RAGNAGNA ET MOI - JOUR 1
Repéré chez Jérôme, ça faisait un petit moment que j'étais très curieuse de ce manga dont je trouvais le sujet plutôt original, aussi quand je suis tombée dessus au détour d'une librairie en vacances, j'ai sauté sur l'occasion. Le titre, déjà, m'amusait beaucoup, bien que je lui préfère la traduction anglaise qui a opté pour Little Miss P, plus élégant, plus mignon, plus respectueux aussi, mais en même temps, l'option française a le mérite d'être franche, directe et sans détour. Disons que le terme français est déjà représentatif de la façon dont les règles sont considérées, ou étaient considérées (cette expression ne me semblant plus très en vogue) : un fardeau ou quelque chose à connotation négative, voire péjorative. Et puis le personnage et sa bouille ont achevé de me séduire. J'adore cette illustration de Ragnagna sur la couverture, comme une mignonne petite chose, un peu inquiétante quand même, débarquant de pied ferme et sans crier gare.
Alors, un fardeau la Ragnagna ? Certes, son arrivée n'est pas toujours opportune et ni délicatesse ni discrétion ne sont ses points forts, un coup de poing dans les entrailles par-ci, une bonne ponction de sang par-là, pas étonnant qu'elle ne soit pas très populaire auprès des femmes (ni des hommes) mais puisqu'elle fait partie intégrante de la vie des femmes (et des hommes, d'une certaine façon), autant apprendre à mieux la connaître, non ?
À travers quelques histoires de femmes très différentes les unes des autres, allant de la femme au foyer à la lycéenne, en passant par l'employée de supérette lambda, ou même la grand-mère qui évoquera ses souvenirs, ou encore, pour le délire, la super-héroïne, l'auteur, Ken Koyama, met en scène Ragnagna avec tous les inconvénients qu'elle présente, mais aussi en formidable alliée des femmes. En effet, elle ne manquera pas de mettre une raclée au mari mécontent parce que sa femme aura été trop fatiguée pour lui préparer un bon repas (j'ai trouvé ça bien rendu cette représentation de la traditionnelle mauvaise humeur féminine pendant les règles), et entre autres avantages, sa présence contribuera à préserver les femmes de M. Libido (excellent aussi ce personnage !). Car même si elle les fait souffrir (bien malgré elle) lors de sa mission mensuelle, Ragnagna comprend les femmes mieux que personne et elle est là davantage pour les soutenir que pour leur nuire.
J'ai beaucoup aimé le concept de ce manga quelque peu décalé, clairement décomplexé, et le traitement de ce sujet parfois délicat est plutôt futé et drôle, avec un côté un peu gentillet en surface (mais pas tant que ça si on prend le temps de lire au-delà des images et des mots). Le tout est sympathique avec des aspects culturels intéressants liés au Japon. J'ai découvert par exemple que les premières serviettes hygiéniques japonaises avaient été commercialisées sous le nom de "serviettes Anne" en raison d'un passage dans Le Journal d'Anne Frank qui évoquait les règles comme "un doux secret".
Un manga qui parlera davantage aux femmes, voire plutôt aux jeunes filles, qu'aux hommes, c'est ce que j'aurais pensé si je n'avais lu le billet de Jérôme. Je me suis demandée aussi si l'auteur était un homme ou une femme, et j'ai été agréablement surprise que ce soit un homme. Comme quoi, oui, les menstruations concernent bien tout le monde.
Je ne pense pas explorer davantage le sujet à travers cette série (il me semble que d'autres tomes sont prévus) mais je suis bien contente de cette découverte.
L'auteur
À 35 ans, Ken Koyama fait partie de cette génération de mangaka atypiques qui se sont d'abord illustrés sur Internet. En 2017, il lance le webcomic Ragnagna et moi qui cumule plus de huit millions de vues un an plus tard. En 2019, Ragnagna et moi remporte le prestigieux prix Tezuka dans la catégorie recueil d'histoires courtes. Dans la foulée, l'adaptation filmique sort au Japon. Avec la simplicité, l'humour et la justesse qui le caractérisent, le mangaka a su briser le tabou des règles et libérer la parole. Il prouve que les menstruations sont l'affaire de tous, et qu'on peut en rire comme en pleurer !
J'en suis sur le flan! L'auteur est un homme?
RépondreSupprimerOui, étonnamment. Il s'est vraiment penché sur le sujet avec sérieux même s'il le traite avec une apparente candeur et légèreté. On sent en tout cas qu'il a beaucoup d'empathie pour les femmes et c'est assez admirable.
SupprimerLe flanc, plutôt. Au fait la LC?
RépondreSupprimerOups, oui, j'avais déjà oublié. On peut se dire ce lundi ?
SupprimerOui il faut vraiment que cela devient un sujet non tabou....braf cela me semble une chouette approche....;)
RépondreSupprimerJe trouve que c'est moins tabou qu'il y a encore quelques années mais effectivement ça reste un sujet dont on ne parle pas volontiers. C'est vraiment une excellente idée de l'aborder avec autant de liberté et d'humour. Ça rend le sujet accessible à tous et ça le dédramatise aussi, d'une certaine façon.
SupprimerOh juste acheter ses serviettes, c'est comme acheter de la drogue tout doit se faire sous main...;)....personnellement cela ne me derange pas....mais il y a eu un film sur ce probleme...et vraiment dans certains pays, c'est du deraisonnable....en Inde, par ex., un femme menstruee ne doit pas etre touchee car elle est sale..donc elle est enfermee durant une semaine...une horreur....
SupprimerOui, c'est vrai que dans certains pays, les croyances populaires ont la dent dure, et sur tellement de plans que ça en est effrayant... Sinon, je me souviens qu'au Japon justement, j'avais dû acheter des serviettes en urgence dans un supermarché, et elles avaient été tellement soigneusement emballées en caisse dans du papier sans que je ne m'en aperçoive que je les ai confondues avec des brioche aussi soigneusement emballés que j'avais achetés en même temps.^^
SupprimerPas trop la meme utilite....ne surtout pas se tromper...lol
SupprimerC'est ça, j'étais assez surprise du contenu du paquet quand je pensais m'attaquer aux brioches.^^
Supprimerintéressant...et probablement très utile pour les ados notamment qui découvrent?
RépondreSupprimerOui, je pense que la cible première, ce sont les ados, ou les jeunes gens. C'est un manga qui devrait en tout cas en rassurer et réconforter beaucoup sur le sujet, mais ça fait du bien aussi de lire ce genre d'ouvrage décomplexé et plein d'humour sur ce thème même si ça fait un moment qu'on a appris à faire avec.^^ On s'identifie toujours d'une manière ou d'une autre. Le fait que ça ait été un grand succès au Japon indique en tout cas que le sujet ne laisse pas indifférent.
Supprimerpas du tout attiré par le sujet...
RépondreSupprimerJe suppose que tu n'es pas la seule.:)
SupprimerAh oui, ton anecdote au Japon!
RépondreSupprimerDe souvenir, les élèves collégiennes sont moins crispées sur le sujet et n'hésitent pas à en être fières devant les garçons. Pas toutes, non plus;
OK pour lundi!!!
Oui, en vrai ça dépend, il y a un peu de toutes sortes d'attitudes. Il y en a qui en parle très librement et d'autres qui sont plus discrets sans que ce soit tabou, quels que soient les âges. Moi je vois surtout l'évolution au niveau des pubs, plus girl power qu'avant on va dire.
SupprimerParfait lundi ! :)
Je suis comme toi, un seul tome me suffira (la série est terminée en 4 volumes au Japon) mais je ne regrette absolument pas cette découverte que je me suis empressé de partager avec mes deux grandes fifilles !
RépondreSupprimerOui, ce tome aurait pu se suffire à lui-seul en réalité mais le sujet peut clairement être développé à l'infini.
SupprimerEtonnant comme sujet ! Pourquoi pas ?
RépondreSupprimerPour moi, ragnagna fut un fardeau toute ma vie pour ne servir à rien, puisque je n'ai pas eu d'enfant... Ca m'a même bien pourri la vie, puisque pilule pour règles douloureuses pour pouvoir passer le bac... sauf que ça m'a fait faire une énorme phlébite et que je n'ai du coup pas pu passer le bac cette année là... Et ensuite quand tu es sous anticoagulant, c'est galère aussi ! Donc oui, vraiment un fardeau pour moi, vivement que cela se termine !
Ah oui, il y en a qui le vivent plus péniblement que d'autres. J'ai la chance de le vivre plutôt bien et de n'avoir jamais eu ces douleurs dont beaucoup parlent, avec ses complications, comme dans ton cas.
SupprimerTon témoignage pourrait faire l'objet d'un chapitre dans cet ouvrage, tiens !;)