THE FEAST

THE FEAST

( LE FESTIN )

Repéré d'abord chez Kathel sans toutefois y prêter trop d'attention car elle n'en a pas fait un incontournable, j'ai dû ensuite l'apercevoir rapidement chez d'autres. C'est le billet de Keisha qui a fini par m'avoir, car j'en ai fait une commande indispensable de fin d'année que j'ai quasiment lue dans la foulée alors que j'avais d'autres casseroles sur le feu.

C'était clairement une ambiance dans laquelle j'avais envie d'être plongée en décembre.

J'adooore les ambiances d'hôtels ou de maisons d'hôtes qui deviennent le théâtre de scènes d'une petite communauté dont on observe le quotidien et les interactions et dont on découvre les petits secrets. J'adore en particulier l'ambiance British de ce genre de livres (ma madeleine de Christie^^) et le vintage de la fin des années 40 dans ces cas-là me sied à merveille. C'est évidemment plus palpitant encore quand tout cela préfigure un meurtre, façon whodunit, mais même sans meurtre (comme c'est le cas ici), je me régale vraiment de ce genre d'ambiance ! Surtout quand c'est servi par une plume aussi savoureuse, acérée, sarcastique, moqueuse, que celle de l'auteure, Margaret Kennedy, que je découvre avec ce livre.

Elle excelle dans le portrait de ses protagonistes aux personnalités très diversifiées, chacun avec son petit caractère et son/ses travers. Son style a un petit côté frais et moderne qui m'a très agréablement surprise, mais ce qui m'a véritablement enthousiasmée, c'est l'esprit ainsi que le franc-penser et le franc-parler assez électrique dont elle dote ses personnages, autant dans les dialogues que les attitudes, à la limite de l'irrévérence et de l'insolence parfois. Ça en est presque effrayant, mais c'est tellement jubilatoire. Parfois j'étais aussi interloquée que certains personnages ! 😆 Le ton est très souvent au sarcasme, mais c'est truculent et revigorant. C'est un humour qui prend par surprise par moment et qui peut dérouter même, mais quel délice !

Bien sûr, on se demande où tout cela va nous mener puisqu'il ne s'agit pas d'un whodunit, mais il y a quand même un air de mystère implanté dès le départ, avec l'annonce de la disparition de certains de ces personnages lors de l'effondrement de l'hôtel dans l'éboulement de la falaise qui le surplombait.

Pas de meurtre donc, mais comme dans un roman policier, il y a quand même des morts, et ce roman peut se lire en se posant la question de qui survit, avec peut-être nos "préférences" alors que l'on apprend à connaître ces personnages à travers leurs lettres, journaux, échanges, conversations, relations les uns avec les autres et pensées qui illustrent tous les petits travers humains.

Il n'y a rien d'ordinaire en tout cas dans leur quotidien cette semaine précédant l'incident. On ne s'ennuie pas une seconde en leur compagnie !

J'ai beaucoup aimé aussi le contexte du lendemain de guerre, l'Angleterre qui se reconstruit, les familles aussi, le tout donnant encore plus de corps à ce roman.

J'ai été assez épatée du talent de l'auteure pour raconter une histoire qui a l'air simple et divertissante en surface, mais qui est si riche en profondeur et entre les lignes. J'ai adoré son écriture, savoureuse vraiment. Cet humour aussi, ce sarcasme ! Il y a beaucoup de malice dans sa narration, parfois à la frontière de l'humour noir.

J'ai trouvé très intéressant aussi la préface de Cathy Rentzenbrink (à lire après, comme d'habitude, car elle résume toute l'histoire... avec détails... 😦) sur l'idée des sept péchés capitaux personnifiés à l'origine de ce roman.

L'auteure

Née à Londres, Margaret Kennedy (1896-1967) est une femme de lettres, romancière et scénariste britannique.