HARLEM SHUFFLE
J'adoooore Colson Whitehead ! Son look tellement cool avec ses dreadlocks m'a séduite d'emblée. Avouons-le, il en jette pour un deux fois Prix Pulitzer, et en même temps, dans son attitude, il semble plutôt réservé, inquiet, ce qui est assez fascinant. Au-delà du look, j'ai a-do-ré ses avant-derniers romans, Underground Railroad et Nickel Boys. Je me suis déplacée exprès à Vincennes lors d'une rencontre en librairie en janvier pour son nouveau roman et wahou, quel moment ! Ayant repéré l'événement tardivement, j'ai dû lire son roman en catastrophe (j'avais trois jours), lâchant provisoirement (et assez sauvagement) une lecture en cours, car je ne voulais pas risquer d'être spoilée. Bon, je n'ai pas réussi à le finir à temps mais peu importe, je voulais assister quand même à cette rencontre.
Cette fois-ci, Colson Whitehead nous embarque dans un tout autre registre, à la croisée du roman noir et des films de casse à la "Ocean's Eleven". Un roman difficile à ranger dans une case en réalité. Il y est en tout cas question de petites combines, de magouilles diverses et de vengeance à la Monte-Cristo, le tout sur fond de l'Amérique raciale des années 60, au coeur de Harlem plus précisément.
Ray Carney, bien qu'ayant pour père un homme de main lié à la pègre locale, a choisi une vie plus rangée pour lui et sa petite famille, et aspire à s'élever socialement. Vendeur de meubles et d'électroménager honorable en apparence, il lui arrive toutefois ponctuellement de faire du recel de bijoux pour de meilleures rentrées d'argent. Son cousin, plus voyou dans l'âme, pense alors à lui dans le projet insensé de cambrioler le célèbre Hôtel Theresa, surnommé le Waldorf de Harlem.
Ce roman s'articule en trois parties, pensées un peu comme des novellas, organisées chacune autour d'une histoire de casse ou de vengeance dans laquelle Ray Carney est entraîné, comme aspiré dans une sorte de cycle inextricable. C'est aussi le premier opus d'une trilogie en cours où l'on suivra ce personnage et l'évolution de Harlem dans les années 70 et 80.
Si j'étais à fond dans la première partie qui m'a tenue en haleine sur le dernier tiers, la deuxième partie a commencé à me perdre un peu. J'avais l'impression que les histoires étaient déconnectées entre elles (l'effet novella sans doute), de lire des tranches de vie du personnage principal comme des histoires entre parenthèses, avec Harlem en fond, et je ne me suis pas sentie très concernée par ce qui se déroulait à vrai dire. Pourtant, les personnages sont hauts en couleur, il y a de l'action, du suspense parfois, de la tension. L'écriture de Colson Whitehead est par ailleurs toujours aussi confortable bien que plus brut, plus pop, avec des effets de style très intéressants. Ce qui m'a un peu déroutée, je pense, c'est cette façon de nous embarquer dans une histoire et puis de nous lâcher subitement ensuite, nous laissant un peu en plan, pour retrouver le personnage tranquillou deux-trois ans après. Ça m'a fait l'effet "nouvelle" auquel je n'adhère pas trop.
C'est un roman où l'auteur s'est clairement fait plaisir. On sent ses affinités avec New York, le thème de la ville et de la pop culture. Il faut avoir un peu les mêmes pour vraiment apprécier sans doute, et aimer aussi les histoires de casse, d'arnaques et de petits trafiquants peut-être. J'avoue, ce n'est pas ce qui m'enflamme le plus donc je ressors moyennement emballée par ce projet, mais il reste un de mes auteurs chouchous !^^
Je suis à peu près certaine de ne pas lire les tomes suivants, en revanche, je suis assez intriguée par son premier roman, L'Intuitionniste, et par son roman de zombie. Oui, en fait Colson Whitehead n'a pas toujours fait dans le roman à portée historique, et ça m'intrigue !
Intègre le Défi lecture 2023 (7/30/100) => catégorie 45 (un des "livres de l'année" selon Barack Obama).
Aaaaaaaaaaaaaaah figure toi que ce roman est sur mes étagères, son tour va venir!!! J'apprends que ce sera une trilogie, bon, on verra bien.
RépondreSupprimerComme ça, tu craques pour le physique? ^_^ Le fait est que...
Bah, il en jette quand même un peu avec ses dreads, non ?^^ En tout cas, quand il est passé à un mètre de moi pour rejoindre sa place, j'ai été grandement impressionnée, haha !
SupprimerCe roman reste loin d'être mon préféré, on pourrait presque parler de déception, mais peut-être que tu l'apprécieras plus que moi. La plupart des critiques (presse et lecteurs) sont très enthousiastes.
Je n'ai pas encore lu cet auteur ; ton billet me fait penser qu'il ne faudrait pas que je commence par celui-là.
RépondreSupprimerCe n'est pas celui que je recommanderais en premier en effet, les deux autres exploraient en plus des thématiques fortes, mais tous les goûts sont dans la nature.;)
SupprimerJe note ton enthousiasme :) .. mais ayant été un peu déçue, contrairement à toi, par ses précédents titres, je ne suis pas sûre de persévérer...
RépondreSupprimer... je voulais écrire ton MANQUE d'enthousiasme, évidemment..
SupprimerMon enthousiasme ici se porte davantage sur l'auteur que sur ce roman en particulier qui m'a bien moins emballée.;) Si tu n'as pas adhéré à ses précédents ouvrages, ce n'est peut-être pas un auteur pour toi en effet.
SupprimerEn réponse à ton dernier com' qui s'est glissé pendant que je répondais au premier^^, ah oui, en effet, un mot manque et ça change tout le sens. 😅
SupprimerOhhhh tout un chouchou....je pense que j'aimerais vraiment didonc....oooh dommage pour sa suite en tout cas...;)
RépondreSupprimerEt quelle belle rencontre !
Oui, une rencontre mémorable ! J'aime beaucoup les rencontres avec les auteurs en général, même quand je ne les connais pas. Elles restent toujours intellectuellement enthousiasmantes.
SupprimerJe suis bien plus enthousiaste que toi au sujet de cet opus que j'ai préféré à "Underground Railroad" (mais je ne suis pas réfractaire aux nouvelles, ceci expliquant peut-être cela).
RépondreSupprimerPour ce qui est de la trilogie, j'imagine que Whitehead va faire en sorte que les différentes histoires puissent se lire indépendamment, donc il n'est pas impossible que tu succombes à nouveau 😉😈 ...et pas que pour le sexy look du monsieur 😄 (j'avoue que je le trouve aussi pas mal)
Ah il en impose vraiment, sa stature, sa démarche de lion, haha, mais rien d'ostentatoire, c'est très naturel.;) Bref, non vraiment, malgré tout ça, je ne pense pas succomber aux prochains tomes de la trilogie. Au-delà de l'effet "novella", ce sont vraiment les thèmes qu'il explore qui ne me parlent pas trop cette fois. Le Harlem des années 60-70-80 et les histoires de truands me laissent assez indifférente en réalité.;)
SupprimerJ'avais prévu de lire ce roman pour le l’African American History Month Challenge, organisé par Enna, mais j'étais un peu débordée. Comme je n'ai encore jamais lu Colson Whitehead, je me demande si je ne ferais pas mieux de commencer par "Underground Railroad". Sinon, il est passé à La grande librairie en janvier dernier. Je te mets le lien :
RépondreSupprimerhttps://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/la-grande-librairie-saison-15/4494406-emission-du-mercredi-25-janvier-2023.html
Merci pour le lien ! J'avais raté l'émission mais j'avais pu la voir en replay. J'ai trouvé les auteurs présents particulièrement intéressants. J'étais même très tentée par King Kasaï alors que je n'y aurais probablement pas fait attention en librairie. Le danger de ce genre d'émissions...^^
SupprimerSinon, oui, il vaut mieux commencer par Underground Railroad ou Nickel Boys à mon avis. Disons que les thématiques sont plus fortes et significatives.
Un roman de zombies ? En effet, il a l'air d'avoir écrit dans des genres très différents... C'est un auteur que je veux lire mais peut-être pas en commençant par celui-là...
RépondreSupprimerTrès curieuse de ton avis et de ton choix de première lecture quand tu te lanceras. :) J'ai quelques doutes sur le roman de zombies mais ça m'intrigue quand même.^^
SupprimerPS : désolée, j'avais oublié d'enlever l'anonyme et de remettre mon adresse blog en entier à la main grrr
RépondreSupprimerSinon tu fais un copier/coller de l'url de ton blog ? C'est ce que je fais quand je dois le renseigner aussi. Ce qui m'étonne, c'est que l'adresse ne soit pas pré-enregistrée au bout d'un moment. Peut-être une histoire de cookies.
SupprimerJ'ai hâte de le lire, je l'ai offert à une amie (qui me le prêtera sans doute) et le côté plus original de ce roman m'intrigue... on verra.
RépondreSupprimerJe guette ton avis. Les quelques billets que j'ai lus sont plutôt très positifs. C'est un genre qui semble avoir son public, et c'est tant mieux.:)
SupprimerComme souvent chez toi, je ne connais pas... Finalement, tu aimes qui/quoi? Le livre ou l'auteur? Les deux?
RépondreSupprimerL'auteur et ses deux romans précédents. Beaucoup moins ce roman-ci.:) Tu devrais essayer Nickel Boys. Au vu de tes lectures, tu pourrais vraiment apprécier.
Supprimerje reviens...
RépondreSupprimerJ'en suis au tiers, ai démarré la deuxième partie, la quatrième de couv' évoque Chester Himes et Donald Westlake, j'avoue que ça m'a donné envi, et oui, c'est un peu cette atmosphère, ajoutée à l'évolution des noirs et de Harlem à ce moment . Pour l'instant, j'aime bien. On a aussi toute cette époque où racisme et ségrégation n'ont pas disparu (et le racisme entre noirs!)
Affaire à suivre.
(et je me demande si je ne l'ai pas aperçu au festival america en 2018?)
Ravie que tu adhères bien.:) La première partie, j'avais vraiment bien aimé, la deuxième partie restait intéressante, surtout d'un point de vue réalité sociale et tensions raciales en effet, mais d'une manière générale, mon intérêt n'était jamais maintenu au plus fort, surtout dans la troisième partie. J'avais aussi l'impression de thèmes un peu survolés. L'effet "nouvelles" encore une fois, sans doute.
SupprimerHâte de ton verdict final.^^
Quelle chance tu as eu de rencontrer cet auteur ! J'ai lu quelque part qu'en fait, avec ce roman, il revenait à ses premières amours. J'ai tellement adoré underground railroad que je relirai cet auteur, mais plutôt avec Nickel Boy que je n'ai toujours pas lu qu'avec ce titre que tu présentes aujourd'hui, et dont le sujet à la base n'est pas ma tasse de thé, à priori !
RépondreSupprimerPareil, j'avais déjà repéré ce livre à sa parution en anglais il y a 2 ans, mais le sujet ne me tentait pas trop. À raison visiblement. C'est bien parce qu'il y avait l'occasion de cette rencontre à Paris que je l'ai lu, sinon il serait encore au statut "un jour, peut-être".:) Avec Nickel Boys, tu ne devrais pas être déçue.;)
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