jeudi 5 mai 2016

THE PRESTIGE


THE PRESTIGE

( LE PRESTIGE )

Pfiou ! Prendre une claque à la fin d'un roman ! Réaliser à la toute fin du récit toute sa subtilité, condensée déjà dans le titre. Comprendre sa portée, qu'on ne mesurait pas en cours de lecture. J'adore ce genre de tour de force ! Pour le coup, on pourrait dire que l'auteur, Christopher Priest, est un sacré magicien de l'intrigue. J'ai dû sortir de là hébétée, telle une spectatrice qui s'est fait prendre à un tour de prestidigitation. Ce titre... lourd de sens... Tout ce que ça implique... 

Une intrigue qui, pourtant, au premier abord, ne laissait rien présager de fantastique. Une histoire de rivalité entre deux grands magiciens anglais de la fin du 19è siècle, Alfred Borden et Rupert Angier. Pas des magiciens aux pouvoirs magiques ou hors normes, de l'engeance des Harry Potter, non, des illusionnistes, des magiciens de tours de cartes, lapin dans le chapeau et autres tours de passe-passe.
Voilà un univers qui ne m'attirait pas spécifiquement, en roman du moins, car si ça peut m'amuser de me laisser avoir par un tour de magie en live, j'avais un peu peur de m'ennuyer en compagnie de ces gens du spectacle, peut-être parce que c'est un univers qui m'est un peu obscur.

L'histoire commence au 20è siècle, avec les arrières-petits-enfants de ces magiciens, Andrew Borden et Kate Angier. Cette dernière monte un subterfuge pour rencontrer Andrew et tenter de lever le voile sur un mystère qui date de son enfance et dont les origines remonteraient au conflit qui oppose leurs familles depuis trois générations. Par journaux intimes interposés, nous découvrons alors leur histoire ainsi que celle de leurs arrières-grands-parents.

Grand talent de manipulation de l'auteur dans la construction de son intrigue qui nous balade mine de rien dans l'univers des illusionnistes et du spectacle de la fin du 19è siècle ! Il distillera au fur et à mesure du récit assez d'éléments pour maintenir un certain suspens, éveiller la curiosité, disséminant ici et là des phrases énigmatiques et des indices qui nous reviendront en mémoire une fois le tour révélé mais sans jamais rien laisser échapper qui puisse nous laisser suspecter le spectacle final. Très subtil.

J'ai été moins sensible à la description de leurs tours, le côté technique et certains aspects du récit tels le quotidien des magiciens, leur routine, leurs galères, qui me laissaient un peu de marbre, me donnant parfois le sentiment de quelques longueurs (notamment dans le journal de Rupert Angier), mais j'ai été fascinée par leur passion dans ce métier, la description du coeur de cet art qui peut mener à une certaine folie.

J'ai apprécié aussi l'aspect purement SF qui ne se révèle vraiment que vers le dernier tiers du livre. Je l'attendais, je le cherchais car la thématique "magie" seule, même façon Houdini ou David Copperfield, ne justifiait pas le classement de ce roman dans cette catégorie. Je n'ai pas été déçue. L'idée de ce tour ultime de Rupert Angier, lourd de conséquences, est formidablement bien exploitée et me laisse encore songeuse. Sans parler du cas Alfred Borden, une autre surprise de taille. Mais ce qui m'a foutu la vraie claque, c'est quand même Andrew Borden. Intéressant aussi l'aspect scientifique, le début de l'ère de l'électricité, encore à ses balbutiements à la fin du 19è siècle.

Un roman qui joue beaucoup autour de la thématique du double, sous différents angles de vue et à de multiples niveaux. Fascinant !

Ce livre a été adapté en 2006 par Christopher Nolan avec Hugh Jackman et Christian Bale. Je suis convaincue de l'avoir vu à l'époque, et en même temps j'ai de gros doutes et je me demande si je ne confonds pas avec un autre film. La lecture de ce roman ne m'a pas permis de trancher, je n'y retrouvais rien de familier, j'ai d'autres images en tête, et en même temps, ces images me semblent conformes au film qui a fait de sacrés réajustemenst de scénario si j'en crois le net. Cela a un peu perturbé ma lecture...

L'auteur
Né en 1943 en Angleterre, Christopher Priest est considéré comme l'un des écrivains les plus originaux de la littérature anglo-saxonne et a écrit quelques-uns des textes majeurs de l'imaginaire contemporain : Le Monde inverti, La Séparation, ou encore La Fontaine pétrifiante.

Intègre  

10 commentaires:

  1. Je ne savais même pas qu'il s'agissait d'un roman au départ (et je n'avais même pas vérifié). Le film était génial et tu m'avais donné envie de lire le livre. (Même si je suppose que pour les "surprises", c'est raté.)

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    1. J'ai dû aller voir les spoilers sur le film et surtout sa fin (en grande discussion sur le net) pour vérifier si on pouvait encore être surpris par le livre, et je dirais oui.;-) En fait, Nolan semble avoir mis entre parenthèses l'histoire des petits-enfants, se limitant à celle des magiciens, donc ça change pas mal le contexte et l'issue de l'histoire. Bon bien sûr, les grosses "surprises" sont largement les mêmes à quelques variantes près mais il y a quand même quelques twists majeurs qui me semblent manquer dans le film.

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  2. A la médiathèque, pas de roman, mais le film, oui, ça parle bien de rivalité entre magiciens...

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    1. Oui, une thématique qui peut mener à bien des intrigues et des récits.;-) Je suis de plus en plus convaincue d'avoir vu le film mais il m'en reste de vagues souvenirs, très étonnamment, quelques images fortes, mais quasi rien de l'intrigue en elle-même. Je crois que j'étais sortie de là confuse et dubitative. Possible que je n'y ai rien compris. Alors que le roman... ;-)

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  3. J'aime beaucoup le film. Mais je n'ai pas lu le livre. Pourquoi pas un jour histoire de découvrir ce qu'il s'y passe à la base.

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    1. D'après ce que j'ai pu glaner sur le net, Nolan s'est permis quelques libertés dans l'adaptation du roman. Ce n'est du coup pas trop redondant de lire le roman après avoir vu le fim, même si bien sûr, tu ne seras certainement pas aussi soufflée que moi par certaines révélations.:-)

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  4. Punaise, tu arriverais presque à me convaincre de lire de la SF ;)

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  5. Je ne connais pas du tout, ni l'auteur ni le titre.
    J'ai abandonné la SF depuis longtemps. Peut-être y reviendrai-je un jour...
    Bon weekend.

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    1. "La" SF, c'est tellement large comme catégorie. C'est dommage de tout y abandonner car il y a vraiment du bon dans le lot, des choses très space opera et post-apocalyptique certes, mais aussi des choses plus classiques, à peine teintées d'anticipation et d'imaginaire.;-)
      Bon weekend.

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