mercredi 31 août 2016

UNE CATASTROPHE NATURELLE


UNE CATASTROPHE NATURELLE

traduit du néerlandais par Danielle Losman

Un titre qui aurait dû me faire tilt et pourtant, je ne sais pourquoi, j'étais loin de m'imaginer que ce roman tournerait vraiment autour du récit d'une catastrophe naturelle... Qui a véritablement eu lieu en 1953. Une tempête d'envergure phénoménale qui a conduit à une inondation historique dans la province de Zélande, aux Pays-Bas, et qui a littéralement noyé l'île de Schouwen-Duiveland et ses habitants.
Un roman qui a résonné en moi et dont j'ai ressenti avec force les événements liés à ce drame alors que l'on sortait à peine des crues et montées des eaux impressionnantes en France (euh, j'ai lu ce livre début juillet) (ouioui, j'ai un gros retard de billets...). La Seine à Paris m'avait vraiment fichu une belle frayeur !
Une coïncidence de choix de lecture donc qui, couplée avec le talent de l'auteure, Margriet de Moor, pour restituer ce drame avec un réalisme saisissant, m'a permis de le ressentir presque comme si j'y étais, ce qui est une expérience de lecture assez particulière.

Mais au fait, à quoi m'attendais-je donc en ouvrant ce livre, si ce n'est à lire le récit d'une catastrophe naturelle ? Hé bien en fait, à une histoire de famille, autour de deux soeurs qui se ressemblent. C'est ce que j'avais retenu de la quatrième de couv' qu'il faut avouer, j'avais à peine lue en diagonal... Et ce n'est pas totalement faux en réalité. Normalement, je ne suis pas très histoire de famille, secret de famille, etc, une thématique qui me barbe et que je contourne souvent en lecture, mais là je ne sais pas, il y avait cette idée de soeurs qui se ressemblent, d'échange fatal de destins et de conséquences que je trouvais intéressante.

"Il se fait que mon passé a été échangé contre le sien, alors que son avenir devient le mien."

Une histoire et une réflexion autour de l'échange involontaire de vies et de destins donc, habilement développées par l'auteure jusqu'à la toute fin, avec en fond cette histoire de catastrophe naturelle. En fond ou en premier plan, selon le point de vue.

Je ne dirais pas que ça m'a passionnée mais j'ai été tout de même portée par ce récit qui avait quelque chose d'envoûtant, d'hypnotique. Le destin tragique de ces soeurs très liées, avec le poids de la culpabilité pour l'une qui, parce que l'autre a péri noyée à sa place, se sent obligée de faire vivre sa soeur à travers elle-même, de mener le destin que sa soeur aurait dû mener, c'est assez particulier et troublant quand on y pense bien. Et puis cette catastrophe naturelle ravivée avec force, le sort de ces habitants qui nous fait frémir parce qu'on ne peut s'empêcher de se dire que ce sont des fait réels, même si romancés, c'était singulièrement prenant.

J'ai trouvé que ce roman était également une "belle" réflexion sur la mort, l'être humain face à l'inéluctable, face à ses dernières heures, ses  dernières minutes. Étrangement, c'est ce qui m'a le plus marquée et que j'ai trouvé très bien exploré.

"Quand ton corps tremble de froid, il ne peut trembler en plus pour autre chose."

"C'est drôle, aussi longtemps que tu restes à te cramponner à un morceau de bois, tu restes à te cramponner aux grandes questions existentielles, aussi froides et insignifiantes qu'elles soient devenues entre-temps. Laisse-toi aller, bon sang, tu seras alors enfin débarrassée des ultimes questions..."

Petit bémol sur le style ou la traduction qui avait quelque chose de suranné, raide ou un peu maladroit. Je me suis demandée si ce n'était pas quelque chose de néerlandais plutôt. Bref, une lecture pas si fluide mais qui se laisse lire tout de même.

L'auteure
Margriet de Moor, née en 1941, est Hollandaise. Après avoir étudié le chant et le piano et mené une carrière de chanteuse, elle a commencé à écrire en 1988. Son premier recueil de nouvelles est un succès, que confirme avec éclat son premier roman Gris d'abord puis blanc puis bleu, qualifié de chef-d'oeuvre par la critique. Ont suivi Le Virtuose, Duc d'Égypte et Le Rendez-Vous.

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Pays-Bas => 16/28

12 commentaires:

  1. Dans ma PAL depuis sa sortie, j'aurais dû profiter des inondations...

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    1. Tu auras peut-être une prochaine occasion. Enfin, je n'espère pas trop... La solution, c'est de le lire en dehors de considérations climatiques.:-)

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  2. J'étais au courant de ces inondations de 1953 (et récemment posais la question 'qu'ont prévu les hollandais avec la future montée des eaux?')

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    1. A priori, c'est une problématique qui est loin d'être résolue, même s'ils ont déjà largement amélioré les installations préventives depuis.

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  3. Je n'avais pas du tout accroché ��

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  4. Très connue en Belgique (le plat pays dans sa partie flamande), cette catastrophe. Je note ce titre, merci !

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    1. Ah oui ? Ça devait vraiment être quelque chose. Déjà ici en France, vivre les crues en live, c'était inquiétant, alors que ce n'était pas exactement de la même ampleur. Ce roman devrait te parler alors.

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  5. Inconnu au bataillon, il a l'air de résister un peu non ?

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    1. Je ne connaissais pas cette auteure non plus au départ. La littérature néerlandaise n'est pas très populaire en France, pas particulièrement mise en avant. J'ai eu beaucoup de mal à me trouver un livre pour ce challenge, mais je ne regrette pas cette découverte.

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  6. Et bien figure toi que l'été dernier, quand je suis allée à Amsterdam, j'ai cherché un livre néerlandais traduit en Français, et je suis restée bredouille. Alors pourquoi pas ce titre, que tu rends intéressant dans ton billet. Et puis, cela me permettra de continuer mon tour du monde littéraire, même si je suis méga plus lente que toi et moins acharnée !!!

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    1. Ben moi c'est pas vraiment de l'acharnement, c'est que je suis naturellement curieuse de la littérature du monde, donc dès qu'il y a une occase, j'avoue, je saute un peu dessus.;-) Je ne sais pas trop si tu y trouveras ton compte avec ce livre-là. Côté Pays-Bas, je te recommanderais plutôt "Le Dîner" de Herman Koch.

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