samedi 19 septembre 2015

LE COMMISSAIRE BORDELLI


LE COMMISSAIRE BORDELLI

traduit de l'italien par Nathalie Bauer

Polar d'ambiance plus que d'action, avec cette série, on est assez loin du thriller à suspense insoutenable, mais qu'on se rassure, ce roman a bien d'autres atouts. Les personnages principaux ici sont l'Italie, Florence en particulier, le caractère italien, la cuisine italienne, l'été toscan et sa chaleur torride, bref, tout transpire l'Italie dans son être le plus profond. L'animent à travers ce roman, un personnage hors du commun, le commissaire Bordelli, son entourage, des individus tous un peu excentriques, un peu farfelus, foufous à leur manière (pour mon plus grand plaisir), et bien sûr un crime qu'il faudra résoudre, mais si le crime était un personnage, il ferait ici office de figurant.

Le commissaire Bordelli, on s'y attache tout de suite parce que sa particularité, c'est qu'il ne cherche pas à être attachant ! Il se fout du système, ne cherche pas à plaire, fonctionne selon ses principes à lui et son horloge interne. Je l'ai aimé tout de suite parce que comme moi, il préfère rester dans la chaleur de sa ville en août plutôt que se mélanger aux vacanciers.:-)

"Bordelli se gardait bien de prendre ses vacances à cette période. Il préférait se battre contre les moustiques dans la ville déserte plutôt que se sentir seul comme un chien dans les lieux de villégiature bondés, en proie à une incessante et mélancolique envie de rentrer chez lui et de retrouver la paix."

Pas bourru non, pas provocateur non plus. Plutôt désabusé, hors système sans être rebelle, un peu ours mais bon vivant tout de même, brut, nature. J'ai d'ailleurs relevé une citation d'Andrea Camilleri en 4è de couv', à propos de cette série, qui me semble tout résumer et avec laquelle je suis très d'accord :
"Vichi nous dévoile les côtés sombres et les secrets de Florence. Mais sa meilleure création, selon, moi, reste le personnage de Bordelli, un antihéros désabusé qu'il est difficile d'oublier."

Un extrait révélateur du personnage :
"La voix d'Anselmo lui avait déplu, tout comme son souffle court qui bruissait dans le combiné. Il essaya de se le représenter, puis y renonça : il faisait trop chaud."

Le récit se déroule dans les années 60, une quinzaine d'années après la guerre à laquelle notre antihéros a participé. Beaucoup de souvenirs de guerre donc, la nostalgie d'une certaine camaraderie de l'époque, mais aussi quelques traumatismes. Ces aspects du récit (souvenirs, flashbacks, épisodes de guerre relatés) ne m'ont pas trop accrochée et ont participé à rendre ma lecture moins plaisante, et pourtant, il semblerait que ce soit ce qui a inspiré l'auteur à écrire des romans :

"Je remercie mon père, qui s'est battu à l'âge de vingt ans contre les nazis et qui m'a raconté, lorsque j'étais enfant, la plupart des épisodes de guerre présents dans ce livre, tandis que je l'écoutais, bouche bée, en tremblant d'admiration et de peur. J'aime penser que c'est grâce à ces récits passionnés et parfois terribles que j'écris aujourd'hui des romans."

Je n'ai pas été sensible à cet aspect du récit donc, par contre, j'ai trouvé qu'il y avait une certaine désuétude dans la langue, dans le style, qui reflétait bien ou collait bien aux années 60, ce que j'ai trouvé plutôt savoureux et souvent amusant, dans les dialogues en particulier. Une écriture qui a ce quelque chose d'un peu vintage pleine de charme.

"Jouant la carte du policier soupçonneux, Bordelli demanda : "Vous ne voulez pas savoir de quoi votre tante est décédée ?"

Je passe sur l'intrigue autour du crime, le déroulement de l'enquête et la résolution de son énigme qui ne m'ont pas franchement convaincue ni emballée. Pour être honnête, si on se cantonne à cet aspect du récit, ça m'a donné l'effet de regarder un épisode de Derrick, un crime de série télé des années 70-80, rien de palpitant, un poil de ridicule même dans la conduite de l'enquête, la désignation des suspects qui ont une bonne tête et attitude de suspects, les interrogatoires. Aucun retournement de situation et un crime type Le mystère de la chambre jaune où les coupables sont tout désignés, et seul l'énigme du comment est vaguement digne d'intérêt. L'auteur semble toutefois bien l'assumer car il y a un côté guignol qui ne peut qu'être assumé dans ce traitement de l'enquête.

On ne lira donc pas le commissaire Bordelli pour ses enquêtes palpitantes, mais pour le plaisir de marcher aux côtés de ce personnage hors normes dans les rues de Florence, à la rencontre d'autres personnages tout aussi improbables les uns que les autres, et pour ses réparties truculentes.

Également commenté par Keisha (merci pour le prêt ;-) ).

L'auteur
Né en 1957 à Florence, Marco Vichi vit toujours en Toscane. Classé parmi les meilleurs romanciers italiens de la décennie par le "Corriere della Sera", il a remporté le prix Scerbanenco en 2009 pour le quatrième volume des enquêtes du commissaire Bordelli. Traduite dans plusieurs pays, cette série s'est déjà vendue à plus de 300.000 exemplaires dans la péninsule.

6 commentaires:

  1. Hé oui (j'adore ta référence Derrick, oui, pour l'enquête, il y a de ça). Mais c'est pour l'atmosphère , le commissaire (et ses potes) qu'on lit ce bouquin...

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    1. Exactement ! Ah je suis fière de moi ! Livre lu dans le mois de l'emprunt, et commenté à peine un peu plus d'un mois après ! Mon billet sur celui en Corée du Nord arrive ! Trop forte, la fille ! :-P

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  2. Pas spécialement envie de ma balader dans les rues de Florence, même avec le commissaire Bordelli :p

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    1. Haha j'imagine la scène au sens littéral et je me dis que c'est bien dommage.;-)

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  3. pour l'Italie peut-être alors!

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    1. C'est vrai, j'aurais pu le glisser pour l'Italie ! J'avais totalement oublié ce mois italien à mon retour de vacances... d'Italie ! (le comble) Si d'autres lectures italiennes se profilent en octobre, j'y penserai !:-)

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