dimanche 9 décembre 2012

BITING THE WAX TADPOLE


BITING THE WAX TADPOLE

        deux sous-titres suivant l'édition :
     - CONFESSIONS OF A LANGUAGE FANATIC (US)
     - MISADVENTURES OF AN ARMCHAIR LINGUIST (UK)

CONFESSIONS D'UNE FANATIQUE DES LANGUES )


"Ça y est ! Elle recommence à faire sa bavarde !" m'étais-je exclamée à la lecture des premières pages, où l'auteure, Elizabeth Little, en guise d'introduction, nous explique comment elle a galéré pour pouvoir demander, en chinois, un menu dans un restaurant à Nachang. C'est que sa propension à s'épancher sur sa vie m'avait déjà été pénible dans son ouvrage Trip of the Tongue, où cette fanatique des langues nous proposait un voyage sociolinguistique à travers les États-Unis.

Heureusement, ici, très vite, l'auteure rentre dans le vif du sujet et l'anecdotique ne tourne plus uniquement autour de sa personne et de ses divers états d'âme, mais sur ce qui la fascine tant dans les langues et qui font de ces dernières un sujet captivant, enthousiasmant, et même amusant à l'étude. En cela, je la rejoins totalement, je trouve l'étude des langues passionnante et je me suis retrouvée dans ce livre sur plusieurs points, bien qu'à un degré de fanatisme moindre quand même.:D

C'est vrai qu'étudier une langue, même en surface, ouvre la porte à une autre culture, un nouvel univers, c'est une aventure en soi, accessible sans avoir à voyager bien loin puisqu'on peut parfaitement étudier chez soi. Et c'est impressionnant ce qu'une langue peut en dire sur une culture, son histoire et ses locuteurs.    

Bien qu'on aborde des sujets à première vue aussi peu glamours que les noms, adjectifs, adverbes, verbes, l'auteure ne s'embourbe pas dans une terminologie grammaticale sans fin et nous fait voyager à travers les merveilles et étrangetés du langage et des langues aux quatre coins du monde, mais également des langues rares, mortes, ou même inventées. Tant de manières d'exprimer une seule et même chose, comme des milliers de puzzles représentant la même image mais dont chaque pièce et combinaison seraient différentes, ça en est vertigineux!

En vrac, on découvrira par exemple qu'en Islande, les noms propres sont déclinés grammaticalement. Il est donc indispensable que le nom de chaque nouveau-né soit approuvé par un comité spécial car il doit contenir les lettres de l'alphabet islandais. On sera surpris d'apprendre que s'il y a des langues dans lesquelles le nom commun a un indicateur temporel, comme si c'était un verbe, une autre, étonnamment, n'a pas de verbe dans sa structure grammaticale ! La langue parlée par Jabba the Hutt dans "Star Wars" a été modelée sur celle du quetchua, une des langues les régulières. La langue navajo, quant à elle, a servi de cryptage militaire pendant la seconde guerre mondiale et n'a jamais pu être décodée par les Japonais, tellement elle est complexe d'un point de vue structurel. La façon de compter également n'est pas uniforme dans toutes les langues. Notre système de numération est décimal, ce qui provient probablement du fait qu'on compte sur nos dix doigts, mais certaines cultures comptent sur une base 20, et les Yuki, eux, comptent sur une base 8, originairement les huit espaces entre les doigts ! Enfin, en shona, une langue bantu, il n'existe pas de mot pour les couleurs verte et bleu, ce qui ne les empêche pas de pouvoir en parler !

C'est un ouvrage plutôt ludique et instructif, bien que son but ne soit pas tant d'instruire que de partager une passion, l'expliquer et encourager les plus frileux à se lancer dans l'aventure, ce qui en fait un livre largement accessible à tous, bourré d'anecdotes et réflexions amusantes, dont par exemple encore, celle qui est à l'origine du titre original, "Biting the Wax Tadpole", qui pourrait se traduire par "mordre le têtard de cire", le sens littéral des idéogrammes correspondant phonétiquement à Coca-Cola en chinois !

On s'amuse beaucoup à la lecture de toutes ces anecdotes, mais l'auteure ne cache pas non plus les difficultés liées à l'apprentissage d'une langue, la prononciation entre autres, sans parler des langues à tons. Il faut également apprendre des mots et des alphabets par coeur, assimiler la structure de la langue, et l'étudier dans un livre peut être relativement aisé, mais la parler en public ET se faire comprendre, c'est une autre paire de manches.

Par ailleurs, ses propos ne sont pas toujours précis ni exacts, mais, à sa décharge, elle ne se positionne pas non plus en experte linguistique. Ce livre découle simplement de sa curiosité naturelle du phénomène du langage et de sa passion pour les langues. On survole donc les thématiques linguistiques plus que l'on n'analyse les données en profondeur. Je n'étais pas entièrement d'accord par exemple, avec son explication approximative de l'utilisation du tutoiement et du vouvoiement en français.

Cet ouvrage est en tout cas une introduction intéressante aux langues et à ce qui les rend si attrayantes et intrigantes, et pourrait même pousser les plus réticents à tenter l'aventure d'en apprendre une !
J'ai beaucoup aimé aussi les titres de ses livres de langues, comme Gaelic Without Groans.:D 


Lecture commune avec Loo, très très bon choix de livre !

4 commentaires:

  1. Ce coup ci, je sens que c'est ton créneau... et le mien!!!

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    1. Clairement, et je dirais même plus, c'est à mettre entre les mains de tout le monde, même des non-passionnés des langues car cet ouvrage les dédiabolise complètement, les rendant vraiment sympathiques. C'est un peu le pendant linguistique des livres de maths pour tous.;)

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  2. Sympa ton article. Je vois que l'on a plus ou moins repris les même exemples. C'est vrai que la lecture est originale et la façon de l'aborder aussi. On avait déjà le sourire avec le koala maintenat quand je boirai un coca je ne pourrai pas m'empêcher d'avoir aussi le sourire.

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    1. Pareil ! Quoique ces derniers temps, j'essaie me sevrer !
      Je dois lui reconnaître une qualité à cette pipelette : son enthousiasme ! (qui est généralement assez typique des gens bavards ) Du coup, l'étude des langues apparaît comme une activité particulièrement réjouissante et elle en parle avec un enthousiasme communicatif. Et autre point positif, elle arrive à traiter son sujet de façon relativement poussée sans en faire un pavé indigeste, et ça c'est vraiment appréciable.

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