lundi 4 avril 2016

UN THÉ POUR YUMIKO


JUST SO HAPPENS

( UN THÉ POUR YUMIKO )

traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Isabelle Troin

Je n'indique quasiment jamais le traducteur pour les BD étrangères (question de mauvaise habitude prise dès le départ, bien que j'aie corrigé le tir pour les romans) mais là je l'ai fait car j'ai été surprise de constater que ce roman graphique d'un auteur japonais, Fumio Obata, avait été écrit en anglais, ce que je trouve toujours fascinant quand il ne s'agit pas d'une langue maternelle.
Bref, ça c'était ma petite réflexion mémo très perso.

Pour en revenir au livre, je m'y suis intéressée suite à des avis très positifs glanés ici sur le net et parce que ça semblait traiter de thèmes universels qui me parlent particulièrement, notamment sur l'identité. Et puis la thématique Japon bien sûr.
Yumiko est en effet une Japonaise installée à Londres depuis qu'elle y a suivi ses études de graphisme (parallèle intéressant avec l'auteur) et qui a tout fait pour s'y intégrer, jusqu'à se sentir parfaitement chez elle là-bas.

"Je me souviens encore de la première fois que je suis arrivée en ville. Mon excitation d'être entourée par ces vies multiples, des vies aux racines et cultures différentes des miennes. J'ai fini par m'y créer un petit espace à moi. Ça n'a pas été facile. Ça m'a demandé beaucoup de travail, de détermination et de chance... Et ça m'en demande encore. Je suis fière de m'être intégrée. Malgré les difficultés et la tension qu'on sent parfois dans l'air. Je suis Japonaise, et il m'arrive encore de retourner dans mon pays natal... Mais chez moi, c'est ici, à Londres."

La mort accidentelle de son père la contraint de retourner au Japon dix ans après son installation à Londres, dans des circonstances bien différentes de ses séjours "touristiques". Elle retrouve sa famille, les coutumes et traditions japonaises, et semble avoir du mal à s'immerger totalement dans ce monde, comme étrangère à son propre pays.
Ce séjour éveille en elle différents souvenirs, avec sa famille, son père en particulier, et est l'occasion de renouer avec le présent. Il se dégage de cet album une certaine nostalgie mais sans regret, juste un constat du temps qui passe, de ce qui a été traversé, et la réalisation qu'elle n'est plus très en phase avec ce qu'elle a quitté.

C'est un récit très introspectif donc, qui évolue autour de thématiques finalement assez tristes, la mort, la perte d'un être cher, le sentiment d'aliénation, et où le personnage principal se retrouve à la recherche d'un équilibre là où il n'a plus trop ses repères.
C'est assez touchant car on ressent une certaine authenticité dans ce voyage introspectif qui a dû être en partie vécu par l'auteur, mais j'avoue que je me suis un peu ennuyée tout de même en compagnie de Yumiko. Trop introspectif peut-être pour moi (j'ai beaucoup de mal avec ce type de récit), trop dans le flottement de son esprit. On sent le personnage un peu perdu, qui tâtonne, et on est tenu à l'écart, en spectateur impuissant.
Je suis ressortie de là un peu vide, un peu déçue d'avoir passé du temps à cette lecture, même si objectivement, c'est un beau récit d'une belle richesse thématique dont je comprends qu'on puisse s'émouvoir.

Mention spéciale pour les dessins à l'aquarelle tout en délicatesse qui se marient bien avec l'humeur général du récit et que j'ai trouvé très agréables, comme apaisants.


L'auteur
Fumio Obata naît à Tokyo en 1975. Il s'installe en Grande-Bretagne en 1991 et étudie à la Glasgow School of Art et au Royal College of Art à Londres, où il obtient un master en graphisme et design. Il travaille ensuite pour l'animation et les studios multimédia d'Edimbourg. Il vit aujourd'hui à Londres.

8 commentaires:

  1. Pas de souci, je suis convaincue.
    Moi aussi j'indique les traducteurs pour les romans, mais je n'y pensais pas pour les BD!

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    1. Pourtant c'est du boulot, traduire les BD, et pas si évident.;-) Il y a un registre de langue, faut que ça rentre dans les bulles, cases & co, respecter le ton général du récit, etc. Mais bon, tant pis, trop tard...
      Grosse pensée pour les traducteurs de BD.;-)

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  2. J'ai aimé cette introspection, ces tâtonnements, ces silence, ce coté méditatif. J'ai été touché quoi ;)

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    1. Ben oui mais des fois je ne suis pas très sensible, et d'ailleurs, il me semble que tu l'es plus que moi.;-)
      C'est fou parce que ça aurait vraiment dû me parler, la thématique + le Japon, mais bon, non... Ça m'a fait le même effet avec le film "Les délices de Tokyo", le film que je pensais adorer, où tout le monde est sorti bouleversé, ému, en larmes, tout ça, et moi, oeil sec, réprimant un bâillement... On se refait pas...:-)

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  3. Je l'avais offert à ma soeur, pensant que cela portait plus sur l'identité japonaise pour une expat. A lire ton billet, j'ai l'impression de m'être plantée. Pas très joyeux tout ça! Il faudrait que je lui demande ce qu'elle en avait pensé...

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    1. Beaucoup ont aimé. Une majorité même.;-) Si on aime les récits introspectifs, méditatifs, ça devrait bien passer.
      Sinon, ça porte bien sur la thématique de l'identité pour une expat, mais disons que l'identité spécifiquement japonaise est justement remise en question. C'est ça qui est intéressant, c'est qu'elle n'est plus tout à fait japonaise, sans être complètement anglaise. Il y a ce qu'elle ressent, la façon dont elle se sent et se voit, et la façon dont les gens la perçoivent, qui ne concordent pas toujours, sans parler de ses racines qui la rattrapent. Ce récit, c'est un peu cette quête identitaire. Qui est-elle au final, où est-elle chez elle ? Bref, tu vois, complexe.;-)

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  4. J'avais envie de le lire, du coup, ton avis me fait hésiter.

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    1. Mais ça se trouve, tu saurais apprécier. Ne te fie pas à mon seul avis, beaucoup ont aimé.

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