L'ORCHESTRE DES DOIGTS - 4 TOMES
Quelle histoire passionnante, quel voyage bouleversant dans l'univers des sourds que Yamamoto Osamu a réussi à nous faire vivre là!!
J'ai en tête cette image de Takahashi qui raconte à ses élèves une histoire en langue des signes, et eux accrochés à ses doigts, comme envoûtés par cette musique silencieuse. Moi pareil, j'ai été captivée et absorbée par cette histoire jusqu'à la toute fin.
Bouleversant je disais plus haut - c'est un adjectif que je n'aime pas beaucoup utiliser, c'est comme génial ou excellent, un petit côté excessif que l'on voit s'appliquer un peu à tout sans discernement, à user avec parcimonie - j'ai d'ailleurs eu une réaction allergique dans le tome 1, où ça larmoie à tout va, très façon manga avec les larmes qui s'échappent des yeux à grande eau, j'avais l'impression qu'on me prenait de force par les sentiments et ça m'a gênée, et puis très vite, j'ai oublié l'aspect manga avec ses artifices et j'ai vu l'histoire d'un homme qui s'est battu pour des gens rejetés par la société sans raison valable, par bêtise, ignorance, des êtres en souffrance véritable, sans chiqué, une réalité, du vécu... Bouleversant donc, y a pas d'autres mots!
Le cas de Goïtchi m'a particulièrement marquée, son personnage est peut-être fictif mais son histoire a certainement été celle d'un autre petit garçon, bien réel. Mon coeur de pierre qui s'émeut difficilement n'a pas résisté et il s'en est fallu de peu pour que les larmes ne me montent aux yeux.
Mais c'est quoiiii l'histoire??, j'entends au fond à gauche.
L'histoire, basée sur des faits réels, est celle d'un homme qui, faute d'avoir pu se dédier à sa passion pour la musique, s'est retrouvé enseignant dans un institut pour enfants aveugles et sourds à Osaka. De fil en aiguille, il s'attache à la cause des sourds et leur dévoue toute son énergie pour en faire des individus à part entière, autonomes, intégrés à la société, des êtres qui puissent vivre leur handicap comme si ça n'en était pas un et avoir leur part de bonheur dans la vie.
Parallèlement, se dessine en toile de fond une peinture très précise de l'histoire du Japon du début du XXè siècle avec l'émergence des émeutes sociales face à l'exploitation de la paysannerie et à un gouvernement qui cautionne une politique favorable aux plus riches, les influences communistes qui gagnent le pays et débouchent rapidement sur des conflits armés, l'ombre de la guerre omniprésente, et les catastrophes naturelles au milieu de tout ça.
Procédé narratif habile pour établir un parallèle entre les discriminations dont souffrent les sourds et celles que subissent les classes pauvres, et pointer du doigt le traitement des minorités en général.
Pendant que l'histoire avec un grand H suit son cours, l'histoire des sourds connaît elle aussi pas mal de remous.
Vue comme une anormalité, voire une punition divine, la surdité a souvent été associée à l'état de débilité. Le déni de réalité et la culpabilisation de ce handicap ont longtemps été cause de souffrance, autant pour les parents (entendants) que pour les enfants, incommunicabilité oblige.
L'éducation des sourds étant encore une discipline relativement jeune à l'époque, l'énergie de leurs défenseurs est mise à rude épreuve pour parvenir à bout des mentalités les plus arrêtées. Les débats sont nombreux autour de l'éducation des malentendants: méthode gestualiste ou méthode oraliste? Débats houleux entre entendants dont la motivation n'est autre qu'agir pour le bien des malentendants et les intégrer au mieux dans la société, mais qui ne sont malheureusement (ou heureusement...) pas à leur place - source de tellement de souffrance quand la langue des signes en vient à être interdite- renier la langue des signes c'est renier leur identité aux sourds.
Special guest dans ce manga (et belle surprise), Helen Keller, la fameuse et extraordinaire petite fille sourde, muette et aveugle dont j'ai maintenant très envie de relire l'histoire.
Des appendices en cours et en fin de tomes viennent compléter et documenter l'histoire des sourds dans le monde - avec entre autres un hommage à l'Abbé de l'Epée - et en particulier au Japon.
Ouvrage très complet et très fouillé sur l'histoire des sourds au Japon au début du 20è siècle, jusqu'au milieu du siècle, très instructif, très intéressant, très fort, qui suscite nombre de réflexions encore d'actualité. Une histoire indéniablement universelle par son thème. A mettre entre toutes les mains!
A lire également sur la culture sourde, Pi, enquête au pays des sourds et Paroles de sourds. Je recommande vraiment vraiment vraiment!
J'ai en tête cette image de Takahashi qui raconte à ses élèves une histoire en langue des signes, et eux accrochés à ses doigts, comme envoûtés par cette musique silencieuse. Moi pareil, j'ai été captivée et absorbée par cette histoire jusqu'à la toute fin.
Bouleversant je disais plus haut - c'est un adjectif que je n'aime pas beaucoup utiliser, c'est comme génial ou excellent, un petit côté excessif que l'on voit s'appliquer un peu à tout sans discernement, à user avec parcimonie - j'ai d'ailleurs eu une réaction allergique dans le tome 1, où ça larmoie à tout va, très façon manga avec les larmes qui s'échappent des yeux à grande eau, j'avais l'impression qu'on me prenait de force par les sentiments et ça m'a gênée, et puis très vite, j'ai oublié l'aspect manga avec ses artifices et j'ai vu l'histoire d'un homme qui s'est battu pour des gens rejetés par la société sans raison valable, par bêtise, ignorance, des êtres en souffrance véritable, sans chiqué, une réalité, du vécu... Bouleversant donc, y a pas d'autres mots!
Le cas de Goïtchi m'a particulièrement marquée, son personnage est peut-être fictif mais son histoire a certainement été celle d'un autre petit garçon, bien réel. Mon coeur de pierre qui s'émeut difficilement n'a pas résisté et il s'en est fallu de peu pour que les larmes ne me montent aux yeux.
Mais c'est quoiiii l'histoire??, j'entends au fond à gauche.
L'histoire, basée sur des faits réels, est celle d'un homme qui, faute d'avoir pu se dédier à sa passion pour la musique, s'est retrouvé enseignant dans un institut pour enfants aveugles et sourds à Osaka. De fil en aiguille, il s'attache à la cause des sourds et leur dévoue toute son énergie pour en faire des individus à part entière, autonomes, intégrés à la société, des êtres qui puissent vivre leur handicap comme si ça n'en était pas un et avoir leur part de bonheur dans la vie.
Parallèlement, se dessine en toile de fond une peinture très précise de l'histoire du Japon du début du XXè siècle avec l'émergence des émeutes sociales face à l'exploitation de la paysannerie et à un gouvernement qui cautionne une politique favorable aux plus riches, les influences communistes qui gagnent le pays et débouchent rapidement sur des conflits armés, l'ombre de la guerre omniprésente, et les catastrophes naturelles au milieu de tout ça.
Procédé narratif habile pour établir un parallèle entre les discriminations dont souffrent les sourds et celles que subissent les classes pauvres, et pointer du doigt le traitement des minorités en général.
Pendant que l'histoire avec un grand H suit son cours, l'histoire des sourds connaît elle aussi pas mal de remous.
Vue comme une anormalité, voire une punition divine, la surdité a souvent été associée à l'état de débilité. Le déni de réalité et la culpabilisation de ce handicap ont longtemps été cause de souffrance, autant pour les parents (entendants) que pour les enfants, incommunicabilité oblige.
L'éducation des sourds étant encore une discipline relativement jeune à l'époque, l'énergie de leurs défenseurs est mise à rude épreuve pour parvenir à bout des mentalités les plus arrêtées. Les débats sont nombreux autour de l'éducation des malentendants: méthode gestualiste ou méthode oraliste? Débats houleux entre entendants dont la motivation n'est autre qu'agir pour le bien des malentendants et les intégrer au mieux dans la société, mais qui ne sont malheureusement (ou heureusement...) pas à leur place - source de tellement de souffrance quand la langue des signes en vient à être interdite- renier la langue des signes c'est renier leur identité aux sourds.
Special guest dans ce manga (et belle surprise), Helen Keller, la fameuse et extraordinaire petite fille sourde, muette et aveugle dont j'ai maintenant très envie de relire l'histoire.
Des appendices en cours et en fin de tomes viennent compléter et documenter l'histoire des sourds dans le monde - avec entre autres un hommage à l'Abbé de l'Epée - et en particulier au Japon.
Ouvrage très complet et très fouillé sur l'histoire des sourds au Japon au début du 20è siècle, jusqu'au milieu du siècle, très instructif, très intéressant, très fort, qui suscite nombre de réflexions encore d'actualité. Une histoire indéniablement universelle par son thème. A mettre entre toutes les mains!
A lire également sur la culture sourde, Pi, enquête au pays des sourds et Paroles de sourds. Je recommande vraiment vraiment vraiment!
Ohhhhh je veux ça!!! Tout à fait dans mes cordes!!! Surtout si c'est génial, comme tu dis!
RépondreSupprimerFranchement, je ne sais pas comment on pourrait rester insensible à ce manga. Cette histoire me hante encore! Elle est tout simplement - euh - bouleversante! :)
SupprimerPour ce manga, je préfère l'adjectif "captivant". J'ai adoré.
RépondreSupprimerAaah maintenant quand j'aborde un manga, j'ai toujours le souvenir de L'orchestre des doigts en tête et j'espère toujours revivre un moment de lecture aussi magique et saisissant!
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