ZABOR OU LES PSAUMES
Bon, hé bien à nous deux Zabor (soupir) !
Tout d'abord, pour situer un peu le contexte de ma lecture, il faut savoir que cette année, comme toutes les autres, je tenais à ne pas me focaliser sur la rentrée littéraire. À part peut-être 3 ou 4 romans auxquels je ne pouvais vraiment pas résister. La suivre d'un oeil, oui, mais ne pas me laisser embarquer dans l'euphorie générale des débuts. Éventuellement noter, et lire plus tard.
Et puis je tombe sur le billet de Jérôme. Je n'avais jamais lu Daoud. C'est un auteur auquel je m'intéressais suite au succès de Meursault, contre-enquête (pas encore lu car je me disais qu'il faudrait que je lise d'abord L'Étranger de Camus). Je n'explore pas beaucoup la littérature algérienne alors c'était là une belle occasion de me lancer, d'autant plus que la thématique de ce nouveau roman me parlait et me plaisait énormément.
"Écrire est la seule ruse efficace contre la mort. Les gens ont essayé la prière, les médicaments, la magie, les versets en boucle ou l'immobilité, mais je pense être le seul à avoir trouvé la solution : écrire."
J'aimais cette idée de prolonger la vie ou lutter contre la mort (ce qui revient au même...) à travers l'écriture, et ce qu'en disait Jérôme me laissait penser que ce roman avait vraiment tout pour me plaire :
"Zabor est un roman engagé, politique, qui dit les pouvoirs de la lecture et de l'écriture, la richesse de la langue française face à la pauvreté de la langue vernaculaire, la supériorité de la littérature sur "le livre sacré" dont on apprend les sourates par coeur mais qui n'est "jamais expliqué, commenté ou raconté." Un hommage à la force de l'imaginaire et à son absolue nécessité, aussi intense que puissant."
Moi, mon avis sur Goodreads (1 étoile sur 5) s'est résumé à "ennui profond". Comme on m'a fait remarquer (à juste titre) que ce n'était pas très nuancé, c'est ici que je m'en vais un peu développer mon ressenti de lecture.
Ce qui m'a frappée au début, c'est que Daoud écrit admirablement bien, certes, mais il m'a donné l'impression de se regarder écrire. Il se dégage de son texte une sorte d'abstraction intellectuelle, une certaine froideur même, en tout cas, son écriture n'a provoqué aucune émotion en moi, d'où ce sentiment d'ennui terrible. Et puis, il y avait quelque chose de répétitif dans son récit qui m'a franchement lassée au bout d'un moment, comme quelqu'un qui ressasserait toujours la même idée, ou reviendrait toujours sur les mêmes moments, mû par une obsession un peu pénible.
Ensuite, un texte qui évolue autour de la mort et de la maladie, c'est assez glauque finalement, et j'ai été clairement minée par cette atmosphère peu réjouissante.
Enfin, une thématique qui passe assez mal chez moi, c'est la thématique père-fils, leurs problèmes relationnels en particulier. L'emprise du père, les doutes, les blessures et la souffrance intellectuelle du fils, le sauver, ne pas le sauver, les histoires de famille autour, tout ce qui ne m'emballe pas trop à la base non plus...
J'ai lu le roman jusqu'au bout. L'idée en elle-même (le délire de l'auteur autour du pouvoir de l'écriture sur la mort) m'intéressait tout de même, et je voulais voir comment il bouclerait la boucle, et je dois dire que la toute fin, qui remet un peu les choses en perspective, conclut tout de même plaisamment ce roman. Oui, bizarrement, la fin m'a satisfaite et même beaucoup plu. Mais le reste m'a quand même largement ennuyée. On aurait peut-être gagné à faire plus court et moins répétitif, je ne sais pas.
En fait, quand j'ai relu le billet de Jérôme, je suis tombée sur cette phrase qui aurait dû être un big warning pour moi et je ne comprends pas comment j'ai pu passer à côté :
"Kamel Daoud compose une fable habitée par le monologue intérieur fiévreux d'un homme trouvant dans la force des mots un remède à l'ignorance et à l'obscurantisme."
"Monologue intérieur fiévreux" ! Ça aurait dû m'arrêter direct ! C'était sûûûûr que ça n'allait pas passer avec moi.^^
Le billet de Jérôme souligne parfaitement l'intérêt et les qualités de ce roman, et j'ai sincèrement cru que j'allais être emballée moi aussi, mais une petite erreur d'inattention m'a été fatale.
"Monologue intérieur fiévreux", c'était sûr que ce n'était pas pour moi. Et c'était vraiment ça ! L'illustration parfaite de ce à quoi on peut s'attendre avec ce texte.
"Monologue intérieur fiévreux", c'était sûr que ce n'était pas pour moi. Et c'était vraiment ça ! L'illustration parfaite de ce à quoi on peut s'attendre avec ce texte.
Alors, d'autres seront certainement sensibles à l'intérêt de ce roman eux aussi, et adoreront sûrement, mais moi je rejoins plutôt Victor Morosoff dont je cite l'avis sur Goodreads ici :
"C'est un livre assez autiste que nous donne Kamel Daoud, suite à son sublime et foudroyant Meursault contre-enquête. Un homme qui essaie de repousser la mort par le pouvoir de l'écriture, d'accord, mais en dehors de cela ? Juste un monologue interminable sur la supériorité des livres dans un monde aveuglé. Et ça, on le savait déjà. On l'avait déjà entendu quelque part. 2,3/5."
Et celle qui synthétise le mieux mon avis, Victoria Nikolova, toujours sur Goodreads :
"C'est une bonne idée, malheureusement exprimée de manière ennuyeuse."
Je crois qu'il faudrait que je lise Meursault, contre-enquête pour découvrir une autre facette de Kamel Daoud susceptible de me parler davantage mais j'avoue que pour l'instant, je suis un peu dans le traumatisme.
L'auteur
Né en 1970 à Mostaganem, Kamel Daoud vit à Oran. Journaliste et chroniqueur, il a tenu durant plus de quinze ans au Quotidien d'Oran, la chronique la plus lue d'Algérie.
Cet auteur ne m'attire pas, j'avais lu à propos de Meursault contre-enquête un avis qui rejoint un peu le tien sur ce titre. Et je ne sais pas si tu as déjà eu l'occasion de voir Kamel Daoud lors d'émissions, amis il dégage lui-même quelque chose de très sérieux et en effet d'un peu froid. J'aime souvent le contenu de ce qu'il dit (qui est généralement très intéressant et, oui, intelligent), mais en même temps, il m'effraie un peu, il donne l'impression d'une sorte d'intransigeance qui empêche l'échange..
RépondreSupprimerJe n'ai vu qu'une minute d'une émission avec Daoud et je vois ce que tu veux dire.:-) Je pense que c'est un vrai intellectuel (de ceux qui font peur et impressionnent^^), ça carbure dans sa tête, mais il a l'air plutôt ouvert d'esprit, ses idées sont intéressantes, et il semble avoir une culture assez riche (là, je me base sur Zabor pour dire tout ça). Bon, après ce n'est pas un rigolo, c'est sûr, mais ce n'est peut-être qu'une façade.;-)
SupprimerConcernant Meursault, je n'en ai entendu que du bien (mais des avis m'ont certainement échappé), et j'ai juste pu constater que quelques personnes qui avaient lu les deux romans ont été quand même nettement moins emballés par Zabor qu'ils ne l'ont été avec Meursault. Je reste donc curieuse de ce dernier mais bon, ce ne sera pas pour tout de suite...
Comme toi, j'avais noté, puis des avis plus tièdes m'ont fait attendre... mon mari adore la littérature d'Afrique du Nord et était tenté, je ne lui ai pas conseillé. Le "monologue intérieur fièvreux" ne nous plairait pas non plus, je crois. Et pourtant, quelle belle idée de départ !
RépondreSupprimerAh ben pourtant, j'aurais été intéressée par l'avis de ton mari, surtout si ce roman le tentait au départ et qu'il apprécie la littérature d'Afrique du Nord. J'ai vu passer d'autres avis très enthousiastes, sur différents réseaux. C'est un roman qui ne plaira pas à tous et mais il parvient à en enthousiasmer tout de même. Ça vaut le coup d'essayer.;-)
SupprimerAlors là je tombe de haut. Je n'ai pas lu non plus Meursault, mais je crois que tu es la première à émettre des réserve sur cette fable. Comme toi "les monologues fiévreux" et les introspections ne me conviennent pas, même si je trouve la philosophie qui sous-tend le livre vraiment belle. Bon bah je passe....
RépondreSupprimerJ'adore cette image de "monologue intérieur fiévreux" parce que c'est tellement ça.^^ C'est une formule bien trouvée. Bah écoute, ça plaît à certains et pas à d'autres, c'est comme ça.:-) En tout cas, oui, comme tu dis si bien, la philosophie qui sous-tend ce roman est vraiment belle !
SupprimerBonjour A_girl, j'ai tellement aimé Meursault, contre-enquête que j'ai peur d'être déçue par ce livre ci. En tout cas, tu ne semble pas convaincue sauf par la fin. C'est noté. Bonne fin d'après-midi.
RépondreSupprimerBonsoir Dasola, aah ton commentaire sur Meursault me motive encore plus à découvrir ce livre ! Je serais quand même curieuse de te lire au sujet de Zabor, surtout parce que tu as tant apprécié Meursault justement. Bonne soirée.
SupprimerIL en faut pour tous les goûts ! Certains aiment, d'autres pas. Moi, je ne connais pas, ni l'auteur, ni le titre.
RépondreSupprimerBonne fin de semaine.
Hé bien voilà, maintenant tu connais un peu.;-)
SupprimerBonne fin de semaine.
Oula j'ai acheté ce livre sans réflécir. Le "monologue intérieur fiévrux", ça peut marcher avec moi, pas toujours, mais on verra ? ;-)
RépondreSupprimerSi ça peut marcher avec toi, c'est déjà un bon début, et puis, si tu l'as acheté, c'est que tu le sentais bien. Peut-être sauras-tu apprécier ce roman à sa juste valeur.;-) Curieuse du verdict.:-)
SupprimerJe comprends que l'on puisse rester indifférent à ce texte, et à ce personnage surtout. J’étais beaucoup moins enthousiaste avec son Meursault (surtout parce que pour moi Camus est intouchable^^) mais là ce monologue parfois pompeux et souvent décousu m'a d'emblée embarqué.
RépondreSupprimerBon, alors je crois qu'au final, c'est plutôt L'étranger de Camus que je devrais caser dans mes priorités.^^ J'appréhende un peu parce que j'avais tenté un Camus ado, je ne suis plus sûre duquel, ça devait être La peste), et je n'avais pas du tout accroché. J'ai dû m'arrêter aux premières pages... Trop jeune ou pas mon genre d'écriture ? À voir...
Supprimerj'ai prêté un peu plus d'attention à cet écrivain à LGL tout en me disant qu'il risquait de m'ennuyer. Tu confirmes. Il m'intrigue quand même toujours (moi, contradictoire?) ^^
RépondreSupprimerIl en a plusieurs qui m'intriguent mais dont je ne me suis pas risquée dans leurs oeuvres pour l'instant par crainte de m'ennuyer malgré tout.;-)
SupprimerDommage que l'auteur soit resté détaché à ses écrits, comme lecteur on se sent moins concerné, c'est certain, moins rejoint de l'intérieur.
RépondreSupprimer"répétitif, ennui profond, pénible, une thématique que tu n'aimes pas trop, un monologue intérieur fiévreux.... pouahhh c'est fou comme j'ai envie de le lire ton roman! ptdrrrrrrrrrrrrrrr ^^
Et c'est tant mieux car j'en ai déjà plein à lire :D))
BONNE VACANCES Youppiiiiiiiiiiiiiiiiiii!!!!!!! SMACKKKKKKKKKKKKKKKKKK xxx
Il n'était pas vraiment détaché de ses écrits, il en était même totalement habité mais sans vraiment laisser la place au lecteur de le rejoindre. Enfin, c'est mon sentiment. Peut-être serais-tu plus sensible à son écriture.;-)
SupprimerYep, la semaine commence bien !
Big smaaaaaaacks !!! :-)
Les positions du Monsieur sont courageuses, et pour le moment, je me suis limitée à la lecture de ses articles dans le Monde par exemple. Du côté des romans, je pense commencer avec "Meursault, contre-enquête" qui semble plus abordable dans un 1er temps...
RépondreSupprimerJe ne le connais vraiment qu'en surface et je n'ai des échos de ses positions que par personnes interposées (sachant que nous discutons finalement assez peu de Kamel Daoud dans mon entourage^^).
SupprimerJe pense que Meursault est en effet le choix le moins risqué si on veut découvrir Daoud le romancier.
Entre ton billet et la phrase Warning de Jérôme, je sais d'avance que ce roman n'est pas pour moi. par contre, j'ai Meursault contre enquête dans ma PAL depuis peu (oui, craquage lors d'une virée en ville et d'un passage à la Fnac !)
RépondreSupprimerAh ? Dis donc, il y a moyen de se prévoir une LC alors ! Mais bon, pas cette année, et puis il faut aussi que je lise L'Étranger de Camus avant. Je serais très curieuse de ton avis si tu lis Meursault avant moi.
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