LEURS CONTES DE PERRAULT
Un remake des contes de Perrault par onze écrivains français contemporains, voilà qui me réjouissait d'avance, moi qui suis particulièrement friande de contes revus, revisités, réadaptés. Ces exercices de réécriture auxquels se prêtent bien des auteurs ne me lassent pas, malgré certaines déceptions. Ces contes qui ont marqué notre enfance sont tellement riches de sens et de réinterprétations possibles qu'il y a toujours matière à surprendre et être surpris.
Les contes revisités : Riquet à la Houppe, Les Fées, Le Chat Botté, Cendrillon, La Barbe bleue, Peau d'Âne, Le Petit Chaperon rouge, La Belle au bois dormant, Griselidis, Le Petit Poucet et Les Souhaits ridicules.
Les écrivains (dans l'ordre des contes repris) : Gérard Mordillat, Frédéric Aribit, Alexis Brocas, Nathalie Azoulai, Cécile Coulon, Fabienne Jacob, Hervé Le Tellier, Leila Slimani, Emmanuelle Pagano, Manuel Candré et Christine Montalbetti.
J'ai été assez amusée par la réécriture de Riquet à la Houppe, très moderne de façon presque irrévérencieuse, grinçante et friponne. J'ai trouvé celle du Chat Botté très originale, judicieuse, surprenante, le chat étant ici un programme informatique. Celle de Cendrillon était assez inattendue mais intéressante du coup, quoique particulière, nous offrant une version presque gay/transgenre du conte. Celle du Petit Chaperon rouge est un sacré travail de réécriture, autant sur la forme que sur le fond, un des textes les plus originaux du recueil, tellement il s'éloigne du conte de Perrault (on part sur une histoire de cinéaste argentin inconnu) tout en en gardant l'esprit.
Je passe sur le reste qui ne m'a pas trop marquée par leur originalité ou qui m'a perdue. Je dois dire qu'à ce stade, comme c'est souvent le cas quand je lis un recueil de nouvelles, j'ai fatigué au bout du 6è ou 7è récit. Je n'arrivais plus à apprécier vraiment ce que je lisais. Du coup, Le Petit Poucet, pourtant admirablement réécrit dans un style homérien bluffant, intégrant en plus du récit d'Ulysse celui du mythe de Thésée, m'a malgré tout laissée de marbre. Quant aux Souhaits ridicules, je m'attendais à mieux et plus, mais surtout, je pensais déjà à ma prochaine lecture.
Je passe sur le reste qui ne m'a pas trop marquée par leur originalité ou qui m'a perdue. Je dois dire qu'à ce stade, comme c'est souvent le cas quand je lis un recueil de nouvelles, j'ai fatigué au bout du 6è ou 7è récit. Je n'arrivais plus à apprécier vraiment ce que je lisais. Du coup, Le Petit Poucet, pourtant admirablement réécrit dans un style homérien bluffant, intégrant en plus du récit d'Ulysse celui du mythe de Thésée, m'a malgré tout laissée de marbre. Quant aux Souhaits ridicules, je m'attendais à mieux et plus, mais surtout, je pensais déjà à ma prochaine lecture.
D'une manière générale, il y a beaucoup d'originalité dans ces réécritures, certaines frôlant même l'excentricité la plus déroutante. Certains auteurs restent plus ou moins fidèles à la trame de départ, tout en apportant leur touche personnelle, d'autres la transforment totalement sans en perdre l'esprit d'origine, d'autres encore semblent s'en inspirer simplement pour partir sur complètement autre chose mais l'âme du conte reste bien présent.
Chaque conte revisité a son propre style, très révélateur de son auteur, j'ai trouvé ça plutôt intéressant car chacun s'est vraiment approprié le conte choisi pour le réécrire à sa manière, suivant ses fantaisies, ce qui donne un recueil de contes variés en formes et en tons.
Chaque conte revisité a son propre style, très révélateur de son auteur, j'ai trouvé ça plutôt intéressant car chacun s'est vraiment approprié le conte choisi pour le réécrire à sa manière, suivant ses fantaisies, ce qui donne un recueil de contes variés en formes et en tons.
Dans chaque récit, on retrouve une certaine cruauté qui sous-tend d'ailleurs les contes originaux, ou plutôt, c'est là qu'on se rend bien compte que ces contes, naïfs et innocents au premier abord, sont assez ambigus pour qu'on puisse les détourner ou les réinterpréter dans leur sens plus cruels.
Un extrait du remake de Riquet à la Houppe par Gérard Mordillat :
"Au mieux, la plus belle des belles avait une cervelle de moineau ; plus exactement une cervelle de colibri tant elle avait l'esprit petit. Gogolita était une princesse sans petit pois. Un piaf avait becqueté celui qu'elle avait dans la tête à sa naissance. Mais dans cet océan de niaiserie, dans ce brouillard d'ignorance, dans ce gouffre de bêtise demeurait une étincelle de raison.
"Je suis vraiment con", pensa Gogolita en se regardant dans son miroir en forme de coeur.
Et cette idée la fit pleurer."
Un recueil qui vaut le détour pour les férus de contes détournés, revisités. On adhère ou pas, je n'ai pas adhéré à tout, m'ennuyant même sur la fin, et le reste ne m'a pas non plus totalement convaincue vraiment. J'ai trouvé ça particulier par moment, singulier, déconcertant.
En tout cas, c'est original, résolument moderne, contemporain, dans le ton, dans l'angle de vue abordé, c'est ce qui m'a vraiment frappée et ce que j'ai trouvé plutôt intéressant.
En tout cas, c'est original, résolument moderne, contemporain, dans le ton, dans l'angle de vue abordé, c'est ce qui m'a vraiment frappée et ce que j'ai trouvé plutôt intéressant.
J'aime assez lire des contes détournés ou réécrits, il y en a pas mal en littératures de l'Imaginaire. Je viens de lire par exemple Victor Dixen qui réécrit "La reine des neiges" et j'ai beaucoup aimé "Le livre des choses perdues" de Connoly, très cruel. Tout ça étant plutôt destiné à un public adolescent.
RépondreSupprimerOui, tu as raison, les littératures de l'imaginaire exploitent pas mal les thématiques des contes de notre enfance en les revisitant. Je n'avais pas tilté, pour le Connolly, qu'il était lié aux contes ! Je note du coup !
SupprimerJ'aurais pu lire ce livre, mais bah, je n'en ai pas fait une priorité. Je ne m'étonne pas de le voir chez toi, vu la thématique 'contes' (et je ne lâche rien pour les BD que j'attends, non mais)
RépondreSupprimerOui, dès que j'ai vu ce titre, il me le fallait de suiiiite !! Bon, le livre n'est pas très exactement à la hauteur de ce que j'en attendais, mais il y aurait un autre recueil de contes revisités sur lequel je tomberais, qu'il me le faudrait de suiiiite également ! (non, ne lâche pas pour les BD, tu tiens le bon bout, j'en suis sûre !)
SupprimerJ'aime beaucoup l'idée, même si je me doute bien que certaines nouvelles me plairont plus que d'autres, c'est le jeu ;-)
RépondreSupprimerOui, exactement ! C'est le jeu !:-) L'initiative et l'exercice restent par ailleurs excellents, même si je n'ai pas adhéré à tout.
SupprimerLe postulat de départ est top, je ne me suis pas encore jetée dessus essentiellement parce qu'il y a peu d'auteurs que je connais bien (et aussi parce que je suis assez réfractaire aux formats courts). Mais vu que je vais bientôt attaquer les romans d'Azoulay et Coulon, je reviendrai lire leur adaptation par la suite (bon ne nous mentons pas, tu n'as pas écrit le billet le plus élogieux non plus).
RépondreSupprimerJe ne connaissais quasi aucun des auteurs non plus, à part Hervé Le Tellier dont j'aime beaucoup l'humour et les traits d'esprit, le côté un peu barré, et 4 ou 5 autres de la liste mais juste de nom. Le Coulon, j'ai détesté, mais à la base, La Barbe bleue n'a jamais été un de mes contes favoris, ça joue peut-être. Pour Azoulai, sa réécriture de Cendrillon vaut le détour. Je ne garantis pas que tu aimerais (je me pose encore la question pour moi-même), mais ça vaut le détour.;-)
SupprimerJ'aime aussi beaucoup l'idée et je pourrais me laisser tenter même si je connais peu les auteurs-participants. C'est le genre de recueil dans lequel il faut picorer je crois, plutôt que d'enchainer toutes les lectures, non?
RépondreSupprimerOui, je pense que c'est tout à fait le genre de recueil dans lequel il faut picorer, plutôt que tout ingurgiter d'une traite. Mais je suis une gourmande. Une fois ouverts le paquet de chips, la boîte de chocolats, etc, je les termine, même si l'écoeurement me guette. Ça a toujours été un de mes grands problèmes !;-) Bon, pour les livres, c'est surtout pour pouvoir sereinement passer à un autre ouvrage, sans me dire que j'en ai déjà un en cours (le risque, c'est l'oubli ou l'abandon).
SupprimerDéjà au départ, l'idée n'est pas follement originale malgré les apparences. Pour le coup, je vais passer sans regret.
RépondreSupprimerFair enough, répondrais-je simplement.;-)
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