( TRESS DE LA MER ÉMERAUDE )
De Brandon Sanderson, je n'avais lu jusqu'à présent qu'un roman court, L'Âme de l'empereur, faute de me sentir d'attaque pour ses séries pavéesques. Cette lecture ayant été un véritable coup de coeur, j'étais tout de même partante pour poursuivre avec Warbreaker, un pavé certes, mais un roman indépendant avant tout, donc sans risque de me retrouver liée à vie à une série. Puis l'annonce de la parution de quatre "romans secrets" écrits par Sanderson pendant le confinement, financés via le crowfunding et donc sans contrainte éditoriale, a éveillé ma curiosité. Parmi eux, le premier, Tress de la mer Émeraude, a particulièrement attiré mon attention. Je visualisais à ce moment-là une histoire façon La petite Sirène. Autant les voyages en mer ne me parlaient pas (à l'époque 😆), autant les intrigues fantasy-istes autour de peuples de la mer avaient toutes leurs chances de me séduire, étant férue de contes revus, détournés, revisités...
Quelle ironie quand j'ai réalisé que je m'embarquais bel et bien dans une aventure en mer ! Alors certes, il ne s'agit pas d'une mer d'eau, comme la nôtre, l'intrigue se déroulant sur une autre planète et l'auteur étant particulièrement imaginatif, mais d'une mer... de spores. On pourrait m'objecter que ce n'est donc pas une vraie mer et que cette lecture n'est pas éligible au book trip en mer, MAIS il y a des navires qui y circulent, des flottes royales, des contrebandiers de la pire espèce, des pirates... On ne peut donc pas faire plus aventures maritimes.^^ En bonus, parce qu'on est tout de même dans un univers de fantasy, on y croisera un dragon redoutable, une cruelle sorcière et même... un rat qui parle. Mais on aura surtout une bonne dose d'aventures, d'épreuves terrifiantes, de rebondissements saisissants, des histoires de courage, d'amitié, de solidarité et même d'amour (oui bah, on est dans un conte^^). Rien de gnangnan, cela dit. Spoiler : j'ai adoré !
Le contexte brièvement :
Tress vit sur une petite île isolée au beau milieu de la mer Émeraude. Simple laveuse de vitres, elle partage néanmoins une belle complicité avec Charlie, le fils du duc. Bien sûr, le duc, ne voyant pas d'un bon oeil leur amour naissant, se hâte d'envoyer son fils par-delà les mers en quête de sa future épouse parmi les princesses des environs. Quand ce dernier disparaît, Tress, qui n'avait pourtant jamais quitté son île, décide courageusement de partir à sa recherche. C'est le début d'un périple au bout du monde et d'aventures extrêmement palpitantes !
Dès les premières pages, j'ai adooooré le contexte de l'intrigue et le ton de l'histoire. J'étais dans un cocon. C'est le genre de fantasy auquel j'adhère bien, un peu façon conte, comme les C.S. Lewis ou les Philip Pullman. J'ai découvert par la suite que Sanderson avait été en fait inspiré par Princess Bride. Tress de la mer Émeraude m'a paru un peu plus "jeunesse" dans l'esprit (cela dit, il l'a écrit pour sa femme en premier lieu), mais du coup, ça m'a bien dépaysée et reposé l'esprit tout en me divertissant grandement. C'était une lecture confort et rafraîchissante très appréciable après mes dernières lectures plus "mainstream".
Ce qui m'a véritablement conquise dans ce roman, c'est son univers à l'imaginaire débridé dans lequel je ne rentrerai pas dans les détails parce que ça me prendrait des lignes et des lignes, mais c'était juste ingénieux et épatant ! Et parfaitement crédible. J'ai été particulièrement soufflée par l'inventivité de Sanderson autour de ces océans de spores et tout l'imaginaire qui en découlait. À un moment, j'en étais même à me demander à quel moment l'imagination de l'auteur arrêterait de déborder. 😆
Ce qui m'a également épatée, c'est que Sanderson ne se facilite vraiment pas la tâche. Il n'arrête pas de se mettre des bâtons dans les roues, rendant les choses toujours plus compliquées pour Tress. Cette dernière se retrouve face à bien des dilemmes et l'intérêt était de voir comment elle allait les gérer. C'était vraiment là les gros suspenses. Surtout que ce sont souvent des dilemmes du type "sauver une vie mais en sacrifier une autre (ou d'autres)". Pas simple à résoudre. Aussi j'avais peine à m'en remettre quand l'auteur nous servait sa solution sur un plateau, jamais vraiment prévisible et toujours très cohérente !
J'ai adoré aussi l'humour un brin facétieux de Sanderson ici. Il pouvait partir dans de sacrés délires. J'avais un rictus d'hyène tout le long. Il y avait quelque chose de gentiment parodique qui m'a beaucoup amusée dans ce livre et l'ironie qui sous-tendait le récit était juste jubilatoire. Et pour ne rien gâcher, l'auteur a agrémenté l'intrigue de plusieurs réflexions "philosophiques" très pertinentes, parfois rendues avec humour aussi.
Bref, j'ai adoré !! Et je suis vraiment loin d'en avoir fini avec Sanderson.
Mention spéciale à Howard Lyon et ses magnifiques illustrations dont j'ai intégré ici deux exemples (en noir et blanc sur ma liseuse, hélas, mais en couleur dans le livre physique).
Extraits (que j'avais surlignés sur ma liseuse - merci aux lecteurs de Babelio pour la VF) :
"C'est là une des grandes erreurs que commettent les gens : supposer que quelqu'un qui s'acquitte d'un travail subalterne n'aime pas réfléchir. De fait, les tâches physiques s'avèrent excellentes pour l'esprit, car elles laissent le temps de s'interroger sur le monde. D'autres besognes, comme la comptabilité ou l'écriture, exigent bien peu du corps - mais siphonnent votre énergie spirituelle.
[...]
Si vous souhaitez devenir écrivain, voilà un conseil : vendez votre travail, mais pas votre esprit. Donnez-moi dix heures par jour à récurer un pont - et, oh, toutes les histoires que je pourrais imaginer...
Donnez-moi dix heures à faire des additions, et tout ce que j'imaginerai ensuite sera un lit chaud et une soirée zombifiée."
LC avec Claudialucia.
Également commenté par Audrey.
⛵ Me voilà officiellement quartier-maître, héhé ! (ainsi que Claudialucia)
Intègre aussi le Défi lecture 2024 (10/30/100) => catégorie 40 (livre dans lequel un personnage épie/espionne/surprend une conversation).
Palier "Magnifique Haïku" atteint. 💪
Merci pour le lien :)
RépondreSupprimerJe suis tellement contente de lire un avis aussi enthousiaste ayant comme toi adoré ce roman et l'univers développé par un Sanderson très inspiré et captivant !
Avec plaisir ! Ton retour de lecture était si dithyrambique et si bien argumenté que je ne pouvais que l'ajouter en lien.:) Un Sanderson très inspiré et captivant, c'est exactement ça !
SupprimerJe vais passer mon tour ;-) (mais j'ai aussi repéré un livre en mer, mais pas vraiment une mer terrestre - je verrai à la lecture s'il convient).
RépondreSupprimerAlors là, me voilà extrêmement curieuse ! Un livre en mer, mais pas vraiment une mer terrestre, et ce n'est (j'imagine) pas de la fantasy. De la SF peut-être ?^^
SupprimerJe rigolais d'avance hier en sachant que mon billet du lendemain ne gagnerait probablement pas tes faveurs vu ta réception de L'âme de l'empereur.:)
Oh! Je monte en grade ! Je suis quartier-maître ! Bon, je n'ai pas eu autant d'enthousiasme que toi mais j'ai fini par bien aimer ! Je préfère la fantasy à la manière de Ursula K le Guin, les sorciers de Terremer ou les chroniques d'Alvin le faiseur de Orson Scott Card... Mais j'ai trouvé comme toi que l'écrivain avait une imagination délirante et qu'il ne va jamais là où on l'attend, il ménage toujours des surprises. Et c'est vrai l'héroïne se pose des problèmes moraux et elle agit toujours du côté du bien.
RépondreSupprimerAh oui, je vois le genre de fantasy à laquelle tu adhères mieux. Je n'ai lu aucun de ces titres, mais j'ai lu ces auteurs côté SF. Grand coup de coeur à l'époque pour Orson Scott Card et sa trilogie Ender, il faudrait que je tente ce titre que tu cites. Sinon, je ne suis pas spécifiquement fan de fantasy, mais j'ai constaté que j'adhérais bien à la fantasy qui reprenait un peu les codes du conte de fée.:)
SupprimerOui, c'est vraiment cette imagination délirante qui me séduit chez Sanderson. Sans cette imaginaire autour des spores, ç'aurait été une intrigue un peu plus convenue. Encore que j'ai vraiment adoré les personnages aussi. Je n'ai pas pris le temps d'en parler dans mon billet, mais je me suis attachée à nombre d'entre eux. Il y avait de sacrés phénomènes qui ont contribué à me rendre cette intrigue encore plus savoureuse. Oh, et j'ai adoré le dragon.^^
Cela me fait rire que tu adores le dragon ! Mais c'est vrai que l'on est bien content qu'il nous débarrasse de la méchante capitaine !
SupprimerOui, j'ai adoré ce chapitre. Je ne m'attendais pas du tout à ce développement tellement malin de la part de Sanderson, ni à un dragon plus sage que méchant. C'était particulièrement jubilatoire.:)
SupprimerOui comme toi...les paves....et surtout plusieurs tomes...mais lala tu donnes vraiment envie
RépondreSupprimerJe sais que tu apprécies la SF, je ne suis pas sûre ce qu'il en est de la fantasy, mais celui-ci est vraiment savoureux. Pour moi (et Sanderson aussi d'ailleurs), ce roman est à la croisée des deux, avec des éléments de fantasy assez prononcés tout de même.
SupprimerJ'aime bien la fantasy...mais je prefere quand meme les space operas....je note quoi...;)
SupprimerAh oui, pas du tout de space opera ici^^, mais ça se passe quand même sur une autre planète que la nôtre.
SupprimerC'est bien aussi...cela reste une autre planete...;)
SupprimerOui, dépaysement garanti.:)
SupprimerUn grand monsieur de la Fantasy ! En parlant de série "pavés", je suis en train de me faire le cycle Drenaï de David Gemmel. J'en suis à 3 tomes sur 11 pour l'instant :)
RépondreSupprimerAaah tu apprécies donc Sanderson toi aussi ? Dans mes bras !^^ Je ne vois plus trop sur la blogo, mais je comprends mieux si tu t'es embarqué dans des séries pavéesques.^^
SupprimerInconnu, mais pas pour moi, je pense.
RépondreSupprimerJe ne me prononcerai pas.^^
SupprimerMême si ton enthousiasme est communicatif, je ne me sens pas prête pour ce genre de lecture. Je n'accroche pas trop à la Fantasy. Je ne dis pas que je c'est définitif mais ce n'est pas pour tout de suite.
RépondreSupprimerLa fantasy, c'est un peu comme la SF. Il y a toujours des romans accessibles à tous dans le lot et des sous-genres où les éléments de fantasy ou SF sont si peu marqués qu'on croit lire de la littérature blanche.^^ Je ne doute pas que tu en liras un jour, si ce n'est déjà fait, sans t'en rendre compte.;)
SupprimerEn citant Pullman, tu ne peux que me convaincre... et comme en plus, j'ai comme toi adoré L'âme de l'empereur.. je crois qu'il a une bibliographie très prolifique, parmi laquelle j'essaierai plutôt de trouver un livre en un seul tome..
RépondreSupprimerOui, il a quelques romans indépendants, dont les quatre romans secrets écrits pendant le confinement, parmi lesquels Tress de la mer Émeraude. J'ai abandonné aussi l'idée de me lancer dans ses longues séries pavéesques.:)
SupprimerMoi, j'habite sur la côte d'Emeraude ! Ca ne doit pas être loin de la mer d'Emeraude !!! Bon sinon, pas tentée, mais raison que sur mon comm précédent !
RépondreSupprimerAhaha, voilà qui aurait donc pu faire un titre de roman, "Géraldine de la côte d'Émeraude" ! Bon, ça fait moins fantasy.^^
SupprimerJe l'ai repéré chez Audrey et je constate qu'il t'a emballée autant qu'elle ! Les références à Princess Bride et Philip Pullman vont sans doute me pousser à le sortir de la PAL plus vite que prévu, surtout s'il m'aide à monter en grade dans ce book trip 😀
RépondreSupprimerAh ben là tu deviens officiellement mousse.^^ Ça se dévore en quelques jours en plus. En tout cas, si tu as apprécié Philip Pullman et Princess Bride, tu ne devrais pas être déçue du voyage.
SupprimerJe ne connais pas du tout Sanderson... à découvrir donc, d'autant que je lis très rarement ce genre(voire quasiment jamais ces dernières années).
RépondreSupprimerCe n'est pas si souvent non plus de mon côté, je suis plus SF côté imaginaire, mais j'ai des périodes où j'ai envie d'un peu de fantasy.:)
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