AUX ÉTATS-UNIS D'AFRIQUE
Un thème qui m'a attirée pour son originalité, celui d'un monde où
l'Afrique aurait été ZE puissance mondiale et l'Eldorado des émigrants
d'Euramérique, cette autre partie du monde où la vie est beaucoup moins
rose.
"La faculté de rêver n'appartient pas seulement aux peintres, aux
poètes et aux conteurs qui en font une profession", et Aboudarahman A. Waberi est assurément un grand conteur, pour preuve
ce roman qui se déroule comme un rêve nourri des fantasmes de l'auteur !
Quatrième de couv
"Dans ce monde qui aurait pu être le nôtre, le continent africain est un
pays de cocagne organisé en une florissante fédération d'États, un modèle
inaccessible pour le reste du globe ravagé par les maladies, la famine, les
guerres et l'enténèbrement des consciences. Des millions d'émigrants venus
d'Euramérique risquent leur vie pour gagner cet Eldorado qui entoure de
prévenance intellectuels, scientifiques, hommes d'affaires, artistes... mais
ne peut accueillir toute la misère de la Terre. Née en Normandie, la blanche
Maya a grandi à Asmara, capitale fédérale de l'Erythrée, dans la chaleureuse
affection de Docteur Papa, le médecin humanitaire qui l'a adoptée. Ce roman
raconte son histoire faite de bonheur, d'inquiétude, d'amour, d'art, de
deuil... et d'un retour aux sources oubliées.
Entre récit de politique-fiction, parabole malicieuse et conte voltairien,
Aux États-Unis d'Afrique dénonce les injustices et les préjugés de notre
monde tristement réel. Dans un style poétique au lyrisme exubérant, mêlant
humour et gravité, Abdourahman A. Waberi récuse la notion de fatalité en
illustrant la réversibilité de l'histoire."
Idée originale donc mais dont j'attendais peut-être un peu plus qu'une
simple transposition de la réalité actuelle de façon inversée. J'étais un
peu déçue qu'il n'y ait pas vraiment d'imaginaire élaboré autour de ce
contexte. Les Noirs dominent le monde, ce sont les faits, mais l'auteur ne
crée pas un monde de toute pièce qui les crédibiliseraient (disons que pour
moi il manquait un arrière-plan historique car si notre monde est ce qu'il
est aujourd'hui, c'est qu'il y a toute une histoire avec un grand H
derrière). En fait c'est comme si, dans son imaginaire, au lieu de s'appeler
les USA, les USA s'appelaient les Etats-Unis d'Afrique, se situaient dans
l'hémisphère sud et étaient évidemment dominés par les Noirs. Il se base
simplement sur la réalité et la transpose juste en prenant le meilleur et le
pire de chaque continent pour les répartir de façon à avoir cette Afrique
dominante économiquement, politiquement et technologiquement, tout en
gardant le meilleur de son identité africaine, et le pire des pays du
tiers-monde transposé côté Occident (famine, guerres, etc) tout en gardant
le pire de l'identité occidentale pour à la fois justifier leur situation
dans cet univers imaginaire, et illustrer en même temps tous les points
négatifs de leur politique actuelle dans notre réalité, une politique
quelque peu déshumanisée qui se défend entre autres de ne pouvoir accueillir
toute la misère de la Terre.
On ne découvre donc rien de neuf ni d'original vraiment, et en plus
il y a quelque chose de très caricatural dans cette vision de la réalité, où
tout est tout blanc ou tout noir, sans entre-deux.
Par ailleurs, j'ai eu du mal à accrocher au style, un rien onirique, un peu
lyrique, trop érudit pour moi peut-être dans la forme. Il s'en dégage
quelque chose d'abstrait qui fait qu'on a encore plus de mal à croire et à
rentrer dans l'univers proposé par l'auteur, et même à s'intéresser à
l'histoire de Maya/Malaïka, cette Blanche recueillie par des humanitaires
africains.
Par certains aspects, j'avais l'impression, cela dit, que l'auteur
s'amusait beaucoup plus qu'il ne se prenait au sérieux, pour preuve certains
titres de ses chapitres, par exemple "De la dernière trouvaille de l'auteur pour divertir son lecteur", et comme s'il se réjouissait d'une bonne farce dont il est prêt à assumer
les conséquences, il avertit son lecteur qu'il aura peut-être du mal à
suivre ses "délires": "Il est possible que cette histoire familiale, ressassée, convulsive,
racontée dans le désordre vous donne du fil à retordre."
C'est aussi un joli voyage à travers l'Afrique que nous propose l'auteur, à
travers sa cuisine, ses cultures, et il fait également honneur aux grands
noms de l'histoire, de la littérature et de la culture africaine tout le
long de son récit.
Par ailleurs, dans cette réalité de la suprématie occidentale transposée et
réadaptée dans un contexte africain, il y a quelques bonnes trouvailles, que
j'ai trouvées plutôt amusantes et qui sont de jolis clins d'oeil de
l'auteur. Ainsi, dans son imaginaire, certains stéréotypes "remontent au
moins à Mathusouleyman", on y trouve la colline de Haile Wade (pour
Hollywood), les salons de café Sarr Mbock, l'enseigne McDiop, le
célébrissime sourire de Mouna Sylla, la glace crémeuse Hadji Daas,
etc... 😁
L'auteur
Né en 1965 à Djibouti, Abdourahman A. Waberi est l'auteur d'une oeuvre
saluée par la critique, récompensée par de nombreux prix et traduite en
plusieurs langues.
(DAL 3 - 3)
Bon je pense que tu devines que ce livre m'intrigue... Je n'en avais jamais entendu parler. L'histoire de départ est intéressante mais c'est vrai que ça peut vite devenir caricatural. Je vais quand même essayer je crois. Merci pour la découverte.
RépondreSupprimerJe pense que c'est un parti pris de l'auteur de faire une caricature de nos sociétés actuelles par le biais de ce roman, mais c'est vrai que je m'attendais un peu à autre chose, à quelque chose de moins calqué sur notre monde, de plus original peut-être...
SupprimerCela dit, j'étais très curieuse de découvrir ce livre dont la thématique reste originale malgré tout, et je ne regrette pas de l'avoir lu même si mon avis est mitigé.
Hâte de voir ce que tu en penseras !
Un voyage dans un univers africain qui semble bien original, sympatique et divertissant. Bien tentant !
RépondreSupprimerA découvrir en effet car malgré mes bémols, il n'y pas deux livres (à ma connaissance) qui traitent cette thématique du "Et si le monde n'était pas tel que nous le connaissons" avec pour environnement, l'Afrique en premier plan, et rien que pour ça, ça vaut le détour.
SupprimerJe l'avais lu en son temps, et il m'avait aussi laissé un peu sur ma faim, malgré une idée particulièrement bonne...
RépondreSupprimerOui, beaucoup trop d'attente peut-être de la part du lecteur par rapport au thème...
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