Il aurait pu se référer à des livres du début au milieu du 20e siècle, ou de son époque. J'avoue que j'aurais aimé (si cela avait été possible^^) quelques exemples contemporains pour encore mieux m'identifier, mais étonnamment (ou non finalement), c'est assez intemporel, notre passion pour la lecture, ce qu'on y cherche et comment on juge les livres, et en fin de compte, beaucoup d'exemples de romans du 21e siècle, voire d'actualité, me sont venus à l'esprit en cours de lecture.
Parfois, je trouvais aussi qu'il se répétait ou répétait la même idée en essayant de la mener ailleurs et surtout d'y venir par différents chemins, ce qui me faisait perdre le fil de sa démonstration.
Bon, alors, et moi dans tout ça, non-littéraire ou littéraire ?^^
Mon sentiment, c'est que je me situe entre les deux. Les best-sellers mal écrits, non, franchement, je ne peux pas (mais je comprends mieux leur succès maintenant, ce que je considère être un énorme pas). Cela dit, je peux franchement prendre plaisir à lire du léger pas forcément hautement qualitatif en le prenant pour ce que c'est.
J'ai tendance à m'ennuyer aussi si ça manque d'action, surtout si on est dans le genre contemplatif, méditatif. Cette phrase "il ne se passe rien" revient souvent dans mes retours de lecture négatifs. Ça se trouve, je ne suis qu'une bouseuse non-littéraire 😆, mais tout de même, il me semble que j'ai besoin aussi que les livres me transcendent, me secouent, à travers la forme, le fond, le travail d'écriture de l'auteur, etc. Cependant, je ne suis pas spécifiquement sensible non plus à tout ce qui est encensé par la critique, disons, plus académique. Shakespeare, par exemple, m'a toujours laissée de marbre et, euh, ne rappelons-le pas comment Moby Dick a failli me tomber des mains.^^
Bref, entre les deux, je disais.
Finalement, on recherche le plaisir de lecture et chacun le trouve à sa manière, avec plus ou moins de degré de profondeur, et si chacun y trouve son compte dans ce qu'il lit, c'est l'essentiel, non ?
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