THE PAGE 3 MURDERS - A LALLI MISTERY
( SAVEURS ASSASSINES - LES ENQUÊTES DE MISS LALLI )
traduit de l'anglais (Inde) par Edith Ochs
Un polar divertissant à la sauce indienne, et avec de l'humour, ce qui ne gâche rien.
Je m'attendais à une version indienne des Dix petits nègres d'Agatha Christie (décidément la reine du crime en inspire beaucoup), une version originale intégrant en plus des aspects gastronomiques de la cuisine indienne, ce qui n'était pas pour me déplaire vu que 1) j'aime assez les polars façon Cluedo, où l'on enquête à la même vitesse et avec tous les éléments que les protagonistes, et 2) je suis très gourmande et les descriptions de mets m'inspirent et titillent mon imagination.
J'ai été d'emblée conquise par la voix de la narratrice, nièce de notre Miss Marple indienne, alias Miss Lalli, et de son sens de l'auto-dérision. Les premières pages décrivant le contexte de sa vie et les activités de sa tante m'ont énormément divertie et amusée. Les personnages et situations décrites sont savoureux, ceci jusqu'à ce que l'on en arrive enfin au lieu du crime, dans une luxueuse villa de Bombay qui rassemble, pour un week-end, quelques personnalités en vue, ainsi que la narratrice et Miss Lali. On s'y détend, tout comme les convives, guettant déjà tout ce qui clocherait dans leurs comportements et paroles.
Et puis, au bout d'un moment, j'ai commencé à me demander quand est-ce qu'on allait en venir aux faits, c'est-à-dire, à notre intrigue policière à proprement parler. Car arrivé à la moitié du livre, toujours pas de crime en vue, et donc pas d'enquête! Nos convives mangent, boivent, discutent, dansent, dorment et râlent pendant plusieurs chapitres, mais pas de meurtre à l'horizon. Du coup j'ai commencé à trouvé le temps un peu longuet et à m'ennuyer un peu des personnages et de leurs activités.
Ce n'est que quasi au dernier tiers du livre qu'on découvre enfin un corps (aaaah yes un meurtre! Youhou! Enfin!) et l'enquête est résolue par Miss Lalli avec une facilité déconcertante en quelques pages et interrogatoires de rigueur.
C'est l'aspect du roman qui m'a semblé le moins réussi et convaincant, l'intrigue policière en elle-même, d'autant plus que j'avais déjà découvert l'identité de l'assassin avant la découverte du meurtre (ce qui est assez fort pour quelqu'un comme moi qui n'y voit que du feu habituellement). Je le dois, non pas à ma grande perspicacité (hélas), mais au fait que l'auteure exploite du déjà vu, un indice gros comme le nez au milieu de la figure... Mais peut-être aussi commencé-je à être plus rodée, habituée aux intrigues policières.
J'ai vu ce livre, du coup, surtout comme roman prétexte à un hommage à la gastronomie indienne et un peu à la reine du crime, bien que pour l'auteure, ce soit plus un roman "inspiré par les nombreux hommes et femmes dépossédées qui ont reconstruit leur vie sur les trottoirs de notre ville hospitalière, Bombay, dans les décennies qui ont suivi la libération du Bangladesh. Leurs histoires faites d'un courage et d'une force d'âme exemplaires ont peu à voir avec ce récit, mais j'ai emprunté une partie de leur insatiable appétit pour la vie." (tiré des remerciements de l'auteure en fin de livre).
Le glossaire reflète bien la diversité des langues du mélange culturel de Bombay. L'anglais des romans de l'auteure, dixit la préface, est enrichi de nombreux mots et expressions appartenant aux diverses langues de ses habitants, venus des quatre coins du sous-continent indien (tamoul, ourdou, bengali, marathe, télougou et le gujerati, en plus de l'hindi).
Bon, je continuerai probablement la série à l'occasion, car j'aime assez l'univers de l'auteure, la plongée dans la culture de Bombay (pour ça, rien à dire, on est bien servi et c'est intéressant) mais je serai prévenue pour le côté policier assez léger.
L'auteure
Kalpana Swaminathan est médecin. Elle vit à Bombay. Saveurs assassines, son premier livre publié en France, inaugure une série de cinq romans policiers.
J'en ai lu un, et ça se lit pour l'ambiance, pas pour le polar haletant...
RépondreSupprimerC'est exactement ça. L'éditeur la situe d'ailleurs entre Miss Marple et Mma Ramotswe d'Alexander McCall Smith, et je trouve que la comparaison est assez juste.
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