( CHÂTIMENT )
Ahaha ! J'adore quand je m'illusionne avec des déclarations très assertives telles "il va sans dire que je lirai d'autres romans de cet auteur", en parlant ici de Percival Everett dont j'ai découvert avec grand plaisir et moult éclats de rire Effacement il y a - touss touss - treize ans, et vers qui je n'étais pas revenue depuis ! Alors merci à Je lis, je blogue de m'avoir donné envie de lire son dernier roman paru, ce qui m'a permis de tenir (enfin) ma promesse.😆
De Percival Everett, j'avais gardé le souvenir d'un auteur plein de dérision et d'ironie mordante, avec un côté givré assez inattendu, dont le traitement pertinent de sujets autour du racisme ne donne pas moins à réfléchir.
Pas de déception ici. J'ai retrouvé avec plaisir la plume incisive de l'auteur. Dès le deuxième chapitre, j'ai commencé à franchement me bidonner tellement les personnages dépeints étaient impayables à travers les dialogues, les réparties et les mises en situation. On se retrouve à Money, une bourgade paumée dans le Mississippi, aux côtés de rednecks plus risibles (et racistes) les uns que les autres, que l'auteur égratigne férocement. Je visualisais des scènes du film "3 Billboards, les panneaux de la vengeance", surtout avec la police de Money, une véritable équipe de bras cassés malgré tout attachante !
Autre point très positif : les chapitres sont courts (tout ce que j'aime !), pas de temps mort, ça enchaîne. On est très vite embarqués dans l'intrigue qui se déploie à un rythme effréné, tenus en haleine par un sacré mystère associé aux meurtres qui secouent la petite ville de Money.
Des hommes blancs sont en effet retrouvés atrocement mutilés, mais ce qui est incompréhensible, c'est que sur chaque scène de crime, on retrouve un second cadavre (toujours le même !!) qui ressemble à s'y méprendre à Emmett Till, ce (tristement) fameux adolescent noir lynché dans la même ville en 1955. Un duo d'enquêteurs noirs du MBI (Mississippi Bureau of Investigation), dont l'auteur n'hésite pas à se moquer gentiment là aussi, est dépêché sur les lieux au grand dam de la police locale, et là, les scènes cocasses et absurdes continuent de se multiplier. À ce stade, je ricanais de plus en plus sauvagement, ça en était presque inquiétant. 😅
Enfin, c'est drôle, mais pas que ! Car encore une fois, Percival Everett se sert de l'humour pour traiter cette fois-ci la tragédie du racisme qui s'est traduit durant des décennies en Amérique par le lynchage de milliers de personnes dont les noms ont été oubliés, quand elles n'étaient pas tout bonnement anonymes. Cette comédie noire leur rend hommage en imaginant les suites de l'affaire Emmett Till dans l'Amérique de Trump (qui en prend pour son grade ici, et c'est juste jubilatoire).
Par la suite, l'histoire prend une tournure assez déroutante, rocambolesque et horrifique à la fois (mais on continue de ricaner sauvagement). Des critiques évoquent un mélange de Tarantino et des frères Coen, mâtiné de fantastique et d'horreur. Ce qui est sûr, c'est qu'on se demande ce qu'on lit, mais on ne s'ennuie pas une seconde. 😆
Il y a pas mal de zones d'ombre et l'histoire m'a un peu laissée sur ma faim sur certains aspects, mais le grand final n'en demeure pas moins puissant et saisissant d'un point de vue symbolique.
Un auteur que j'ai rencontré à un festival America mais toujours pas lu. Je sens que c'est une lacune à réparer.
RépondreSupprimerFranchement, oui !:)
SupprimerRavie de t'avoir rendu service ! Et aussi de voir à quel point tu t'es régalée. J'adore ce type d'humour déjanté. On oublie pas pour autant la gravité du sujet.
RépondreSupprimerHonnêtement, je ne pensais pas que je retrouverais ce type d'humour ici aussi vu le sujet annoncé. Quel plaisir d'être détrompée ! :)
SupprimerMais oui, pourquoi on n'en lit pas un chaque année, histoire de maintenir la flamme? Effacement, oui, lu, et aussi désert américain, un grand truc aussi. Se motiver. Je ne pense pas que c'est avec toi que je l'avais vu et entendu au festival america, je ne retrouve plus l'année... Un grand moment aussi (rires). 2012! Il y avait aussi sa femme Danzy Senna
RépondreSupprimerMais oui ! On pourrait faire ça ! Lire un de ses romans chaque année. Il en a écrit assez pour qu'on en ait pour un moment par contre.:) Je l'avais vu au festival America aussi mais pareil, j'ai un doute sur l'année, et il ne me semble pas qu'on était ensemble, en effet. Je me souviens qu'il dégageait un certain charisme et qu'il était très cool, très à l'aise.
SupprimerAh ah, je connais bien ce problème de l'auteur auquel on prévoit de revenir illico presto et qui attend des années. J'ai déjà noté ce roman repéré chez Jelisjeblogue mais je le surligne! On verra dans combien de temps je le lis au final !
RépondreSupprimerAhaha, si c'est comme moi, rendez-vous en... 2038 !!! 😱😅
SupprimerJe l'ai lu aussi, au mois de décembre dernier, mais dans une période où j'ai omis de commenter mes lectures ! Il l'aurait mérité, toutefois, c'est sûr, j'ai beaucoup aimé aussi le mélange d'humour féroce, de dénonciation de crimes racistes et d'action !
RépondreSupprimerUn excellent équilibre des trois, en effet ! Dommage pour l'absence de billet, mais tu sembles en avoir gardé un souvenir vif.
SupprimerJe ne me souviens de lui que "Montée aux Enfers", polar très bien fait mais pas spécialement drôle. Tes arbres me font envie
RépondreSupprimerAh oui ? Je suis curieuse de le lire dans une veine moins drôle, surtout si c'est réussi. Noté aussi de mon côté.:)
SupprimerEh bien je vois que ce roman ne laisse pas indifférent, loin de là ! Ce que tu en dis avec le mélange de satire et d'horreur donne envie de s'intéresser à cet auteur.
RépondreSupprimerIl vaut largement le détour. Je le recommande chaudement. J'ai une petite préférence pour Effacement, mais celui-ci est très bon aussi.
SupprimerOooohhh tout un auteur a connaitre...il essaye de faire passer la pilule quoi...;)
RépondreSupprimerOh oui, je le recommande vivement. N'hésite pas si tu as l'occasion de le lire.
Supprimer"Effacement" en 2011 mais aussi "Blessé" en 2016 et sans doute bientôt aussi celui-ci. J'adore cet humour !
RépondreSupprimerOn est nombreuses à apprécier son humour visiblement.:)
SupprimerJe crois que j'ai lu tous ses titres parus en France, sauf Glyphe (j'ai essayé, mais il est très abscons) et celui-ci, dont j'attends la sortie en poche, Keisha m'a appris que c'était pour bientôt... bref, je suis fan, j'adore son humour et son intelligence !
RépondreSupprimerBienvenue au club ! Enfin, c'est plutôt moi qui le rejoins, vu que tu as une longueur d'avance dans la lecture de ses livres.^^
SupprimerJ'ai lu Désert américain, Blessés et Effacement. Tous beaucoup aimés. Et comme toi je m'étais jurée de ne pas en rester là... c'était donc il y a...12 ans! Depuis, je l'avais complètement oublié et tu me le remets en mémoire! Merci!! Je note bien entendu celui-ci qui a l'air tout aussi excellent!
RépondreSupprimerJe me note les titres mentionnés ici pour mes futures lectures. Il en a écrit tant que c'est aussi pour ça que j'ai tardé à revenir vers lui. Beaucoup d'hésitation sur le titre suivant à lire.:) Puis le temps a passé... J'ai l'impression aussi qu'il y a eu une époque où il était davantage "médiatisé" ou que les blogueurs le lisaient beaucoup. Ça doit bien faire une dizaine d'années que je ne l'ai pas vraiment recroisé sur les réseaux sociaux, ce qui expliquerait aussi nos 12-13 ans à l'avoir un peu oublié.
SupprimerOui, il était plus lu sur les blogs à l'époque (!) que maintenant, je te rejoins sur cette impression. C'est d'ailleurs la réflexion que je me suis faite en lisant ton billet.
SupprimerOn le revoit un peu sur les réseaux sociaux ces derniers temps. Le fait que Châtiment ait été finaliste du Booker Prize en 2022 a dû aider, sans parler du thème du livre et de son traitement.
SupprimerJe ne connais pas l'auteur, mais d'après ce que tu en dis, je pense que je n'aimerais pas son style.
RépondreSupprimerC'est possible que ce soit un peu trop déjanté pour toi en effet.:)
SupprimerUn auteur que je ne connais pas encore mais dont j'avais noté (quand ?) "Désert américain" peut-être à sa sortie, qui sait, le temps passe si vite. Comme toi c'est souvent que je me dis c'est un auteur à suivre et puis je l'oublie...nos lectures ne nous mènent pas toujours où nous voulions aller c'est un peu l'aventure mais j'aime aussi me laisser embarquer vers d'autres horizons...Merci pour ton enthousiasme
RépondreSupprimerJe pense que je suis comme toi, j'aime aussi me laisser porter au hasard de mes découvertes et élargir mes horizons de lecture. D'ailleurs, je lis assez rarement plusieurs fois un même auteur finalement.^^ En tout cas, jamais la même année, ça c'est sûr.
SupprimerJ'aime beaucoup ce genre de narration incisive, drôle et survolté qui n'en n'oublie pas d'aborder des choses sérieuses. Merci pour ton avis.
RépondreSupprimerAvec plaisir. C'est très bien résumé.:)
SupprimerJe me disais bien que j'avais lu Percival Everett et je suis allée faire un petit tour dans mon blog. Mais oui en 2012, j'ai lu Désert américain et j'avais aimé cette satire mordante de la société américaine. Un roman pas banal ! Et oui, moi aussi, il y a treize ans !
RépondreSupprimerAh oui, toi aussi tu fais partie du club des lectrices de Percival Everett d'il y a 12-13 ans, haha ! Je surligne Désert américain. Il a déjà été mentionné plusieurs fois ici.
SupprimerJamais lu cet auteur, une lacune à réparer manifestement !
RépondreSupprimerJe le recommande vivement en tout cas.:)
SupprimerMais je suis encore une fois obligée de noter !! est-ce normale que les livres de ma liste à lire soient plus nombreux qu'il ne reste de jours dans l'année ?
RépondreSupprimerAhaha oui, quand on est de gros lecteurs et qu'on fréquente les blogs.;)
Supprimerj'ai déjà une TBR qui déborde mais oui il a fait le buzz en 2024 et continue du coup il est dans mon radar. Mais j'avais lu des billets (américains) plus mitigés ces derniers temps, toi tu as eu l'air de bien t'amuser. J'avais beaucoup aimé le film "3 Billboards, les panneaux de la vengeance", et j'ai vécu au Tennessee, pas loin de la ville où le KKK est né.. du coup, j'espère aimer (mais je pense plus le lire en 2026-2027) car je dois absolument faire baisser cette PAL
RépondreSupprimerDisons qu'il n'est pas très tendre avec son pays, le sujet qu'il traite est assez touchy et tout le monde en prend un peu pour son grade ici, donc ça ne plaira sans doute pas à tout le monde. Et dans la deuxième partie, ça vire un peu vers le grand n'importe quoi^^, mais je me suis en effet bien amusée. J'ai mis 13 ans à revenir vers cet auteur, je ne t'en voudrai pas de reculer sa lecture à 2026-2027.;) Très curieuse de ton avis en tout cas.
SupprimerJamais lu Percival Everett, je ne sais pas ce que j'attends !
RépondreSupprimerIl est toujours temps.;)
SupprimerJe n'ai pas entendu parler de lui mais visiblement il faut combler cette lacune !
RépondreSupprimerJe le recommande absolument !:)
SupprimerJe ne suis pas certaine de vous suivre sur ce coup là ! Je n'ai lu que Pas Sydney Poitier de cet auteur et je voyais bien que j'étais censée ricaner de plaisir, mais en fait, j'ai eu juste du mal à me retrouver dans la tonalité cocasse et dans le rocambolesque ...
RépondreSupprimerAh la sauce Everett ne prend pas avec toi alors^^, ou ce n'était pas son meilleur titre pour le découvrir. Je ne l'ai pas lu celui-là, mais je me note de m'en méfier tout de même, on ne sait jamais.;) J'ai l'impression en tout cas que j'ai vécu la même chose que toi, mais avec L'île du point Némo que je viens de finir assez laborieusement.
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