LA FORMULE DE DIEU
traduit du portugais par Carlos Batista
Repéré sur un groupe de lecture, je n'ai pas résisté longtemps à la présentation de ce thriller érudit qui promettait de prouver scientifiquement l'existence de Dieu. Rien que ça ! Il y avait de quoi être intriguée, surtout que les avis enthousiastes s'accordaient pour affirmer que la fin était époustouflante.
L'intrigue en elle-même peut se résumer simplement : un manuscrit retrouvé à décrypter, rédigé par Albert Einstein himself, et détenu par les services secrets iraniens. Tomás Noronha, historien et expert en cryptologie, est mis sur le dossier et sommé (oui, sommé !) de résoudre les énigmatiques messages contenus dans ce document.
Et là je rigole encore d'un avis indigné lu sur Goodreads : "la vraie énigme, c'est comment ce livre s'est vendu à des millions d'exemplaires !" 😂
Quelque part, je l'avais pressenti, comme un sixième sens, que je ne serais pas éblouie par le style, mais j'étais prête à ne pas faire mon exigeante. Un thriller divertissant et efficace, ça m'allait très bien, c'est tout ce que je demandais d'ailleurs.
Au début, j'avais bien remarqué quelques, euh, maladresses, mais en bon public, je passais outre. Au fur et à mesure que j'avançais le long de ces 700 pages (oui, 700 !), il m'a fallu toutefois admettre que j'étais face à de sacrées lourdeurs et ça devenait franchement difficile de rester stoïque tellement ça me piquait les yeux.
Les personnages, leurs réactions, les dialogues étaient d'un risible ! Des dialogues d'ahuris où les personnages répétaient toujours la dernière phrase comme pour s'assurer d'avoir bien entendu ou pour signifier ne pas comprendre. J'avais l'impression d'être face à des gamins de 12 ans qui jouaient aux espions, ou dans une parodie des Nuls ou des Inconnus. L'intrigue en termes d'espionnage manquait totalement de crédibilité. Il y avait un côté très naïf dans son traitement. Déjà, la CIA compte sur un professeur d'histoire pour résoudre leur problème (accéder au manuscrit, le voler même) sans lui donner vraiment de moyens. Qui y croit ? Et cette femme cultivée qui vous noie de formules et théories scientifiques compliquées, mais qui ne sait pas ce que c'est une anagramme... Vraiment ? Ou encore, notre historien, Tomás, qui, sur une carte postale "signe Samot, son prénom à l'envers, une petite astuce de cryptologue au cas où son courrier serait intercepté" par les services secrets iraniens (oui, je cite dans le texte). Non mais sérieusement...
Ça sonnait tellement amateur et chiqué que je peinais à plonger dans le palpitant, la tension et le captivant que l'auteur tentait de me faire vivre.
Le pompon, c'est quand ça a viré à la romance pourrave. Alors là, plus de pitié, de tolérance, ni de tentative de défendre ce livre. L'écriture était clairement affligeante et l'intrigue neuneu. J'avais parfois envie d'en pleurer d'écoeurement ou de dépit.
"L'univers se réduisait à présent à deux choses et seulement deux. [désolée, je spoile] Tomás et Ariana, le vert et le doré, le fer et le velours, les épines et la rose, la prose et la poésie, la voix et la mélodie, le yin et le yang [...]. Toute l'éternité s'était condensée en un bref instant sans fin [...]"
Mais au secours !
Je me suis toutefois acharnée par curiosité pour cette fin époustouflante et aussi parce que, je l'admets bien volontiers, j'étais tout de même fascinée et absorbée par les faits et théories scientifiques exposés en cours d'intrigue (théorie de la relativité, physique quantique, les atomes, tout ça). Cette partie-là de l'histoire m'a totalement conquise et reste très accessible, même s'il faut s'accrocher un peu. Ça tombait bien, c'est ce qui m'intéressait au départ et sur cet aspect, je n'ai vraiment pas été déçue. Je pourrais dire aussi, dans les points positifs, que j'ai trouvé ce roman très instructif sur la culture iranienne. Tout cela n'aura malheureusement pas suffi à compenser la lourdeur de l'intrigue et du style qui a failli m'achever m'a vraiment agaçouillée tout le long.
L'auteur
José Rodrigues dos Santos, né en 1964 à Beira, Monzambique, est un journaliste et écrivain portugais, présentateur vedette du journal de 20h au Portugal. Il est connu pour sa série de romans mettant en scène l'historien Tomás Noronha et qui comprend notamment La Formule de Dieu paru en 2012 et vendu à plus de 2 millions d'exemplaires dans le monde.
RépondreSupprimerIl est dans ma PAL depuis des lustres mais je ne pense pas le lire parce que si l'aspect scientifique et culture iranienne, le reste semble quand même tiré par les cheveux... Merci pour ton avis plein d'humour.
Avec plaisir. J'avais besoin d'en parler.^^ Si la thématique scientifique et les questions soulevées dans ce livre t'intéressent (ce qui était mon cas), ça peut valoir le coup de s'accrocher quand même (au prix d'une certaine souffrance suivant ton degré de sensibilité et de tolérance à la lourdeur). Bon, c'est bien parce qu'il est déjà dans ta PAL que je dis ça.:)
SupprimerTu mérites une médaille pour être allée au bout des 700 pages ! le résultat est maigre tout de même :-)
RépondreSupprimerIl était cher payé, oui (en plus, je l'avais acheté ce livre grrr), mais la partie scientifique m'a vraiment satisfaite.:)
SupprimerPffff, dès le départ ça paraissait cuit, mais pourquoi pas une bonne détente, et en savoir plus sur Einstein et tout ça... En tout cas, je me suis amusée à lire la recension de tes déboires
RépondreSupprimerJ'ai eu une pensée pour toi avec le da costa.;) Ça devait être dans la même veine côté écriture et intrigue. Mais les questions scientifiques étaient vraiment intéressantes.
SupprimerBonjour!
RépondreSupprimerJ'avais lu d'autres ouvrages de cet auteur, il y a pas mal d'années, et j'en garde un bon souvenir - merci de me les rappeler!
Et "les preuves scientifiques de l'existence de Dieu" me semble une base problématique: àmha, l'existence (ou non) de Dieu est affaire de foi, non de preuves, même s'il y a dans le monde des trucs troublants, dans un sens comme dans l'autre. Je ne sais pas si je vais me précipiter sur ce livre, mais je serais assez curieux d'en connaître le raisonnement.
Bonne journée à toi!
J'étais très curieuse du raisonnement moi aussi (aaah la curiosité, ce vilain défaut^^) et je dois dire que c'était assez bluffant tout de même. Alors bien sûr, il ne s'agit pas du Dieu du culte chrétien (quoique^^), mais plutôt d'une entité ou d'une force à l'origine du tout qui confirmerait la théorie du Big Bang et l'expliquerait autrement que par le hasard. Et étonnamment, certaines données bibliques coïncideraient avec les données scientifiques (et inversement^^). Mais je n'en dis pas plus.;)
SupprimerTrès bientôt, mon avis sur "Âmes animales", un de ses derniers sortis en France. Je n'en dirai rien ici pour faire fonctionner le suspens :-)
RépondreSupprimerOuuh j'ai hâte de lire ça !^^ Mais des quelques avis que j'ai pu glâner, je crois que tu en viendras au même constat que moi : intrigue inconsistante et peu crédible, pauvreté du style, mais la thématique en elle-même reste convaincante. J'ai presque envie de lancer des paris.^^
SupprimerJ'adore ton premier paragraphe. Et en te lisant, je ne sais pas s'il faut en rire ou en pleurer de cette lecture ;-)
RépondreSupprimerJ'étais très exactement dans cet état tout le long. J'en pleurais de rire et de dépit tout à la fois, je pense.^^
SupprimerJe ris (désolée !) Quand mon homme lit (très très rarement), c'est ce genre de lecture... eh oui...
RépondreSupprimerIl y a vraiment un public pour ce genre de lecture, c'est sûr. Le nombre d'avis surenthousiastes est assez impressionnant. À croire que les gens se fichent vraiment du style et des incohérences tant que c'est divertissant et efficace. J'ai quelques limites tout de même.;)
Supprimerbon bin...700 pages....c'est beaucoup trop pour tenter le sort.....en tout cas merci d'aider les fous de dieu didonc (je parle a l'auteur..lol)
RépondreSupprimerÀ ce niveau, ça va. Dans son approche et le développement de ses théories, il prend soin de bien dissocier le dieu des cultes humains et le dieu à l'origine du tout qui ne demande rien et n'attend rien de personne, si je puis résumer ainsi.;)
SupprimerFranchement, en lisant ton résumé de l'intrigue, j'ai pensé que ça allait mal tourner... l'ensemble semblait trop accrocheur. Ton billet, par contre, est réussi et m'a bien fait rire.
RépondreSupprimerToi aussi ton sixième sens a éveillé ta méfiance ?^^ J'ai décidé de prendre le risque malgré tout, je ne pensais pas que l'expérience serait aussi violente... Tant mieux si mes déboires amusent en tout cas.;)
SupprimerA lire commentaires et réponses, hé bien je suis curieuse quand même (données bibliques et scientifiques, dis tu à fattorius). Après, je risque le "Da Costa problème"...
RépondreSupprimerSi les thématiques t'intriguent tout de même, tu peux toujours t'y risquer. Au moins tu es préparée psychologiquement.^^ Pour moi, le choc fut assez violent, je ne m'attendais pas à tomber de si haut. Je n'ai jamais lu aussi mauvais en termes d'intrigue et d'écriture alors que sur la couverture indiquait "chef d'oeuvre !".
SupprimerSandrine en a remis une couche sur les qualités d'écriture...
SupprimerOui, j'ai vu, on est raccord.^^
SupprimerEntre ton avis, et celui de Sandrine sur Ames animales, je retiens que c'est un auteur à fuir !!
RépondreSupprimerIl y a énormément d'avis enthousiastes mais c'est un des auteurs pour lesquels il est absolument indispensable de lire les avis négatifs pour se faire une meilleur idée de ce à quoi on peut s'attendre.
SupprimerMille fois, je me suis dit que j'allais lire cet auteur et je ne l'ai jamais fait. J'ai peur que ses romans soient trop compliqués. Mais bon, maintenant, je n'ai plus du tout envie...
RépondreSupprimerCompliqués, non, vraiment pas. Peut-être devrais-tu quand même tenter pour te faire ton avis ?
SupprimerBon ben inutile de te dire... mais j'te l'dis quand même... je passe !!!
RépondreSupprimerJe n'insisterai pas.;)
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