L'ASSOMMOIR
Quel triste destin que celui de Gervaise, j'en ai encore le coeur serré! Zola excelle vraiment à décrire la misère du milieu populaire et ouvrier, en la rendant palpable et étourdissante, on en ressort comme grisé, et si le titre "Les Misérables" n'avait déjà été pris, je pense qu'il aurait collé à merveille à ce roman. L'histoire de Lalie en particulier, qui tient sur quelques pages, m'a profondément touchée et crevée l'âme. Cosette à côté peut aller se rhabiller! Pour moi, c'est un des plus beaux passages de L'Assommoir.
Si je me suis un peu ennuyée de l'intrigue en elle-même, autour de la vie "simple et tranquille" de notre blanchisseuse dont on suit successivement l'ascension sociale puis la déchéance, destinée quelque peu prévisible et spoilée à grands cris par les notes de bas de page qui oublient que tout le monde ne relit pas ce roman pour la x-ième fois (vraiment très pénibles ces notes de bas de page!), destinée sous le signe de l'alcoolisme, de la lutte pour la survie, de la décrépitude inexorable de cette couche sociale, j'ai trouvé remarquable le dernier quart du roman qui décrit de façon saisissante la descente aux enfers des Coupeau. Jusqu'à la toute fin, tragiquement sublime!