LES FORCEURS DE BLOCUS

Je naviguais par temps calme sur une mer sans remous, cap vers LA Baleine, aka Moby Dick (encore à quelques milles), quand Violette me contacta pour savoir si elle pouvait passer par Les Forceurs de blocus de Jules Verne pendant la traversée. Inconnu au bataillon, je me plonge dans les journaux de bord modernes, aka le net : gros navire en couverture, les termes "traversée, équipage, péripéties maritimes" dans le résumé que je survole... No problemo, on est dans le thème.

J'allais reprendre ma course tranquillement quand ces mots me sautèrent aux yeux : "guerre de Sécession". Ah ? Jules Verne, c'est un traumatisme d'enfance, le souvenir d'une lecture obscure, pas très accessible ni sympathique, un abandon rapide, je n'étais pas près d'embarquer avec lui de si tôt, book trip ou non. Mais la guerre de Sécession, c'est une thématique à laquelle je résiste mal et j'étais curieuse de voir ce qu'un auteur français du 19e siècle, contemporain de cette guerre, aurait à en dire. L'occasion idéale de retenter Jules Verne ? 96 pages, c'était un court détour, pas trop de prise de risques. Allez, j'allais peut-être avoir une révélation finalement. J'ai donc rejoint Violette dans l'aventure, rapidement suivi de Claudialucia.

Le résumé de l'éditeur (juste parfait, il n'en dit pas trop) :

"Janvier 1863. Pour faire face à la pénurie de coton en Angleterre, le capitaine James Playfair veut traverser l'Atlantique et forcer le blocus de Charleston où il pourra échanger sa cargaison d'armes contre la ressource tant convoitée. Mais le voyage n'est pas sans risque : en pleine guerre de Sécession, le sud des États-Unis est à feu et à sang.

Tandis que Le Delphin largue les amarres, un certain Crockston et son neveu embarquent parmi l'équipage. Très vite, leur comportement semble suspect. Ces mystérieux passagers pourraient bien entraîner James Playfair dans une aventure plus périlleuse que prévu..."

Cette fois, j'ai dépassé sans peine les premières pages et j'ai apprécié qu'on rentre rapidement dans le vif du sujet. Le roman est court, l'auteur va droit à l'essentiel, en prenant tout de même le soin de dépeindre le contexte économique, la société et l'ambiance de l'époque dans un style plutôt vivant et dynamique. On est dans un récit d'aventures et c'est plutôt rythmé, ce qui ne gâche rien.

J'ai bien aimé les personnages et leur interaction un rien comique et théâtrale. Crockston en particulier m'a beaucoup amusée, un sacré phénomène, qui ne doute de rien, un personnage très réussi. J'ai en revanche été un peu agacée par le "neveu" et la façon dont James Playfair attention spoiler se laissait manipuler, mais bon, sans cela, l'intrigue tombait à l'eau. 😆

Je n'ai pas été déçue par la façon dont Jules Verne a animé son récit de quelques débats et opinions sur les abolitionnistes et les esclavagistes en incluant un point de vue britannique. C'était peut-être un peu simpliste, on sent qu'on n'est pas là pour s'étendre sur le sujet, mais bon, cet aperçu m'a satisfaite.

La fin m'a, en revanche, paru balayée un peu vite fait, tout s'est dénoué avec une facilité déconcertante, mais je n'ai pas trop tatillonné pour une fois, mettant cela sur le compte du roman court. Ça m'a par ailleurs davantage fait sourire qu'énervée.

Dans l'ensemble, j'ai trouvé ça "mignon".^^ C'est une novella qui m'a plutôt divertie et amusée, mais à l'intrigue tout de même bien basique et prévisible (à part un rebondissement inattendu au début, qui change tout le cours de l'histoire) quoiqu'intéressante pour son point de vue britannique (et aussi français via l'auteur) sur la guerre de Sécession dont je n'avais eu jusqu'à présent qu'une vision de l'intérieur.

Extrait illustrant comment Jules Verne se débarrasse d'une description d'un voyage en mer 😆 :

"Ce que fut la traversée de l'Atlantique, il est inutile de le raconter."

LC avec Violette et Claudialucia.

Intègre le

Total à date => 11 points (96 pages + LC)

⛵ Me voilà officiellement matelot !^^