traduit du japonais par Miyako Slocombe
Quand je furète en librairie côté manga, je suis toujours à la recherche de celui qui sort un peu du lot. Un one-shot a déjà toutes ses chances d'attirer mon oeil. La couverture de celui-ci m'a intriguée aussi par sa représentation de jeunes filles et femmes de différents pays. Et de fait, l'autrice, Ebine Yamaji, nous emmène aux quatre coins du monde pour observer la condition de la femme dans des sociétés patriarcales, mesurant ainsi leur impact sur les jeunes filles qui prennent conscience des injonctions sociales et des discriminations dont elles sont victimes en raison de leur sexe. On passe ainsi par l'Arabie saoudite, l'Inde, le Maroc, l'Afghanistan et le Japon, pays d'origine de l'autrice. Je préfère préciser qu'il s'agit de tranches de vie et non pas d'une exploration en profondeur de tous les cas de figures dans chaque pays.
Ça m'avait paru un peu léger au premier abord, dessins et textes combinés, c'était vraiment le manga dans son plus simple appareil, et j'ai craint un peu le déjà connu autour d'injustices flagrantes (non pas qu'il ne faille pas en parler pour autant), mais dans chaque récit, l'autrice est parvenue à condenser des phrases et des images fortes en quelques pages et à véhiculer ainsi l'essentiel subtilement, sans qu'on ait l'impression que ce soit trop en surface. J'ai été vraiment très agréablement surprise par la façon dont chaque histoire a su me toucher, sans que j'aie l'impression que ce soit trop chargé ou trop léger.
Un petit peu court tout de même. Je n'aurais pas été contre quelques récits supplémentaires.:)
Ce qui m'a toujours frappée et me frappe aussi ici, tous pays confondus, c'est que ces injonctions sociales sont finalement souvent défendues, justifiées et véhiculées par des femmes, transmises de grand-mère ou/et mère en fille. Je trouve ça tordu... Heureusement, la nouvelle génération représentée ici semble plus résistante à l'endoctrinement, si je puis dire, et déterminée à poursuivre leurs rêves et prendre leur destin en main.
Catégorie indispensable !
L'autrice
Ebine Yamaji, née en 1965, est une mangaka.
Sans doute trop tôt pour qu'il soit en bibli. Et c'est vrai, les femmes elles mêmes contribuent à cela...
RépondreSupprimerOui, même quand elles en ont souvent souffert elles-mêmes. Je suppose que, malgré tout, on reproduit les schémas qu'on connaît finalement.
SupprimerJe l'ai vu passer sur la blogosphère mais je ne suis jamais tombé dessus en librairie alors que même si c'est un peu court, le sujet est intéressant et la mangaka semble avoir su tirer parti du format pour véhiculer l'essentiel.
RépondreSupprimerPeut-être qu'à l'une de tes prochaines virées en librairie tu tomberas dessus et qu'il sera dans un de tes billets "In my mailbox".^^
Supprimerah, ah, je procède à peu près comme toi quand je suis en expédition librairie. Je sort mon scanner et je vise les one-shot originaux. En ce qui concerne la transmission de l'asservissement féminin par les femmes elles-mêmes, je l'ai déjà constaté souvent.
RépondreSupprimerVu tes trouvailles souvent originales côté BD, ça ne m'étonne pas.^^
SupprimerYoupi, un one-shot! (J'en ai un peu marre des séries interminables).Et en plus sur la condition des femmes! Le tout ayant su te convaincre, je suis partante. Par ailleurs, ce n'est evidemment pas la seule explication mais le manque d'instruction des filles a sûrement contribué à ce que des générations transmettent les mêmes préjugés à leurs filles. Plus elles sont éduquées, plus elles s'émancipent, les Talibans l'ont hélas bien compris ...
RépondreSupprimerOui, c'est sûr, le manque d'instruction joue, ainsi que le manque d'ouverture au monde, d'exposition à d'autres modèles de sociétés "moins étriquées", dira-t-on. Et puis il faut pouvoir "se rebeller" contre un système et des traditions mis en place depuis des lustres. Il faut déjà une vraie prise de conscience des injustices subies. Et lutter à un niveau individuel, ce n'est pas évident.
SupprimerPour une fois que c'est un one-shot, c'est rare en ce moment dans le monde du manga ! Même si parfois on aimerait que ce soit plus développé... Ah l'esprit de conntradiction ^^. Je trouve intéressant de parler de la condition des femmes, et du fait que le conditionnement pousse les femmes à perpétuer ce qui les opprime. Il y a encore un très long chemin à faire...
RépondreSupprimerAhaha, je suis tellement d'accord avec toi pour l'esprit de contradiction. C'est vraiment ça. Il faut que ce soit court, mais on en veut plus quand même.^^ Oui, le chemin est encore très long, même dans nos sociétés. Je vois bien, par exemple, qu'il y a beaucoup de contradictions et de paradoxes dans les discours des nouvelles générations et que pour l'instant, le girl power n'est qu'une posture...
SupprimerEt bin tout un one shot....oui la fameuse transmission de mere en fille...on ne va jamais s'en sortir...helas....en tout cas tout un sacre manga...peut-etre leger mais il en parle...et deja c'est bien...;)
RépondreSupprimerOui, c'est une bonne chose qu'un manga parle de ces sujets-là, surtout au Japon où la condition féminine laisse encore fortement à désirer. Et que ce manga ait eu un prix (toujours au Japon) est une véritable avancée !
SupprimerTout comme certains Noirs qui avaient intériorisé leur prétendue infériorité face aux Blancs. Il y a aussi l'aspect : je l'ai vécu, tu vivras la même chose, une espèce de "plaisir" sadique de voir souffrir l'autre, fût-ce ta propre progéniture. C'est loin d'être la majorité, bien entendu, mais ça existe. Ces deux aspects restent important, avec également l'idée que le système est là pour durer et que tout rébellion est inutile. Sinon, comment expliquer que tant de souffrances soient ainsi perpétuées? Les mutilations corporelles, par exemple, quand on sait les douleurs à vie...???
RépondreSupprimerOui, entre autres injonctions sociales transmises de mère en fille, je pensais aux mutilations corporelles par exemple, même si ce manga n'aborde pas ce sujet. Tu as raison, il y a sûrement une part de rancoeur type "je l'ai vécu, il n'y a pas de raison qu'il en aille autrement pour toi", mais je l'entends plus comme une fatalité que du sadisme pur (sinon c'est trop horrible) : "C'est ainsi, ce sont les traditions, il n'y a pas à discuter, il faut s'y résigner." Cela dit, il y a un personnage dans ces récits, une vieille femme clairement aigrie et rabat-joie, qui semble correspondre tout à fait à ta description.:(
SupprimerJe trouve toujours intéressant de parler de la condition des femmes et le support manga permet sans doute de toucher les plus jeunes et en plus en one-shot. Bien évidemment que les femmes transmettent par l'éducation des filles les valeurs qui sont les leurs et donc ce qu'elles ont vécu parfois totalement inconsciemment d'ailleurs, par les non-dits ou au contraire par les interdits mais elles apportent aussi une ouverture donc il ne faut pas perdre espoir...Merci pour la découverte j'aime aussi cette couverture colorée et attirante
RépondreSupprimerC'est vrai que souvent, beaucoup d'idées qui desservent la cause des femmes se transmettent de façon inconsciente, même si, en parallèle, ces mêmes personnes luttent pourtant contre ces injustices sociales. Le chemin est encore long et le changement se fait de façon très progressive, mais il se fait, oui, il ne faut pas perdre espoir.:)
Supprimerah oui, "indispensable", quand même... C'est intéressant ce parcours à travers plusieurs pays. Evidemment le thème me parle.
RépondreSupprimerOui, je trouve que tout ouvrage qui pointe du doigt les injustices sociales subies par les femmes reste un indispensable, surtout si le sujet est bien traité, comme ici.:)
SupprimerLa reproduction des mêmes schémas de génération en génération me fait songer à cette planche d'humoraux (très) noir dessinée par Franquin, où l'on voyait une auditrice qui appelait une émission à la radio pour vanter les avantages d'habiter tout à côté d'une centrale nucléaire... Et après avoir raccroché, à son époux qui disait timidement "mais pourquoi avoir raconté tout ça", elle rétorquait sauvagement: "parce qu'il n'y a pas de raison qu'on soit les seuls à être emm...!" (et il fallait voir le reste de la vignette...).
RépondreSupprimerSi les "jeunes générations" sont enfin disposées à "briser le cycle vicieux", tant mieux! En espérant qu'elles en auront la possibilité: comment les y aider - si nécessaire?
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Je pense que toute nouvelle génération a toujours contribué à "briser le cycle vicieux" et à s'émanciper des traditions toujours un peu plus, sinon on en serait encore tous aux us et coutumes de l'âge de pierre^^, mais le chemin est long et tout cela prend du temps. On a l'impression, dans nos sociétés, que les choses s'accélèrent, et les esprits sont certainement plus ouverts, mais dans les faits, les injustices sociales à l'encontre des femmes sont toujours bien d'actualité. Cela dit, on a clairement plus de libertés qu'il y a un siècle, voire 50 ans et a priori, ça devrait continuer dans ce sens, progressivement. Mais il ne faut pas oublier non plus que rien n'est jamais acquis...
SupprimerIl est dans ma prochaine commande pour le CDI, hâte de m'y plonger !
RépondreSupprimerTrès curieuse de ton avis quand tu l'auras lu !
SupprimerDéjà vieux, peu lecteur de BD actuelles (je suis de la génération "Dupuis", Lucky Luke et Buck Danny leurs débuts), et pas vraiment concerné par les problèmes des femmes dans un monde patriarcal (c'est le problème de tous direz-vous, à juste titre), il me semble que les cases présentées dans le billet sont très pertinentes. Que ce soient les mères qui dictent ces propos est éloquent de la manière dont elle ont intégré leur infériorité. Ou alors, pas question que vous, jeunes, vous ne souffriez pas ce que j'ai vécu, sorte de plaisir sadique évoqué par un commentaire plus haut.
RépondreSupprimerOui, il y a aussi peut-être une forme de protection en éduquant ses enfants ainsi, même quand on est conscient des injustices que cela représente. On préfère les voir rentrer dans le moule pour leur assurer un avenir sans trop de problèmes ou leur éviter des conséquences pénibles s'ils déviaient du chemin établi. Bref, pas évident tout ça.:)
SupprimerLes manga comme les BD, je ne supporte pas quelque soit le thème, pourquoi ? mais j'aime beaucoup la couverture
RépondreSupprimerAh oui, ne pas supporter, c'est fort tout de même.:) Bon, tu aimes la couverture, c'est déjà ça.^^
SupprimerCela parle aussi de la France ?
RépondreSupprimerNon, uniquement des pays que j'ai cités, mais il y aura peut-être un deuxième volet avec d'autres pays, dont la France ?:)
Supprimerah j'ai cru ne pas pouvoir commenter ! je le note, j'espère qu'il arrivera aussi à la BM et pareil je regarde toujours les one-shot car j'ai du mal avec les séries (manhwa et manga)
SupprimerBon, après, le souci, c'est que je me retrouve avec pas mal de one-shot non lus dans ma bibliothèque.😆 À ce rythme, autant continuer à lire les longues séries.^^
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