PEAU D'HOMME

PEAU D'HOMME

 

Aaaah cet album m'aura demandé bien de la patience avant de me laisser lui mettre la main dessus à la bib' ! Il me tardait de découvrir cette merveille ! J'en attendais beaucoup forcément au vu des nombreux avis dithyrambiques et je ne doutais pas une seconde que je serais moi aussi complètement séduite. Rien que le titre interpelle, intrigue, et n'était pas sans m'évoquer un conte bien connu, ce qui était plutôt prometteur pour moi qui suis férue de contes, revisités ou non. Beaucoup d'attentes donc pour cet album. Peut-être trop...

L'histoire, située dans l'Italie de la Renaissance, semble au départ assez classique : Bianca, jeune fille de bonne famille, est promise à Giovanni, un jeune et riche marchand, mais elle ignore tout de lui, ce qu'elle déplore, même si elle s'est résignée à ce mariage arrangé. Sa tante lui révèle alors un secret détenu et légué par les femmes de leur famille depuis des générations - et là, on dévie vers du moins classique^^ : une "peau d'homme" qui permet à celle qui la revêt de se transformer en homme. Voilà qui va permettre à Bianca, sous les traits de Lorenzo, de visiter incognito le monde des hommes et d'apprendre ainsi à connaître son futur époux sans qu'il se doute de quoi que ce soit.

L'idée de cette intrigue était intéressante mais son traitement peut-être un peu "surréaliste", trop "surmoderne" dans le contexte de l'Italie de la Renaissance, comme un fantasme d'auteur, du coup ça perdait un peu en crédibilité pour moi.

Ce qui ne m'a pas trop convaincue, c'est que lorsque Bianca se transforme pour la première fois en Lorenzo pour essayer de mieux connaître Giovanni, assez rapidement, attention spoiler elle noue des relations intimes avec lui en tant qu'homme mais sans que ce soit bien clair sur quelle base. Coup de foudre, envie d'un soir, curiosité ? Très rapidement en tout cas, ils deviennent amants, comme ça. J'aurais pensé que mieux connaître quelqu'un, ça aurait été autour du caractère de la personne, ou des intérêts communs, pas juste sexuellement en tout cas, mais peut-être est-ce moi qui fantasme. 😆 Et pourquoi s'étonne-t-elle par la suite que Giovanni ne manifeste aucun intérêt pour elle = pour le corps de Bianca, puisque de toute façon, ce n'est clairement pas l'intellect de Lorenzo = l'intellect de Bianca, qui l'avait attiré. Bref.

Je n'ai pas bien saisi non plus comment appréhender attention spoiler la sorte de bisexualité de Bianca qui n'en est pas vraiment une non plus. Est-elle Lorenzo ou Bianca en fin de compte, et en quoi ça l'embête que Giovanni l'aime en tant que Lorenzo et non en tant que Bianca alors qu'elle profite bien du rôle qu'elle joue en incarnant Lorenzo ?

Bref, j'ai surtout eu l'impression d'histoires de coucheries principalement, avec comme message, chacun devrait être libre de ses choix sexuels, et en conclusion, le couple libre, c'est la solution idéale...

Ça m'a semblé un album un peu fourre-tout qui voulait traiter à la fois du rôle assigné à la femme dans la société, de ses droits bafoués, alors que l'homme a, comme toujours, tous les pouvoirs, et de la liberté sexuelle, aussi bien des hommes que des femmes, avec l'accent mis sur l'homosexualité. Et puis bien sûr, la question du genre, à travers cette peau d'homme qui permet d'explorer sa part féminine et sa part masculine. Des questions soulevées et des réflexions pertinentes, mais aussi des éléments abordés un peu en surface, vite survolés à mon goût.

L'aspect le mieux traité et le plus intéressant pour moi, c'était le poids de la religion à cette époque, à travers le fanatisme et l'hypocrisie de Fra Angelo, peut-être parce que ça collait plus au contexte historique.

Graphiquement, même si je n'en suis pas vraiment fan, j'ai beaucoup aimé le parti pris de grandes planches hautes en longueur, des traits simples et des grands aplats de couleur. Ça confère une certaine ambiance, assez médiévale/renaissance, d'époque disons, avec un air de contes et légendes qui s'harmonise bien avec l'histoire.

Les auteurs

Hubert (scénario)

Zanzim (dessins et couleurs)