CULOTTÉES - 2 TOMES

CULOTTÉES - TOMES 1 ET 2

Enfin j'ai lu ces albums qui ont eu beaucoup de succès auprès des lectrices, et pour cause, l'auteure, Pénélope Bagieu, dresse les portraits de femmes (dont je ne connaissais quasi aucune - trois ou quatre à peine) au destin hors du commun.

Enfin, portraits... Esquisses plutôt, vu la rapidité avec laquelle chaque mini-biographie était vite expédiée au début. Parenthèses même. Je ne voyais pas trop la valeur ajoutée. C'était très factuel, linéaire, un peu façon encyclopédie qui résume la vie des gens en trois phrases, mais ici, le petit plus, c'est que c'est illustré. Avec un semblant d'humour et de ton léger qui se veut drôle, mutin, frivole assumé, comme si on s'adressait à des enfants et qui, à mon sens, amoindrissait un peu la portée du sujet et l'histoire de chaque femme. Ça m'a rappelé l'album sur les inégalités entre hommes et femmes de Soledad Bravi. Pourquoi systématiquement ce ton sur ce type de sujet d'ailleurs ? 

Jusqu'au premier tiers du tome 1, j'étais donc quelque peu perplexe. Je craignais que ça soit ça tout le long et je trouvais ça un peu creux. Bon, en même temps, me disais-je alors, il faut lire ces albums pour ce que c'est. Pas des reportages poussés mais une simple évocation de ces femmes, un hommage en quelques pages. L'essentiel est leur mise en lumière, comme à un défilé, et tant pis pour l'effet catalogue sans plus vraiment.

Ces albums auront tout de même le mérite d'exister, me disais-je toujours alors, car tant qu'à faire la liste des femmes dans le monde, dans des époques et domaines très très variés (et ça c'est particulièrement intéressant), dont l'histoire mérite qu'on se souvienne d'elles et qui peuvent être une inspiration aussi, autant le faire en rendant le tout le plus sympathique et agréable à lire possible, avec quelques illustrations et un peu d'humour, je suppose. Et pour ceux qui en veulent plus, du plus solide, sérieux ou dramatique, il est toujours possible de se documenter davantage sur chacune d'elles sur le net ou par le biais d'autres ouvrages plus spécialisés.

Bon, ça c'était pour les premiers portraits. Après, ça se densifie tout de même et j'ai trouvé que ça devenait franchement plus intéressant. J'ai même apprécié de plus en plus les petites touches d'humour. Peut-être parce que j'ai véritablement été plus sensible aux actions de ces femmes, que leur destin m'a davantage fascinée. Des femmes nées dans des époques, pays, contextes sociaux qui les réduisaient d'office au statut de moins que rien, et qui ne pouvaient espérer avoir une quelconque ambition. Peut-être parce qu'on leur consacrait aussi des pages un peu plus dignes de ce nom, plus consistantes.

Ce qui m'a frappée, c'est ce qui a souvent réveillé ces femmes : le sentiment d'injustice mais surtout (car pour l'injustice, beaucoup se résignaient) l'ennui, l'envie et le besoin d'être utiles à la société, de faire quelque chose de leur vie, pas pour elles-mêmes mais pour la société, pour une cause. Pour cela, il faut être un poil rebelle dans l'âme, refuser les compromis, ne pas se résigner. C'est ça leur force, cette détermination inébranlable malgré les critiques, l'isolement, les moqueries.
Bien sûr, on ne peut s'empêcher aujourd'hui d'être scandalisé et d'halluciner des mentalités et moeurs de ces époques ou pays maintenant que davantage de libertés et de droits nous sont acquis. Nous avons bien de la chance aujourd'hui, même si tout n'est pas gagné encore.

Qui m'aura marquée ? Dans le tome 1, Agnodice, la gynécologue d'Athènes, Leymah Gbowee, la travailleuse sociale du Libéria, du fait du contexte particulièrement tendu du pays - un vrai modèle de combativité et de détermination - Giorgina Reid, la gardienne de phare (une histoire vraiment émouvante), et bien d'autres encore, en particulier dans le tome 2.

Un diptyque qui a mal commencé pour moi mais que j'ai davantage apprécié au fur et à mesure de ma lecture, et qui m'a même complètement convaincue au tome 2. Il y aurait un tome 3 que je le lirais bien volontiers du coup.