( LE PAYS DU DAUPHIN VERT )
C'est sur la foi de l'enthousiasme de quelques lectrices (coup de coeur même pour certaines) sur le groupe FB "À l'assaut des pavés" que ce roman d'Elizabeth Goudge a tôt fait de rejoindre ma PAL il y a environ quatre ans. Une intrigue se déroulant au 19e siècle entre les îles Anglo-Normandes et la Nouvelle-Zélande, c'était assez pour éveiller ma curiosité.
L'histoire débute vers 1850 sur l'île de Guernesey où le jeune William Ozanne fait la connaissance des soeurs Le Patourel, deux adolescentes aux antipodes l'une de l'autre. Marguerite, la cadette, est modeste, douce, lumineuse, pleine de fraîcheur et joyeuse, et pour ne rien gâcher, elle est magnifique avec ses beaux cheveux blonds et ses yeux bleus. Marianne, l'aînée, a du mal avec l'esprit étriqué de son époque qui veut la confiner au rôle d'épouse et de mère alors qu'elle rêve de liberté, de voyages, d'aventures, et son regard est constamment tourné vers la mer et les bateaux du port. Si la beauté de sa soeur lui fait défaut, elle ne manque pas de caractère et a la mauvaise manie de vouloir contrôler et manipuler un peu son monde pour servir ses intérêts.
Les deux soeurs s'éprennent de William (une tête en l'air, une tête à claques, un mou, au passage, qui s'emmêle souvent avec leurs prénoms 🙄) qui se prend rapidement d'affection pour elles, mais Marguerite et lui, se ressemblant davantage en caractère, ont visiblement plus d'affinités que Marianne et lui. Pour cette dernière, il ne fait pourtant aucun doute. Elle aime William, il sera sien, elle a d'ailleurs déjà orienté sa carrière d'officier de la Marine, et il est évident qu'il a des sentiments forts pour elle. William, quant à lui, est un indécis qui se laisse facilement influencer.
Quelques années passent. William, parti en mission pour la Chine, achève son voyage en Nouvelle-Zélande où il finit par être contraint de s'installer, s'étant compromis auprès de la Marine (un imbécile, je vous dis, mais le meilleur est à venir !). Se décidant enfin, après encore quelques années, à demander la main d'une des soeurs, ce gros nul se plante de prénom dans sa lettre ! Quel choc alors quand il voit débarquer celle qu'il n'attendait pas ! Une bourde épistolaire de taille qui va bouleverser le destin de nos trois personnages. Et le pire, c'est qu'elle est inspirée d'un fait réel dont s'est servi Elizabeth Goudge pour ce roman !
Malgré les apparences d'une romance classique autour du triangle amoureux, on est loin d'être dans le prévisible et le mièvre ici. Cette erreur monumentale de William est à l'origine de quiproquos et de conséquences terribles, et à ce stade, on n'a pas encore fait le tour de tous les rebondissements de l'intrigue. En Nouvelle-Zélande, la vie est pleine d'épreuves et de péripéties. Nos personnages cohabitent avec les Maoris, en guerre avec les colons britanniques, un aspect du récit qui m'a donné quelque aperçu de l'histoire de la Nouvelle-Zélande et de sa colonisation.
Quant à celle qui est restée sur l'île de Guernesey, saura-t-elle se relever de sa déception ?
L'autrice excelle dans la description des états d'âme des protagonistes, autant moraux que spirituels, dans cette histoire où il est aussi question de sacrifice et de rédemption.
Mon avis Goodreads
Un bon 4/5 étoiles pour l'histoire, son traitement et les personnages, la façon dont l'autrice a particulièrement bien dépeint leur profondeur psychologique. C'est une histoire riche, dense, qui nous fait voyager de Guernesey à la Nouvelle-Zélande. C'est un beau récit historique qui décrit bien la vie insulaire et les moeurs de l'époque. Il y a de l'aventure, des personnages forts et certains particulièrement hauts en couleur, dont une femme aussi fascinante que détestable, qu'admirable, que re-détestable, que touchante, un capitaine mythique, un perroquet immortel (😅), des traversées maritimes (sans naufrage) et de la romance, oui, mais qui sort des sentiers battus.^^
Dommage pour les innombrables longueurs et descriptions systématiques et sans fin (des paysages, des personnages décrits de pied en cap à chaque apparition, dans le détail, dans les moindres faits et gestes...) qui m'ont franchement exaspérée par moment. Un roman de près de 800 pages qui aurait pu en faire 500 ou 600. Un 3/5 donc pour le plaisir de lecture.
À voir absolument, les premières secondes (épiques ! 😆) de la bande-annonce du film adapté du roman en 1947 sous le titre "Green Dolphin Street", repris par la suite pour les publications ultérieures du livre. La chanson écrite pour le film, "On Green Dolphin Street" est par ailleurs devenu un standard de jazz après avoir été joué par Miles Davis.
C'est en cours de lecture que j'ai réalisé, avec ma co-lectrice, que le contexte maritime avait une grande place dans ce roman : vie insulaire (Guernesey, Nouvelle-Zélande), des personnages dont le caractère et la mentalité se sont forgés autour de la mer, grande présence de la marine marchande, tout cela suintait bien la mer même quand on n'y naviguait pas directement, mais encore, William, officier de la Marine, des traversées maritimes (bon, par contre l'autrice n'excelle pas à faire vivre la grande aventure des traversées en mer tumultueuses - c'est même limite si elles n'étaient pas conviviales et sympathiques 😆), un bateau baptisé "Le Dauphin Vert" (ah oui j'avais failli l'oublier celui-là !), un capitaine mythique à son bord...
Voici donc une contribution imprévue au Book trip en mer !
LC avec Stéphanie.
Ainsi que le Défi lecture 2024 (22/30/100) => catégorie 24 (le livre le plus ancien de votre PAL) (en termes de date de parution).
L'autrice
Née à Wells dans le Somerset, Elizabeth Goudge (1900-1984) est une romancière anglaise. Elle se fit connaître avec les livres pour enfants avant de se consacrer à la littérature.
En 2001, J.K. Rowling déclare que le roman Le Cheval d'argent est l'un de ses romans préférés et l'un des rares à avoir influé sur l'écriture de sa série Harry Potter.
Je vais le lire, ça me rend curieuse !
Oh mais vu comme ça, j'ai envie de le lire; Je connaissais cet histoire, les prénoms, tout ça, remarque, Marguerite, Marianne, j'aurais aussi mélangé... Le challenge avance bien!!!
RépondreSupprimerFigure-toi qu'en réalité, je les mélangeais aussi.😆 Oui, le challenge avance bien. Belle pêche de cinq billets aujourd'hui.;)
SupprimerJ'ai pris le temps de regarder la bande annonce, oui, ce début ^_^mais ensuit il y a du super lourd!!! Je vais craquer, ce genre de films faut les regarder au 12ème degré au moins. Maintenant, le roman, ça me dirait (emprunté déjà à la bibli par quelqu'un, pfff)
SupprimerJ'ai adoré le concept insolite, mais visiblement d'usage à l'époque, de présenter un film avec du texte à lire 😆, sans parler des arguments marketing.^^ Oui, je suis sûre que le roman te plairait bien. Très curieuse de ton avis quand tu auras mis la main dessus !:)
SupprimerVous êtes plutôt enthousiastes toutes les deux et c'est communicatif... mais j'avoue que l'aspect romance, triangle amoureux, ajouté aux longueurs, ne m'emballent pas beaucoup
RépondreSupprimerJe ne suis pas très romance non plus et j'avoue que si j'avais lu un avis évoquant triangle amoureux et longueurs, j'aurais certainement passé outre.^^ Mais je ne regrette absolument pas cette lecture malgré tout. C'est une histoire beaucoup plus riche et complexe qu'il n'y paraît en surface, vraiment bien écrite et avec un charme suranné qui n'était pas pour me déplaire.
SupprimerDes personnages à la psychologie développé, de l'aventure, du dépaysement et une plongée dans un pays et sa culture que je connais peu... Voici un programme auquel il est bien difficile de résister !
RépondreSupprimerTu as bien résumé et si tout cela te parle, je pense que tu passerais un très bon moment de lecture avec ce roman.:)
Supprimer800 pages et des longueurs, c'est le seul bémol de ce roman car ce que tu en dis donne très envie ! ah oui, si c'est vrai pour l'erreur de prénom, quelle bourde !
RépondreSupprimerOui, c'est balot, on pourrait dire.^^ Pour les longueurs, c'est un bémol franchement pesant sur la longueur (justement^^), enfin, cela dépend du degré de tolérance de chacun, mais dans l'ensemble, je ne regrette vraiment pas cette lecture qui m'a très agréablement dépaysée de mes lectures habituelles.
SupprimerOKokokok....j'avoue que cela m'a fait pense a Femmes et filles de Elizabeth Gaskell...didonc...en plus mon bon Jules Verne m'a deja fait une belle description de la New Zealand Maorie et sa fameuse decolinisation...dans toutes ses horreurs....bref....je pense que non...je passe mon tour sur ce livre....;)
RépondreSupprimerJe viens de lire le résumé du Gaskell, mais l'histoire semble toute autre quand même. Ceci dit, on est d'accord, les romances/études de moeurs se déroulant à l'époque victorienne ont souvent quelques points communs.^^ Ah Jules Verne a aussi écrit sur la Nouvelle-Zélande ? Décidément, il ne cesse de me surprendre !
SupprimerLa Nouvelle-Zélande est traversée dans Les enfants du capitaine Grant, et est le pays d'où part le navire des collégiens de Deux ans de vacances (mais peu "abordée" dans ce roman-là). S'il y en a d'autres, je les ai oubliés...
Supprimer(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Tu es vraiment incollable sur l'oeuvre de Jules Verne.^^
SupprimerOui pour Gaskell il y a aussi le cote scientifique....et un trio...et pour jules vernes c'est exactement celui-ci "les enfants du capitaine Grant" (premier tome; amerique du sud dont le Chili, deuxieme tome: nouvelle zelande et 3eme tome la traversee de l'australie)....a lire vraiment (bien que le 2eme tome est tres tres descriptif justement celui des maories)
SupprimerC'est fou comme tu maîtrises bien les Jules Verne toi aussi.^^
SupprimerQuand je lisais Elizabeth Goudge quand j'étais jeune fille elle était considérée alors plutôt comme une auteure légère, oui de romance. Moi, j'aimais bien ! Et tu me donnes (presque) envie de la relire. Je n'ai pas peur des 800 pages d'habitude mais là, oui, avec 200 ou 300 pages inutiles.
RépondreSupprimerJ'ai publié les secrets du radeau de la Méduse pour Book Trip : https://claudialucia-malibrairie.blogspot.com/2024/07/avignon-festival-2024-les-secrets-du.html
J'ai vu aussi qu'Elizabeth Goudge s'était d'abord fait connaître avec ses livres pour enfants, c'est peut-être pour ça aussi qu'elle était perçue comme une autrice "légère". Il y avait quelques aspects très jeunesse d'ailleurs dans ce roman, notamment sur le bateau avec le capitaine O'Hara, même si la trame principale était clairement "adulte". Quant aux longueurs, c'est un ressenti très personnel, car à la base, je ne suis pas fan des descriptions dans les romans.
SupprimerBien noté pour ta contribution au book trip. Je l'ai classée en théâtre avec 2 points pour 90 mn (qui correspondent souvent à des pièces d'un peu plus de 200 pages). C'est toi qui inaugures cette nouvelle catégorie et te voilà passée major par la même occasion.^^
signé claudialucia
RépondreSupprimerMerci pour t'être dévoilée.^^
SupprimerJe ne connais l'auteure que de nom. Il m'en reste beaucoup à découvrir et comme il y a des nouveaux auteurs qui naissent chaque année, on n'en aura jamais fini !
RépondreSupprimerOui, c'est un peu notre "drame" à tous.;)
SupprimerOutch, la gaffe à assumer pour le restant de la vie? Acte manqué que cette confusion de prénoms?
RépondreSupprimerEpais noté (j'ai cru comprendre qu'il a été lu en version anglaise - mais j'ai pris le nombre d pages pour la version française (800). L'inscription est aussi possible pour les Pavés de l'été 2024 chez Sibylline (à partir de 500 pages!), bien entendu, en faisant la démarche chez elle.
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Je l'avais bien vu cet autre challenge, mais je ne considère comme pavés que les livres à partir de 600 pages.;) Et deux challenges sur le même thème, sur la même période, à quelques pages près, c'est un peu redondant.
SupprimerOui, pour le livre, ça ressemblait fort à un acte manqué.^^
On sent tout ton amour pour William dans cette chronique !! 🤣 Comme toi j'ai beaucoup aimé malgré quelques longueurs! Et puis les paysages de Guernesey sont décrit magnifiquement ! Aucun regret pour moi non plus, c'était une très belle découverte !
RépondreSupprimerOui, encore une LC très enthousiasmante, où j'ai pu autant me plaindre des longueurs, que m'énerver contre William, ou encore m'agacer de Marianne (ou est-ce Marguerite ? 😅). Avec le recul, j'ai l'impression d'avoir encore plus apprécié ce roman que sur le moment.
SupprimerUn beau pavé en effet parfait pour l'été ! En plus il entre parfaitement dans les deux challenge...Voilà que tu me tentes, je ne connais pas du tout cet autrice sauf de nom j'ai donc du voir passer certains titres dans la blogo. Merci pour ton enthousiasme
RépondreSupprimerC'est un parfait classique de l'été en effet.:) Très curieuse de ton avis si tu le lis.
SupprimerQuel pavé flamboyant, ma foi ! Je n'avais jamais entendu parler de ce classique qui envoie pourtant du lourd à en croire cette bande-annonce incroyable ;-D
RépondreSupprimerAhaha, oui, visiblement, à l'époque, ce genre de bande-annonce était très efficace.:)
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