MES DÉSIRS FUTILES

MES DÉSIRS FUTILES

traduit de l'italien par Romane Lafore

Repéré parmi les nouveautés de la bibliothèque, j'ai été attirée d'emblée par la couverture de ce roman. Présenté comme une sorte de fable philosophique, c'était très exactement la petite pause livresque qu'il me fallait après Le Coeur ne cède pas de Grégoire Bouillier car j'étais vraiment en PLS suite à cette lecture. Une fable avec des animaux, ça ne pourrait que me reposer la tête.

Quatrième de couv :

"Archy naît dans une tanière au milieu de la forêt, au sein d'une portée de fouines. Son père a été tué par l'homme, et sa mère se démène pour nourrir ses petits au coeur de l'hiver. Très vite, Archy comprend qu'il doit lui aussi chasser s'il veut garder sa place dans la famille. Mais à peine s'est-il essayé à piller un nid qu'il se blesse. Son destin prend alors un sombre tour : devenu inutile à sa mère, il est vendu à un vieux renard cruel, Solomon le prêteur sur gages, qui en fait son esclave puis son apprenti avant de lui révéler son secret : il connaît l'existence de l'écriture, de Dieu et de la mort..."

Au début, j'ai apprécié le réalisme de la dureté de la vie sauvage. On n'était pas chez Disney. C'est pourtant raconté comme un joli conte animalier, mais l'auteur, Bernardo Zannoni, n'occulte pas les rudes conditions de la vie sauvage. La maman fouine peine à trouver de quoi nourrir ses petits et leur fout des claques quand ils ne filent pas droit. Les plus faibles voient leur existence menacée au sein même du foyer, comme le petit dernier traité en vilain petit canard de la bande.

Mon histoire d'animaux devenait de plus en plus dure, sans concession, violente et glauque même par moment. Moi qui voulais une lecture un peu réconfortante, je n'étais pas vraiment servie.😅

Et puis au moment où je pensais que ça allait basculer vers quelque chose de plus apaisé et apaisant, que je me réjouissais des relations maître/apprenti entre le renard et la fouine et des belles discussions philosophiques qui allaient forcément s'ensuivre, c'était presque pire. Je n'ai pas trop aimé le personnage du renard, rusé, manipulateur, au fond mauvais, qui usait de ses connaissances et de la parole divine comme cela l'arrangeait, et j'ai assez peu adhéré finalement à l'esprit de cette fable, bien plus sombre que lumineuse.

C'est un roman qui fait la part belle à la cruauté infinie du monde, la mort, les douleurs que chacun est prêt à endurer, et qui met en miroir le monde animal régi par ses pulsions instinctives et celui de l'homme, en proie aux questionnements, aux doutes et à ses désirs futiles (d'où le titre) en exerçant sa raison. Morale de l'histoire : l'un comme l'autre ne semble pas présenter d'avantage particulier...

Bon, eh bien, pour la lecture réconfortante, on repassera.

Extrait

"- Tu lui pourris la tête, me dit-elle.

- Peut-être qu'une tête pourrie fonctionne mieux qu'une tête vide, répliquai-je."

L'auteur

Bernardo Zannoni est né en 1995 à Sarzan en Italie. Il est le plus jeune auteur italien à avoir obtenu le prix Campiello, dont il est le lauréat 2022 pour Mes désirs futiles, son premier roman.