LE PLACARD
traduit du coréen par Choi Kyungran et Pierre Bisiou
Bon, comment parler de ce livre dont le titre est loin d'être affriolant et si peu éloquent que vous serez à mille lieues d'imaginer ce dont il s'agit ? D'ailleurs, inutile d'imaginer quoi que ce soit, l'auteur l'annonce d'emblée :
"Donc ne fantasmez pas au sujet de ce placard.
Si, par hasard, vous avez l'intention de lire cette histoire
Je vous conseille de renoncer à tout romantisme vain.
Si vous y tenez et que vous poursuivez,
Quoi que vous ayez imaginé
Vous allez vers des déceptions."
Le ton est donné, même si on ne sait pas bien lequel. On est tellement loin de tout ce qui est imaginable qu'on ne peut être déçu.^^ Enfin ... si tant est que l'on aime s'aventurer hors des sentiers battus, dans le totalement barré et en même temps profondément subtil et cohérent. Des fois, on a l'impression qu'il faut recaler son cerveau à l'heure de l'auteur pour être en phase.
Car oui... Encore un livre catégorie OLNI, qui m'a parfois fait penser à La guerre des salamandres de Karel Čapek (même si le sujet n'a rien à voir), dans l'absurde, le décalé, le totalement délirant. Par moment, j'ai franchement hurlé de rire telle la hyène hilare démente !
Je ne vais pas m'enliser dans une tentative de résumé mais, en quelques mots pour situer le contexte, on croisera dans ce roman des "symptomatiques", soit des individus au quotidien aberrant et stupéfiant, qui affichent des différences et bizarreries physiques ou comportementales, et dont les cas, archivés dans ce fameux placard du titre, fascinent et occupent notre narrateur, employé de bureau.
Ce qui m'a frappée ici, et que j'ai particulièrement aimé, c'est de trouver mes repères dans ce quotidien coréen, de comprendre cet employé, d'être dépaysée mais en même temps en terrain familier.
Je trouve cela toujours excitant et fascinant de constater que, finalement, nous éprouvons les mêmes choses d'un pays, d'une culture à l'autre, que nous avons les mêmes observations, les mêmes réflexions sur le comportement humain, la vie, son sens, le quotidien. Ce roman un poil satirique dépeint une société qu'on peut aisément identifier d'un continent à l'autre.
Je trouve cela toujours excitant et fascinant de constater que, finalement, nous éprouvons les mêmes choses d'un pays, d'une culture à l'autre, que nous avons les mêmes observations, les mêmes réflexions sur le comportement humain, la vie, son sens, le quotidien. Ce roman un poil satirique dépeint une société qu'on peut aisément identifier d'un continent à l'autre.
J'ai adoré aussi la façon dont le narrateur s'adressait à nous constamment, comme à un interlocuteur direct, et son franc-parler, brut, direct, pas totalement familier mais sans chichi.
Des centaines de bons passages :
"Les malheurs n'arrivent pas en forme de remboursement mensuel. Ils arrivent toujours en somme brute. C'est pour ça que c'est difficile de les gérer."
Le narrateur, dans une période de désoeuvrement, limite dépressif :
"Les canettes vides, je les pilonne. Massacrer la canette... Ce n'est pas un simple détail, c'est un moment crucial ! Ça peut paraître idiot, mais au moment où on écrase l'aluminium surgit un sentiment de destruction du genre "Advienne que pourra", qui donne la force de sortir la nouvelle canette du frigo." (j'adore !)
Et dans toute cette succession de cas bizarres énumérés et détaillés, il y a une intrigue tout de même, qui se tient, tout aussi étrange que le reste, mais cohérente, et j'ai trouvé ça assez fort de la part de l'auteur de réussir à lier le tout de façon aussi jubilatoire.
C'est particulier donc mais j'ai adoré !
Roman repéré chez Keisha, et aux éditions Gingko, que décidément j'apprécie de plus en plus ! Ces derniers y voient "Les Temps Modernes" de Chaplin, du Céline (pas lu) et surtout le Candide de Voltaire - OK ! Je ne suis pas assez experte sur le coup pour les contredire.^^
Roman repéré chez Keisha, et aux éditions Gingko, que décidément j'apprécie de plus en plus ! Ces derniers y voient "Les Temps Modernes" de Chaplin, du Céline (pas lu) et surtout le Candide de Voltaire - OK ! Je ne suis pas assez experte sur le coup pour les contredire.^^
L'auteur
Kim Un-su est né en 1972 à Busan, Corée du sud. Après des études de littérature coréenne à l'université Kyung Hee, il publie en 2003 son premier roman Quitter Vendredi, remarqué par la critique. En 2006 avec Le Placard il est le lauréat du prix Munhakdongne. Son dernier roman Les planificateurs a été publié en 2010.
Ouf, c'était bien ton créneau. Tu es prête pour ma Volkswagen, je le sens(mais en plus raide - quoique)(j'aime de plus en plus ma Volkswagen)
RépondreSupprimerSi j'ai bien compris, ce roman passera de main à l'autre au festival?
Oui, je te le rendrai au Festival - mais je peux te le renvoyer aussi en fait, quand j'y pense. C'est peut-être mieux pour ta valise.;-) Surtout si tu comptes repartir avec des livres du salon. :-)
SupprimerBien noté, surligné même, la Volkswagen.^^ J'ai vu que c'était à la bib' mais déjà emprunté...
Et bien moi qui cherchait à m'intéresser à la littérature coréenne, je sais par quel récit commencer =) En plus, j'adore ce genre d'humour satirique !
RépondreSupprimerAah je ne sais pas si celui-là est un des plus représentatifs de la littérature coréenne. Il est quand même particulièrement barré.^^ Moi j'adore les auteurs un peu décalés et délirants mais ça ne convient pas toujours à tout le monde. Bon, celui-là est barré accessible tout de même, peut-être que tu apprécieras.
SupprimerJe suis complètement néophyte en littérature coréenne... alors je note !
RépondreSupprimerRetiens bien quand même que l'auteur prévient dès le départ de "renoncer à tout romantisme vain" en abordant ce livre, sous peine de déception.;-)
SupprimerComme je disais plus haut, ce roman n'est peut-être pas l'un des plus représentatifs de la littérature coréenne, mais n'étant pas experte moi-même, peut-être qu'il y a plus d'auteurs coréens barrés que je ne le pense.:-)
Peut-être trop absurde et décalé pour moi. Si, si, c'est possible...
RépondreSupprimerEt c'est moi ou la couverture est vraiment affreuse ?
Haha ! Bon, la couv' peut laisser dubitatif, c'est vrai, mais elle ne me choque pas comme affreuse (j'en ai vu d'autres^^). Non, elle a même un certain charme délirant tout en étant sobre. Assez dans l'esprit du livre d'ailleurs.;-)
SupprimerJe ne sais pas trop ce qu'il faut en penser...
RépondreSupprimerBonne fin de semaine.
C'est le propre des OLNI, ça peut laisser perplexe, mais surtout, je crois qu'il faut avoir une certaine affinité avec ce genre un peu barré.;-) Bon weekend.
SupprimerAh ! le retour de la hyène hilare !!!! Pourquoi pas, j'ai besoin d'hilarité !!!
RépondreSupprimerMais comme c'est assez OLNI quand même, je ne suis pas sûre que tu accrocherais à 100%. A voir...:-)
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