LOS DÍAS DEL ARCOÍRIS
( LES JOURS DE L'ARC-EN-CIEL )
traduit de l'espagnol (Chili) par Alice Seelow
Pas de suspense, j'ai trouvé juste formidable ce récit qui choisit de s'attarder sur une période phare de l'histoire du Chili, celle qui l'a délivré de Pinochet, avec le "référendum du non" en 1988.
Un récit qui sonnerait presque comme un conte, bien que les faits, romancés et légèrement réinventés ici, soient historiquement réels.
Il y a la situation en elle-même qui veut ça, ces 15 minutes de campagne télévisée offertes aux opposants au gouvernement Pinochet après 15 ans d'oppression, un plébiscite démocratique en pleine dictature, l'opportunité est trop belle pour y croire, et du coup, inquiétante.
L'auteur développe formidablement bien le contexte politique de l'époque, l'espoir que représentent ces 15 minutes pour un peuple tellement résigné que sauver le Chili de la dictature leur paraît vain, le danger aussi que cela impliquerait d'accepter de dire non, la frilosité des uns, la peur des autres, et le fait qu'historiquement, le non l'ait emporté. Rien que ça, c'est digne d'un conte merveilleux !
Il y a la situation en elle-même qui veut ça, ces 15 minutes de campagne télévisée offertes aux opposants au gouvernement Pinochet après 15 ans d'oppression, un plébiscite démocratique en pleine dictature, l'opportunité est trop belle pour y croire, et du coup, inquiétante.
L'auteur développe formidablement bien le contexte politique de l'époque, l'espoir que représentent ces 15 minutes pour un peuple tellement résigné que sauver le Chili de la dictature leur paraît vain, le danger aussi que cela impliquerait d'accepter de dire non, la frilosité des uns, la peur des autres, et le fait qu'historiquement, le non l'ait emporté. Rien que ça, c'est digne d'un conte merveilleux !
"Ce n'était pas de la peur, mais simplement l'absence de toute forme d'espérance dans leur vie quotidienne. [...] C'est cela. Ils étaient indifférents. Leur propre vie ne les concernait plus."
Et puis il y a le talent de l'auteur, Antonio Skármeta, qui élève cet épisode décisif de l'Histoire chilienne au rang de mythe, de légende, tout en la rendant accessible, à travers des personnages simples, dont un professeur de philosophie, un professeur d'anglais, un publicitaire au chômage, des adolescents, des personnages tellement ordinaires, proches de nous, que la précarité de leur existence, leur peur au quotidien, leur résignation, leur courage aussi, ne peuvent que nous parler.
Et tout le délire autour de cette campagne qui ressemblait à mission impossible, tellement jubilatoire ! J'ai adoré l'idée de La Valse du Non sur l'air du "Beau Danube Bleu" de Strauss. Sans parler de l'ingénieuse idée de l'arc-en-ciel pour cette campagne du non !
J'ai aimé la légèreté de la plume de l'auteur, le souffle moderne de son style, il y a comme un air enchanteur tout le long.
C'est un récit dans le genre "La vie est belle", dont les thématiques sont dures, violentes, sombres et dramatiques à la base, mais qui respire un vent de folie, de légèreté, de gaieté, d'espoir, de courage, qui élève l'âme, et qui fait du bien. On est par moment au bord du rire en y basculant même quand on est confronté à l'absurde de situation. L'auteur manie avec habileté, tension, délires et légèreté, de sorte qu'on ressort de ce récit étrangement de bonne humeur malgré tout le contexte et l'histoire en arrière-plan qui prêterait plutôt à frémir.
"-Monsieur le Sénateur, j'ai trouvé la traduction chilienne du mot japonais hara-kiri : c'est oui !"
"Le professeur Parades m'a appris une technique oratoire.
[...] Evite les prologues et les lieux communs. Si tu dis : Je serai bref, tu rallonges inutilement ton texte. Un discours est fait de phrases et de silences. Ces silences [...] sont éloquents. Parfois il faut dire des mots rien que pour faire entendre le silence qui les suit. Il y a plusieurs façons de se taire. [...] Il y a des façons de dire en se taisant. Parfois, la seule façon de dire est de taire ce qui aurait dû être dit et que nous savons tous."
La 4è de couv' indique que "No", le film de Pablo Larrain sorti en mars 2013, est tiré de ce roman. Plus précisément, il est adapté d'une pièce inédite de l'auteur, sur la thématique de laquelle il a écrit ce roman.
J'ai raté le film, quelle erreur ! En visionnant cet extrait qui inclut des airs de La Valse du Non à la fin, je sais que j'aurais adoré !
Pfffrt ! Quelqu'un peut m'alerter s'il passe à la TV un jour ? ^^
À lire également l'avis enthousiaste de Violette qui m'a donné envie de découvrir ce livre !
L'auteur
Antonio Skármeta est né en 1940 au Chili. A la suite du putsch du Général Pinochet en 1973, il s'exile aux Etats-Unis, puis en Allemagne, où il a exercé en tant qu'ambassadeur du Chili. Scénariste pour le cinéma et la télévision, il a enseigné à l'Institut du cinéma de Berlin et a également publié des nouvelles et des romans, dont La Noce du poète (Grasset, Prix Médicis étranger 2001), La fille au trombone (Grasset, 2004), Le ballet de la victoire (Grasset, 2006), traduits dans plus de vignt langues. En 2006, il reçoit le prestigieux Prix Flaiano pour l'ensemble de son œuvre puis, en 2011, le prix Planeta-Casa de América. Son ouvrage le plus connu reste Une ardente patience, adapté au cinéma sous le titre Il postino.
Ce titre là n'est pas à la bibli... Bon, j'espère que tu le verras, ton film!
RépondreSupprimerOuiiiiiiiiiiiiiiii !! Je viens de voir que la semaine prochaine, c'était la semaine des Incontournables UGC, du coup ils repassent, entres autres, ce film !!!!!! Alors là je ne le raterai pas !!!
SupprimerM'a l'air très bien tout ça... reste plus qu'à mettre la main dessus et à trouver le temps de le lire.
RépondreSupprimerUn petit 250 pages à peine, mais bon, quand on a une PAL, aussi tentant que ce soit, c'est toujours 250 pages à caser, j'en sais quelque chose.^^
Supprimerça a l'air intéressant, et le titre est sympa.
RépondreSupprimerC'est trèèèèèèès intéressant.^^ Et j'aime particulièrement le titre en espagnol (exactement le même qu'en français certes, mais en espagnol, ça sonne encore plus enchanteur, je trouve).
SupprimerOn ne peut que le trouver intéressant ce livre. Pour l'histoire et pour l'écriture. Bon compte pas trop sur moi pour t'alerter je suis du genre à voir l'info une fois que le film est passé. Mais promis si je le sais avant je t'alerte.
RépondreSupprimerBen écoute, j'ai un de ces pots ! Je viens de voir qu'il repassait ce lundi à l'UGC des Halles dans le cadre de la semaine des incontournables UGC. Du coup, cette fois, je ne le raterai pas !^^
SupprimerJe ne connaissais pas cette histoire du "non" et suis bien intéressée d'en savoir plus. Je note !
RépondreSupprimerJe crois que ça te plairait, oui !
Supprimeroh je suis contente que tu l'aies apprécié aussi! N'est-il pas formidable!???!
RépondreSupprimerOoh que oui ! Jubilatoire même ! Maintenant il faut que je ressorte Une ardente patience de ma vieille PAL !!
SupprimerJ'avais eu très envie de voir le film (et pas que pour l'acteur, promis) et puis trop de boulot, je l'ai loupé au cinéma. Et l'UGC, ça va faire un peu loin pour moi ;-) Je ne savais pas que c'était tiré d'un livre, du coup je pourrais me rabattre sur le roman, surtout après ton billet tentateur. Curieuse quand même de connaitre ton avis sur le film... Bon cinoch!
RépondreSupprimerÇa y est ! Je l'ai vu ! Bon moi j'avoue que j'étais un peu noyée dans le regard de l'acteur hihihi ! Et puis je me suis régalée de la VO ! L'espagnol est une langue qui m'enchante ! Cela dit, j'ai tout de même préféré le roman qui est plus léger, plus frais et parfois délirant. L'atmosphère du film est plus tendu, plus politique, plus sombre, plus factuel. Même sujet, mêmes grandes lignes, mais pas grand chose en commun sinon. Enfin, il y avait quand même la Valse du Non à la fin, et rien que pour ça, ça valait le déplacement.^^
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