mardi 12 janvier 2016

THE HAIRDRESSER OF HARARE


THE HAIRDRESSER OF HARARE

( LE MEILLEUR COIFFEUR DE HARARE )


À Harare, capitale du Zimbabwe, Vimbai est reconnue comme la meilleure coiffeuse des environs. Le salon de Mme Khumalo où elle travaille ne désemplit pas grâce à elle. Tout roule donc, non pas dans le meilleur des mondes toutefois car le Zimbabwe traverse une grave crise économique (le récit se situe à l'aube des années 2010) et bat tous les records d'inflation. La population est contrainte de revenir au troc et le régime en place n'hésite pas à se servir de l'armée pour maintenir l'ordre dans le sens où il l'entend. L'auteur, Tendai Huchu, ne s'appesantit pas sur ces aspects du pays, mais c'est le quotidien des Zimbabwéens, aussi les retrouverons-nous en filigrane tout le long du récit.

L'histoire en elle-même, bien que pas aussi dramatique que la situation du pays, n'est pourtant pas aussi légère qu'il y paraît. Certes, les personnages, hauts en couleur, sont truculents dans leurs échanges, le salon est le théâtre de bien des situations qui prêtent à sourire, mais l'arrivée de Dumi, un jeune homme embauché comme coiffeur, va bousculer la vie presque tranquille et routinière de Vimbai. Qu'on ne s'y trompe pas, le récit ne bascule pas subitement dans le mièvre et l'eau de rose mais en dire plus serait dévoiler une partie du récit (qu'on devinera toutefois assez vite). Tout au plus pourrais-je rajouter que le talent de Dumi détrône celui de Vimbai qui va très vite le jalouser et le détester. Malgré tout, les circonstances vont les rapprocher, et c'est là que l'histoire commence, ou continue.:-)

J'ai bien aimé ce roman pour son intrigue dont j'ai aimé l'évolution. Une évolution qui a la saveur des comédies dramatiques avec un soupçon de feel-good et son lot de tragédies, familiales en particulier, personnelles aussi. Dans l'ensemble, il y a un bon équilibre, un bon dosage dans les ingrédients qui font une belle et bonne histoire, mais le mélange était un poil lisse quand même peut-être à mon goût pour que j'en fasse plus qu'un bon roman (j'ai un peu tiqué sur certains retournements de situation, notamment vers la fin, l'attitude de Vimbai). 
J'ai aimé ce roman aussi pour l'aperçu qu'il nous donne de la situation au Zimbabwe, pour le portrait de ses habitants, de leur quotidien, de leur mode de vie, des mentalités, des différentes couches sociales. C'est un roman vraiment très instructif culturellement et agréablement dépaysant.

Deux petits extraits qui m'ont amusée dans le lot :

"We all laugh like a pack of hyenas." (clin d'oeil Keisha)

Un extrait SPOILER
"God made Adam and Eve not Adam and Steve." (j'avoue, ça m'a vraiment fait rire)

"Un roman aussi savoureux qu'un très bon chocolat noir", ai-je lu quelque part, et je suis bien d'accord. Il en a la douceur mais également l'amertume. Et on se régale car l'auteur a un style particulièrement agréable dans lequel on se laisse totalement aller, où on se sent bien. Il a un vrai talent de conteur, une manière de narrer les événements pleine de fraîcheur, non dénuée d'humour, l'art de mettre en scène et d'exposer les situations, qui rend attentif et curieux.

Bref, un auteur dont je lirais volontiers d'autres ouvrages. Son dernier, The Maestro, the Magistrate and the Mathematician, qui se déroule en Écosse, me tente bien.

Également commenté par Zarline, Mimi, Ingannmic.

L'auteur
Tendai Huchu est né en 1982 au Zimbabwe. Le meilleur coiffeur de Harare est son premier roman. C'est un grand lecteur de littérature russe du XIXè siècle. Il vit aujourd'hui à Edinburgh en Écosse.

10 commentaires:

  1. Je crois qu'on va vraiment découvrir de très bons romans en lisant le monde... cet auteur-là à rejoint la liste, bien sûr ;-)

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    1. J'ai toujours adoré la littérature du monde pour ses découvertes étonnantes qui peuvent être de vraies belles surprises. "Lecture sans frontières", ce n'était vraiment pas par hasard.;-)

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  2. Déjà repéré... Je veux me faire tresser là bas... ^_^ (sympas, les hyènes)

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    1. Haha, figure-toi que j'ai toujours voulu tester les tresses (mais j'ai été découragée quand j'ai appris que ça pouvait prendre la journée...).

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  3. Comédie dramatique saupoudrée d'un brin de feel good, pas vraiment ma cup of tea ça :p

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    1. Arf, c'est quand même sur-résumé, réduit à un pauvre téléfilm du dimanche 15h, dit comme ça.;-) Tu occultes toute la dimension zimbabwéenne qui vaut le détour.:-)

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  4. ça peut être intéresse, je me cantonne trop souvent à la littérature française, britannique et américaine, ce serait peut-être bien que j'élargisse un peu mes horizons!

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    1. Il peut y avoir de belles surprises au-delà de nos frontières oui, ce serait dommage de passer à côté.;-)

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  5. Je vois que nous sommes d'accord, en effet ! J'ajoute un lien vers ton billet dans le mien.

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