mercredi 9 mars 2016

SUR LES OSSEMENTS DES MORTS


SUR LES OSSEMENTS DES MORTS

traduit du polonais par Margot Carlier

Dans un hameau en Pologne, pas très loin de la frontière tchèque, Janina vit tranquillement sa petite retraite. Un peu barge mais softement, un poil excentrique mais pas le genre excitée, on s'attache, au fur et à mesure du récit, à cette sexagénaire originale, passionnée d'astrologie et de William Blake, un peu vegan sur les bords.
On s'attend alors à être bercé par le rythme de la vie campagnarde en plein hiver polonais, quand on réalise soudain que la série d'accidents mortels qui sévit dans le coin n'est peut-être pas si anodine que ça.
Est-ce l'alignement des planètes, la conspiration des astres, le cosmogramme (horoscope) des victimes ? Ou la vengeance organisée des animaux ?

Un récit à mi-chemin entre le roman engagé dans sa défense de la cause animale, et le polar avec ses morts suspectes, qui brouille les pistes avec ses cocasseries et ses personnages tout aussi étrangement barrés les uns que les autres, et dont on serait en peine d'imaginer la fin.

A priori, c'était typiquement le genre de romans auquel j'aurais dû totalement adhérer, j'espérais même le coup de coeur du fait de la réputation de l'auteure, Olga Tokarczuk, mais j'en ressors avec un "sympathique sans plus" (mais sympathique). L'intrigue en elle-même ne m'a pas complètement embarquée, le rythme était aussi peut-être un peu lent, traînant, pour moi.
Seuls les personnages m'ont quelque peu interpellée, notamment Janina et ses réflexions assez délirantes mais non moins sensées :

"- Toi, tu ne voudrais pas qu'on te retrouve dans cet état-là. C'est proprement inhumain.
Il avait raison, le corps humain est inhumain. Surtout quand il est mort."

"Il n'est pas simple de discuter avec certaines personnes, surtout de sexe masculin. J'ai ma théorie sur le sujet. L'âge venant, beaucoup d'hommes souffrent d'une sorte de déficit, que j'appelle "autisme testostéronien". Il se manifeste par une atrophie progressive de l'intelligence dite sociale et de la capacité à communiquer, et cela handicape également l'expression de la pensée. Atteint de ce mal, l'homme devient taciturne et semble plongé dans sa rêverie. Il éprouve un attrait particulier pour toutes sortes d'appareils et de mécanismes."

"... alors je me suis tournée vers le caniche :
- Dans quel monde vivons-nous ? Un monde où un corps est transformé en chaussures, boulettes de viande, saucisses, descentes de lit, et dont les os servent à faire du bouillon... [...] Quel est ce monde où la tuerie et la souffrance sont érigées en norme ? Avons-nous perdu la tête ?"

"- Vous savez, j'ai parfois l'impression que nous vivons dans un monde que nous inventons pour nos propres besoins. Nous décidons de ce qui est bon ou pas, nous inventons des grilles de signification... Puis toute notre vie durant, nous sommes obligés d'affronter ce que nous avons nous-mêmes imaginé. Le problème, c'est que chacun a sa version des choses, et c'est pourquoi les gens ont tant de mal à s'entendre."

L'auteure
Olga Tokarczuk a reçu le prix Niké (équivalent polonais du Goncourt) pour Les Pérégrins. Née en 1962, elle a étudié la psychologie à l'Université de Varsovie. Romancière la plus célèbre de sa génération, elle est l'auteur polonais contemporain le plus traduit dans le monde. 

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Pologne => 13/28

16 commentaires:

  1. Mais oui, je l'oubliais, tu avais aussi cette lecture prévue! Tu ne grimpes pas aux murs, mais quand même on sort des sentiers battus, non? Comme avec Kivirakh, c'est pas mal du tout!

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    1. Ah non (ai bondi littéralement de mon siège), Kivirähk, rien à voir ! Kivirähk, dès les premières lignes, c'est... c'est... pfiou ! Je n'ai même pas de mots ! Pour moi, il est au sommet ! Je suis méga fan ! Auteur chouchou !^^

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    2. Peut être son autre roman te plairait -il plus (plus déstabilisant) (je parle d'Olga=
      Pour l'estonien, je sens que la langue des serpents, il te la faut!(et j'ai découvert qu'une blogueuse connait jP Minaudier, rha!)

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    3. Je suis convaincue d'avance que j'adorerai la langue des serpents. Auteur chouchou, je te dis !^^ En plus, celui que je lis, Les groseilles de novembre, n'est pas traduit par Minaudier et je suis quand même conquise, alors qu'est-ce que ça doit être, traduit par Minaudier !;-)
      Sinon oui, je pense que je tenterai Les pérégrins à l'occasion. C'est celui que je comptais lire au départ.

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  2. Bon, pourquoi pas, pour découvrir la littérature polonaise ? La photo de couverture m'intrigue, elle ressemble à celle d'un roman récent chez Actes Sud (Catherine Lacey, Personne ne disparaît)

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    1. Mais oui ! Ce n'est pas une rencontre coup de coeur mais rien de catastrophique non plus, et il n'y a vraiment pas de raison de se priver si on est un peu curieux de la littérature polonaise. Elle m'a un peu fait penser à certains auteurs scandinaves dans leur côté dépaysant, charmant et un brin loufoque.

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  3. La couv me fait peur et tu n'es pas emballée.. n'en jetez plus !

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    1. Haha, oui la photo de couv' est spéciale ! J'aurais dû regarder de plus près sa provenance.

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  4. Qui m'a donné envie de lire ce livre ? C'est Keisha ou Sandrine, je ne sais plus, et je testerai malgré tes bémols ;-)

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    1. Mais tu as raison !:-) Il ne faut pas s'arrêter à quelques bémols perdus au milieu de notes plus enthousiastes. Ça se trouve, tu y trouveras totalement ton compte.;-)
      Moi ce n'est pas le coup de coeur mais ma curiosité est satisfaite. J'ai enfin lu cette fameuse Olga Tokarczuk (et j'écris son nom par coeur maintenant^^).

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  5. La couverture ne m'attire pas; le titre non plus, et ce que tu dis m'incite à ne pas m'attarder. De toute façon, ma PAL est énorme! Je viens encore d'en ajouter une dizaine !
    Bon vendredi.

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    1. Il faut faire des choix, je suis bien placée pour te comprendre.;-)
      Bonne fin de semaine.

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  6. Le pitch est tentant mais si c'est juste sympathique, pas suffisant pour que je tente !

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    1. Oui, moi aussi je ne m'arrête normalement à un nouveau titre que si c'est génialissime, parce que bon, PAL, LAL et compagnie, c'est pas comme si on manquait de livres à lire, mais l'occasion de découvrir un peu la littérature polonaise était quand même irrésistible.;-)

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  7. Apparemment, on a aimé le même passage sur "autisme testostéronien". Je l'ai mis en extrait aussi. Sinon, J'ai ajouté un lien vers ton avis à la fin de mon billet.

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    1. L'expression est excellente et bien trouvée. Je n'y ai pas résisté non plus, en effet.:) Mon avis commence à dater un peu et est en décalage avec votre LC mais merci pour le lien.

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