LA BICYCLETTE DE LÉONARD

LA BICICLETA DE LEONARDO 

( LA BICYCLETTE DE LÉONARD )

traduit de l'espagnol (Mexique) par Anne Mase

Je me faisais une grande joie de retrouver la plume de Paco Ignacio Taibo II après m'être délectée de son roman La Vie même il y a 13 ans (...), mon tout premier de cet auteur adoubé chouchou depuis, et je me frottais les mains à l'avance de retrouver également son personnage écrivain de romans policiers, José Daniel Fierro, dans cette suite d'une courte série qui ne compte que deux tomes.

Ici, notre José Daniel Fierro végète dans son appartement à Mexico, tuant le temps en attendant que sa cheville cassée suite à un bête accident se remette, et pour tromper son ennui, mate du basket féminin à la télé. On ne le croirait pas comme ça mais un match en particulier déclenche le début d'une série d'événements et d'histoires rocambolesques qui naviguent entre fiction, faits réels et réalité fictive, prenez votre torche et bon courage pour vous frayer un chemin hors de ce labyrinthe littéraire où s'entremêlent le noir, l'aventure, l'histoire et la politique.

Interviendront dans le désordre chronologique, en quatre ou cinq histoires parallèles, perpendiculaires, convergentes et superposées tout à la fois, Léonard de Vinci qui aurait peut-être inventé la bicyclette, un mercenaire américain, un Bulgare louche, un révolutionnaire espagnol qui n'est autre que le grand-père de José Daniel Fierro, activiste dans le Barcelone anarchiste des années 20, et notre écrivain mexicain handicapé himself aux côtés d'une basketteuse américaine.

En replongeant dans PIT II, je savais que ce serait corsé, coloré au niveau langage, fantaisiste, pas de tout repos, mais je ne m'attendais pas du tout à ce que ce soit autant la folie furieuse. Le menu était prometteur mais le mélange des ingrédients était un peu plus explosif et moins digeste que je ne m'y attendais. Je pensais entrer en terrain connu mais j'ai failli m'y perdre sur la longueur, le délire taiboesque étant peut-être trop ambitieux pour mon imagination qui aime à être secouée mais point trop n'en faut. Je rongeais un peu mon frein de savoir où tout cela allait nous mener. Et puis j'avoue que toute cette partie sur le Barcelone anarchiste des années 20 ne m'a pas enthousiasmée des masses, trop politique, c'était foutu pour moi. Je n'ai pas été très convaincue par l'histoire entre José Daniel Fierro et Karen Turner non plus, trop capillotractée pour moi, un peu décousue. PIT II nous en prévient tout de même et ça fait partie des délires qui m'amusent chez lui mais ses mises en garde étaient, hélas, sérieuses, c'était vraiment confus et d'intérêt moyen, pour ne pas dire inexistant, le délire en a perdu de son charme.

Quant à la bicyclette de Léonard, c'était quand même bien anecdotique. J'avais espéré autre chose de cet aspect de l'histoire mais il aura tout de même apporté un côté un peu instructif sur ce peintre-inventeur italien de génie.

Rien à redire sur l'écriture dont PIT II démontre ici sa maîtrise sur différents niveaux de langage, ni sur le style narratif. Ce sont plutôt les événements qui se déroulent ici qui m'ont un peu laissée sur le bord. L'intrigue est plus sombre, plus dramatique, plus tragique que La vie même. On y voit un Mexique sans charme, violent, dangereux (une bonne partie se passe à Ciudad Juarez^^, mais le Mexico des années 90 ne semble pas plus accueillant) qui fait écho au Barcelone des années 20. J'avais espéré plus farfelu, plus d'humour dans ce roman, qui se laisse tout de même lire sans total déplaisir.

Chapeau tout de même pour la façon improbable dont PIT II a réussi à tisser avec brio les liens entre ces histoires et événements qui semblaient n'avoir aucun rapport les uns avec les autres, mais à la fin, tout ne fait qu'un. Assez extraordinaire ce tour de force de magicien des histoires !

Un PIT II qui me laisse assez dubitative et mitigée mais il reste quand même un des mes auteurs chouchous, et j'ai bien hâte de lire Jours de combat, prévu en avril !

Lu dans le cadre du

🌶 Book Trip Mexicain => 4 points (thème polar + 512 pages)

     Total à date => 22 points