MIDNIGHT'S CHILDREN
( LES ENFANTS DE MINUIT )
C'est l'histoire de...
Euuuh... C'est l'histoire de quoi en fait ?
De Saleem Sinai, héros et narrateur de cette histoire complètement foutraque et rocambolesque ?
Ou de l'Inde, depuis son indépendance en 1947 à la fin des années 70 ?
Eh bien des deux, mon capitaine, avec une touche de réalisme magique à la García Márquez, qui brouille les frontières entre burlesque et factuel. Suggestion d'accompagnement pour mieux appréhender ce récit ambitieux : quelques shots de djinn-tonic !
Pour situer le contexte, Saleem, tout comme les autres enfants nés à minuit précise le 15 août 1947, au moment même où l'Inde accède à l'indépendance, est doté de "pouvoirs magiques", et son histoire va se retrouver mystérieusement enchaînée à celle de son pays. Sa vie est alors un véritable miroir des événements historiques de l'époque en Inde.
Je me suis vraiment régalée pendant un bon tiers du livre. Salman Rushdie est très malicieux dans sa façon de raconter les événements, a un talent de conteur indéniable et un sens de l'humour délectable, virant même dans le sacrément barré par moment. J'ai été complètement sous le charme de l'histoire des grands-parents de Saleem, et celle de ses parents m'a également beaucoup amusée.
Le hic c'est que notre Salman est bavard, bien trop bavard, à en faire transpirer le lecteur qui a une PAL qui l'attend impatiemment en grossissant de nouvelles tentations. Aussi fascinant et intéressant soit son récit, Rushdie aurait eu raison de la patience du sultan et n'aurait pas fait long feu à la place de Shéhérazade, c'est une certitude !
Si, au début, je m'étais bien accommodée du rythme imposé par l'auteur qui prenait clairement son temps, à la moitié du livre, j'ai commencé à avoir quelques coups de mou. Il faut dire que le roman est dense et foisonnant, et le lire d'une traite peut se révéler parfois vertigineux et labyrinthique. Cette histoire alterne en fait entre des moments très entraînants et loufoques, et des moments répétitifs ou juste déroutants qui lassent sur la longueur. À chaque fois que j'allais y replonger, je me demandais avec une certaine appréhension sur quel moment j'allais tomber.
Malgré tout, outre l'humour salvateur, j'ai apprécié ce roman aussi pour son contexte historique. Moi qui connais très mal l'Histoire de l'Inde et de ses conflits sociaux, politiques et religieux, ça m'a donné de bons repères. J'ai lu dans la préface que ce roman avait souvent été perçu comme un conte fantaisiste par les Occidentaux alors que pour les Indiens, c'est vraiment leur histoire, l'histoire de leur pays. Lire ce livre sous cette perspective lui donne une toute autre dimension. Il y a très clairement des subtilités et des clins d'oeil à l'Histoire de l'Inde et à sa culture qui ont dû m'échapper. En fait ce roman est tellement riche que je pense être passée à côté de plein d'éléments essentiels à sa réelle compréhension et je ne suis pas certaine d'avoir su vraiment l'apprécier à sa juste valeur.
J'ai été aussi moins emballée par le côté mystique de certains événements et par le zeste de réalisme magique, mais je n'y ai jamais vraiment adhéré dans la littérature d'Amérique latine. Le fait que ce soit insufflé dans un roman indien n'y a rien changé, hélas.
Bref, même si mon premier pavé (et premier PAL moins 1, youhou !) de l'année n'est pas un coup de coeur terrassant, je ressens tout de même une grande satisfaction d'avoir enfin lu ce roman culte qui m'a toujours impressionnée (enfin, pas autant que Les Versets sataniques mais celui-là me fait encore plus peur maintenant, surtout que je l'avais tenté il y a 15 ans et abandonné au bout de 5 pages...).
De Salman Rushdie, je garde en tout cas un excellent souvenir du savoureux Haroun et la mer des histoires que je recommande sans réserve aucune (catégorie roman court en plus^^).
LC avec Stéphanie.
Moi j'avais abandonné celui-ci au bout de 50 pages, pour cause de blabla justement. je n'avais pas réussi à entrer dans l'histoire...
RépondreSupprimerJe peux comprendre, il est vraiment trèèèèès bavard.^^ On a envie de lui dire, eeuh bon, tu peux abréger et en venir au fait là !!? Ceci dit, cela ne m'a vraiment pas dérangée au début. C'est sur la longueur que ça a fini par m'agacer.
SupprimerJe ne connaissais pas du tout ce roman culte... Bon je vais passer car pavé et si en plus il t'a donner des sueurs de longueurs, c'est pas pour moi. D'autant que je viens de vivre une audiolecture éprouvante dans le même style, dont sa longueur qui me semblait interminable me donner des angoisses à l'idée de reprendre la lecture...
RépondreSupprimerJ'imagine très bien.^^ Sur le dernier tiers, je n'étais pas loin de ce sentiment de désespoir. Ceci dit, ce fut laborieux par moment mais pas au point de vouloir abandonner. J'ai trouvé un réel intérêt à la portée et l'ambition de ce roman et à son contexte historique.
SupprimerTu as vraiment le don de découvrir des livres que je n'ai jamais vus nulle part !
RépondreSupprimerPas sûr que celui-ci m'attire.
Bonne soirée.
Ce roman date un peu. Il est paru dans les années 80 si je ne me trompe, donc en effet, il ne fait plus trop partie de l'actualité littéraire brûlante.:)
SupprimerDe lui j'ai lu son autobiographie, enfin, la fatwa et tout ça. Pas mal. Mais le réalisme magique, je le sens mal!Je note le djinn tonic ^_^
RépondreSupprimerAaah le djinn-tonic, belle trouvaille tirée ce roman.;) Et si tu es toi aussi allergique au réalisme magique, ça peut mal passer en effet, quoiqu'ici, j'y ai bien survécu.:)
Supprimerc'est drôle, voilà un auteur que j'ai l'impression de connaître depuis toujours et que je n'ai jamais lu. J'avoue que tu donnes envie mais les commentaires un peu moins ;)
RépondreSupprimerDisons que c'est une lecture qui demande beaucoup de patience car on sent que l'auteur pourrait accélérer la cadence mais qu'il ne le fait pas (très) volontairement. Heureusement l'humour est au rendez-vous et le contexte historique vraiment intéressant (mais ça peut ne pas suffire ici^^ donc pour une première approche de l'auteur, je recommanderais plutôt Haroun et la mer des histoires ;) ).
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